Bon, achete (la semaine derniere) et lu (le soir meme de l'achat), mais je n'avais pas le temps jusqu'ici de laisser un avis un tant soit peu digne de cette excellent album.
Tout d'abord mon avis non spoile :
Tres bonne lecture, qui vient trouver sa place comme espere dans mon rayon indispensables, entre le photographe et Zoo (au niveau couv), et a cote de Maus, de la ou vont nos peres et du sursis.
Donc merci a Alcante et Fanny pour cette oeuvre
Une BD prenante. L'originalite ne reside pas dans l'idee fondamentale de depart, mais est bien presente dans les details de cette meme idee. Sa mise en oeuvre est traitee avec finesse et une grande sensibilite.
Le dessin sert a merveille le scenario. J'ai pris autant de plaisir a me laisser mener par l'histoire (1ere lecture) qu'a m'attarder sur les cases et les planches (2eme lecture).
Maintenant, les infos qui devoilent des elements cles :
[spoiler]Comme c'etait precedemment dit dans le forum, on s'attend a la fin, sans jamais la souhaiter. Ca n'est pas une critique, tant c'est cette fin qui fait toute la beaute de l'histoire, et qui fait ressortir l'emotion accumulee au fil des pages.
Ce qui m'a surpris, ce n'est pas tant la petite pointe de tristesse que j'ai ressenti au moment du coup de fil annoncant la mauvaise nouvelle ou devant le lit d'hopital. C'est surtout une sorte de frustation. C'est bref, inattendu, trop simple, trop bete. Affreusement banal, frustant, et brutal. Comme ca peut l'etre dans la vie reelle.
Plus que de la tristresse, c'est donc la frustration que j'ai ressenti qui m'a le plus surpris et touche. Je m'attendais a cette issue. Mais meme si c'est annonce des le depart (crise cardiaque), on sent que le "heros" n'y etait pas prepare. Moi non plus d'ailleurs.
On pourrait croire que ca rapproche du sentiment provoque par la fin du sursis de Gibrat, mais c'est tout de meme different. La ou le sursis provoque souvent un premier sentiment d'incomprehension, puis la surprise, ensuite la frustration et la nostalgie, la, ca a ete la frustration en premier... la nostalgie ensuite. Et pas de surprise. La simple et banale ineluctabilite de la vie, en quelque sorte.
Alcante, si tu passes par la, pourras tu me dire si c'est un sentiment que tu as cherche a declencher, ou que tu avais en tete lorsque tu as ecrit ce passage de l'album?
Une petite critique (pour en mettre une) : J'ai trouve l'evolution des sentiments de Xavier un poil (mais un poil seulement) saccadee. Le passage du rejet a l'affection ne m'a pas semble totalement naturelle. C'est bien amene, graduel a beaucoup de moments, mais pour je ne sais quelle raison, il y a un tout petit quelque chose qui me manque. Un element fort de transition qu'il n'y avait pas, ou que je n'ai peut etre pas su voir. Quand je me rememore l'album, je revois en priorite Xavier qui se prend la tete avec sa compagne car il ne s'occupe pas de son fils, et le moment ou il explique a son client le pourquoi de son retard. Ce sont 2 scenes chargees en emotion, et elles representent parfaitemenr le rejet, et l'acceptation (de la filiation comme de la maladie).
Ce n'est qu'en second lieu que reviennent les passages que je qualifie de transitoires (notamment le moment ou il croise son collegue sans lui dire qu'il est son fils). Ils sont tout autant charges en emotion, mais etant donne que ca me semble etre un etat emotionnel cle car justement temporaire et incontournable, j'aurais apprecie qu'il soient encore plus forts. ou plus nombreux.
Cela dit, c'est surement un des elements les plus difficiles a mettre en scene. Et si j'ai ce sentiment lorsque je me rememore brievement l'album, il disparait rapidement lorsque je m'attache un peu plus a m'en rappeler les details.
Enfin, la fin-fin (dans le spa), permet de finir sur une note positive, et permet de remplacer ce sentiment de frustration que j'avais eu par une touche plus sereine, plus apaisee... un point que j'ai bien apprecie. Le fait que ces "quelques jours ensemble" valent plus que la peine d'etre vecus (pour Xavier), et lus (pour nous).[/spoiler]
A noter que je ne l'ai lu jusqu'a present qu'en me positionnant du cote du pere (c'est ce qui m'est venu naturellement, de par la narration centree sur lui)... je vais voir ce week end ce que ca peut donner si on essaie de se mettre a la place du fils...
«Un financier, ça n'a jamais de remords. Même pas de regrets. Tout simplement la pétoche.» - Michel Audiard