J'étais dubitatif à l'idée d'attaquer "Portugal" à l'époque de sa sortie, peut-être par crainte d'affronter une partie de mon histoire personnelle. En tout cas, c'est le sujet du livre, le personnage Simon Muchat, assailli par ses doutes, n'étant plus que l'ombre de lui-même, partant affronter l'histoire de sa famille, perdue dans les âges et les non-dits, pour au finale tenter de mieux se connaitre, ou du moins chercher une forme de sérénité.
Je ne reviendrai pas sur l'histoire, mais je repense à certains passages. Par exemple lors de son contact avec la langue puis les gens, on imagine une d'une espèce de fierté apparaître, dont on ne sait pas si elle est bien placée finalement. Simon Muchat prend assez heureusement les choses simplement. La réalité est que ça reste un sujet toujours compliqué, l'attachement pour un pays dans lequel nous sommes étrangers. Sans parler du double regard, celui d'ici et de là-bas.
Un point dans lequel je me suis reconnu, c'est dans les ruptures générationnelles qui peuvent se vivre dans la violence et/ou l'incompréhension dans les familles de migrants. Ça m'a également renvoyé à certains documentaires de José Vieira, "La Photo Déchirée" et "O Salto" parlent très bien de ce point.
Il y a peut-être 10 ou 15 ans, j'en aurais peut-être attendu un effet libérateur, la prise de parole d'un fils d'une grande migration "silencieuse" (dont l'image a été orchestrée en France, voir
l'article de l’historien Victor Pereira à ce propos). Maintenant, la question ... mmm... "identitaire" ne me semble plus si nécessaire.
Sinon, un petit bémol sur les passages en portugais pas exempts de coquilles, ça m'a piqué les yeux le long de la lecture.