de meuillot » 23/06/2015 13:56
Je commence par mon impression sur la couverture : je n'ai pas du tout accroché sur celle-ci. A fortiori quand on a fini de lire ce one shot bien prenant. Elle ne véhicule pas le message que donne Alcante dans le contenu de cette histoire. Et puis, cette fâcheuse manie qu'a la collection Aire-Libre chez Dupuis d'intégrer en (si) gros caractères les noms des auteurs au détriment du titre, je trouve ça un peu agressif...
Pas de spoil donc si je précise que le gamin visible sur la couv est atteint de la progéria, (maladie qui accélère de façon fulgurante l'effet de vieillissement pour donner une courte espérance de vie...). Deuxième fois, en BD, que je rencontre ce type de personnage. K. Otomo dans Akira, avait utilisé cette pathologie en la concomitant à une grande sagesse pour ses 3 gamins télépathes.
Associé au titre, on se doute que cette histoire ne va pas donner dans la joie et la légèreté. Mais les auteurs se démarquent sur ce genre dans le sens où on ne tombe avec facilité dans le pathos.
Car le récit ne tourne pas principalement autour de cet enfant au destin fatal. Alcante s’intéressant plus particulièrement à son père, dont la vie est parfaitement sous son contrôle, jusqu'à l'arrivée (tardive) de son fils...
On va ainsi suivre l'évolution de ce trentenaire qu'est Xavier dont le seul intérêt se résume à deux mots : lui-même. Tout lui réussit, il ne rencontre pas d'obstacles infranchissables, et n'est pas ce qu'on pourrait appeler un sentimental.
Et puis arrive ce coup de fil, le ramenant une décennie en arrière. S'en suivront plusieurs chocs violents à encaisser.
Reste à savoir de quelle façon il fera face aux perturbations auxquelles il sera confronté. Une chose est certaine, la baffe qu'il se prend est sans nul doute celle-ci : il s'aperçoit que tout ce qui était réglé, bien formaté n'en était pas moins superficiel.
Alors bien sur c'est émouvant, puisque on suit parallèlement le quotidien de ce petit bonhomme qui a 13 ans et dont la vie va être inéluctablement écourtée. C'est émouvant car il y a aussi la maman (au second plan, ne faisant que le "lien" entre le père et le fiston), dont la santé est également fragilisée. Mais c'est surtout émouvant parce qu'on donne à un homme l'opportunité de se faire violence pour qu'il constate qu'il a beaucoup à donner.
Reste à savoir si on a la faculté de s'adapter à de telles situations et en profiter pour s'enrichir émotionnellement où bien si tout cela n'est qu'une parenthèse et qu'on peut très vite retourner dans ce confort qu'on s'est initialement crée ?
C'est un bon album illustré avec douceur et légèreté par F. Montgermont. Je regrette juste que les changements comportementaux de Xavier n'aient pas été plus développés.