Je partage l'avis de Cdmdu sur ce premier tome.
Encore que l'histoire qui ne se prend pas au sérieux, je ne suis pas sûr. J'ai bien senti, notamment dans la façon de parler de Ernst, un humour présent (et bien plus amusant à mon sens que les ficelles énormes d'Arleston dans les forêts d'Opale par exemple) toutefois, je ne sais pas encore si cette histoire ne se dirigera pas vers qq chose de plus ambitieux, et c'est d'ailleurs la question qui me reste à la fin de la lecture. Pas mal de pistes sont disséminées, de ce point de vue, ce tome introductif remplit son rôle.
Deux critiques toutefois.
La première qui n'en est pas vraiment une est le regret que j'ai sur certains détails. Autant je trouve cet album bien pensé et recélant pas mal de bonnes idées, qui ne sautent pas forcément aux yeux mais qui me laissent penser que le scénariste a fait un travail réfléchi jusque dans les détails (intelligence dans la présentation des Missi dominici qui évite le poncif dont parlait Cdmdu au sujet de la société secrète, expansion du christianisme qui génère des conflits ou encore le lieu même de l'histoire avec les peuplades qu'il recèle). Autant d'autres points semblent peu cohérents. un exemple :
Lorsque Ernst donne toute sa bourse à la jeune veuve. On comprend qu'il s'agit de montrer au lecteur la bonté qui l'anime malgré son côté ours mal léché. Mais montrer le héros donner toute sa bourse comme cela, je trouve ça facile. Ce n'est qu'un détail je suis d'accord, peut-être que je pinaille pour rien mais je trouve que ça fait très "regardez comme il est gentil le monsieur". Le public visé n'est pas constitué par des gamins de 8 ans. C'est facile de donner tout son argent à qq'un dans le besoin si on en affronte pas les conséquences car quelques cases plus loin, on voit Ernst dans une chambre d'auberge avec une jeune donzelle qu'on imagine prostituée (toujours dans la construction du personnage, Thierry Gloris veut nous montrer la dualité de ce personnage charismatique il faut le reconnaître). Sympa la vie quand on n'a pas un rond ! Bref, montrer le héros donner quelques pièces à la jeune femme ne m'aurait pas choqué et aurait produit sur moi une bien meilleure impression que ce que j'en ai là. Ou alors, il aurait fallu montrer nos deux héros dormant dans le froid à la belle étoile, là ils auraient payé leur acte de générosité et là j'aurais trouvé ça génial. Bon ceux qui n'ont pas lu l'album se demanderont ce que je fais de mes journées, j'espère que les autres me comprendront.
La seconde est l'absence, pour le moment, cela peut changer par la suite, d'éléments originaux. Prendre Riga comme lieu de l'action change enfin des éternels vertes plaines d'Europe, hélas les autres ficèles de l'héroic fantasy sont toutes là : un évêque qu'on devine fourbe rien qu'en le voyant, des cavaliers de l'apocalypse à la psychologie basique à souhait, un couple de gentils avec un secret chacun expliquant leurs capacités hors du commun. Pourquoi ne pas innover un peu ? Un méchant avec des remords ou des doutes ? Un gentil qui n'en serait pas un genre un vrai salaud mais qu'on garde parce qu'il fait du bon boulot ?
Bon je suis un peu dur car on sait finalement peu de choses sur l'univers crée par M. Gloris et j'espère qu'il saura m'étonner par la suite.
Questions dessins, ils sont superbes. J'aime beaucoup les détails de la ville de Riga. J'imagine que le dessinateur a dû faire qq recherches sur l'artisanat de l'époque. La bateau qui fait arriver les héros au début, les épées, les vêtements me paraissent tout à fait adaptés à la période. Je ne suis pas expert et je peux me tromper mais j'ai trouvé que ces dessins donnaient une cohérence géniale à l'histoire. Encore une fois, je suis heureux de ne pas me retrouver avec un énième clone de Lanfeust ou de la Geste des Chevaliers dragons où les protagonistes ne semblent lier par aucune règle physique (vu la gueule des épées que les gars arrivent à manier) ou historique (d'accord c'est de l'heroic fantasy mais quand même garder un minimum de cohérence dans les accoutrements ou les armures crédibilise vachement un récit). J'ai retrouvé une part de l'effet que j'ai ressenti en lisant Servitude (qui est le summum pour moi) sur ce point.
Le rendu graphique avec la mise en couleur m'a paru du plus bel effet et j'en redemande, même si l'effet DBZ était effectivement un peu tape à l'oeil et jurait avec le reste.
Une bonne surprise au final. Pas exempte de reproche, mais ceux-ci sont plutôt des détails. La suite de l'histoire nous dira si cette série se dirige vers les must du genre ou si elles restera dans la catégorie sympa à lire puis on oublie. Bref Thierry, tout repose sur toi, car en ce qui me concerne, Benoit a rempli sa part du contrat