stephane_ a écrit:Un éditeur accompagne des auteurs, mise sur eux en espérant rentabiliser son investissement.
Il y a donc un risque financier, justifié par "l'oeil" d'un directeur éditorial. De la pertinence de son choix, de sa propension à le défendre : et le titre marchera ou pas.
Nombre de jeunes auteurs arrivent donc dans la profession par ce biais, en étant défendu et soutenu par leurs éditeurs respectifs.
Bien entendu, le succès n'est pas toujours au rendez vous mais les succès des uns financent les échecs des autres.
Ensuite, c'est aussi aux libraires de prolonger (ou non) la démarche de l'éditeur.
Dans les cas qui nous occupent, les libraires ne sont déjà plus de la partie mais laissons de côté cet aspect "sabordage de la chaîne du livre" (la plupart d'entre vous est déjà convaincue de l'utilité de cette chaîne pour la santé de la production éditoriale)
Ce qui me fait dire que c'est de l'édition au rabais (j'entends les arguments sur la qualité de la fabrication elle même), c'est que ces éditeurs n'ont jamais fait émerger un seul talent, ils volent simplement au secours du succès, sûrs de rentabiliser leur investissement (de par leurs fameux test pour Hachette).
Voilà, éditeur, c'est un métier de gens qui savent évaluer un livre (ils peuvent aussi se planter !) et qui prennent des risques, et qui défendent l'émergence de talents, et occupent une place prépondérante dans la chaîne du livre.
Ceux qui ne font pas ça ne font, à mes yeux, que du parasitisme éditorial.
Voilà une vision très idéaliste du métier d'éditeur. Mais dans les faits tout n'est pas aussi simple que cela. Par exemple, c'est l'éditeur historique (Dupuis, Dargaud, etc.) qui inclut dans son contrat d'édition le droit de replacer les histoires publiées sous d'autres formes. Le contrat comprend donc l'édition sous forme d'album courant, mais également sous forme d'album de luxe, tirage de tête, recueil, compilation, intégrale, le replacement presse, les éditions de type France Loisirs, Hachette, etc., ainsi que les éditions étrangères (toutes langues, tous formats), sans oublier le numérique !
Ce contrat est soumis à l'auteur ou à ses ayants-droit. Celui-ci ou ceux-ci signent donc un contrat en connaissance de cause. Libre à eux de refuser tel ou tel type d'édition. Dans le cas présent (Blueberry chez Hachette), je n'imagine pas un seul instant que Dargaud ait lancé cette collection sans avoir signé au préalable un contrat avec les ayants-droit de Giraud et Charlier. Cette collection est d'ailleurs en préparation depuis un an (cfr. intervention de bullesdetroy le 8 novembre 2012). Le dessin "litigieux" est d'ailleurs déjà présent à ce moment-là.
Ce type d'édition également ne concerne que les séries connues et bien en place. Il s'agit donc d'une source de revenus (droits d'auteur) supplémentaire pour l'auteur ou ses ayants-droit qui ont donné leur accord pour cette publication.
Alors pour ou contre les éditeurs type France Loisirs ou Hachette ? Je crois que ces éditeurs visent un autre public que les lecteurs/collectionneurs que nous sommes. Ces produits sont faits pour toucher une plus grande masse même si évidemment les collectionneurs acharnés qui ont besoin de toutes les éditions d'une même série vont se ruer dessus.
On peut fort bien comparer cela au monde de la restauration : certains aiment (très) bien manger, manger sain, manger bio, etc., d'autres vont se contenter d'une alimentation quelconque, voire même des chaînes de restauration rapide. Je ne parle pas ici de ceux qui mangent des paquets de frites, c'est un autre débat.
fd