Cabarezalonzo a écrit:Je n'ai pas la prétention d'être cucultivé, mais ce n'est pas une condition sine qua non pour apprécier les polars de Malet (à la différence de ses poèmes surréalistes), même si j'ai dû passer forcément à côté de quelques subtilités car l'auteur lui, était cultivé.Alexander a écrit:Il y a souvent dans les adaptations Barral ou Moynot (et même Tardi finalement), une avalanche d’informations sur les toutes dernières pages de l’album.
Je m’adresse ici aux ceusses qui sont cucultivés et qui zont lus plusieurs Malet dans le texte et sans images, est-ce que c’est-y pareil ? Ou bien est-ce que c’est un défaut récurrent des adaptations, le mec devant boucler l’album et se disant merde-j’en-suis-que-là et se retrouvant acculé à la précipitation ?
J'ai donc lu cette série et même ses premiers polars faussement américains sous pseudo (Frank Harding, Omer Refreger) quand j'étais un vieil ado puis un jeune adulte ; ça fait donc un bail, puisque ça remonte à quelques décennies. Et je crois me souvenir que le père Malet (un seul "L" dans le blaze, Tapir dont les intrigues étaient parfois alambiquées, ne dérogeait pas à cette vieille règle des auteurs qui s'efforcent de maintenir leur lecteur à flot lorsque l'intrigue repose sur une énigme à résoudre. Ce qui n'est pas utile pour conduire un roman d'action pure devient hélas nécessaire dès lors qu'il s'agit de progresser pas à pas dans une enquête. Pour cela, l'auteur ou son personnage de détective professionnel ou amateur (le narrateur chez Malet) se livre à quelques réflexions récapitulatives en cours d'enquête pour faire le point (en fait pour ne pas perdre totalement le lecteur qui a pu boire la tasse et risquer la noyade) et à une explication finale souvent assez longue lors du dénouement.
Mais dans les romans (illustrés ou non), ce genre de tirade passe souvent mieux que dans les BD puisque le regard ne se livre pas à un perpétuel va-et-vient entre texte et image. On a tous en tête ce type d'explications à la fin des épisodes de Félix où les dernières vignettes se résument à la tête du héros et surtout à d'immenses phylactères destinés à éclairer la lanterne du lecteur. On a le sentiment de glisser progressivement d'une BD classique vers une nouvelle illustrée.
Tardi, Barral et Moynot, même en simplifiant l'intrigue dans la mesure de leurs moyens, ne peuvent éviter ces lourdeurs qui font inhérentes au genre. Tardi — comme Forest qu'il avait d'ailleurs illustré — n'a jamais été rebuté par le texte ; il est fasciné par les mots et c'est ce qui me plaît chez lui, au même titre que son graphisme si particulier. S'il a fait quelques émules, tant mieux.
Merci pour ce bon développement! Sinon, oui tu as raison, et je suis désolé, car je fais systématiquement cette faute quand j'écris le nom de Malet!