J’ai choisi l’édition Zabounga pour pouvoir profiter pleinement du dessin ;
Et c’est vrai que les dessins sont superbes.
François Boucq a débuté dans la caricature, les caractères des personnages transparaissent sur leurs visages, malgré la multitude de personnages, ils sont tous reconnaissables ;
Loin de tous ces dessinateurs dont tous les personnages ont les mêmes traits, différenciés uniquement par une couleur de cheveux par-ci, la couleur des yeux par-là,…
C’est ce qui, entre autre, me fait apprécier son dessin reconnaissable parmi tous.
La Sortie d’une BD de F. Boucq est toujours un évènement.
Et là encore il m’étonne, une BD dure, non seulement à cause de la violence qu’elle peut contenir dans certaines scènes, c’est plus subtile que ça … on s’identifie rapidement au personnage de Pavel/Paul. Généralement je lis les BD avec une certaine distance, je suis extérieur à l’action, mais ça n’a pas été le cas avec celle-ci.
Et c’est là que Boucq est diabolique, alors que la caricature lui permet décrire la personnalité de ses personnages, le Visage de Pavel/Paul est relativement neutre ce qui a mon avis facilite l’identification au personnage et donc de d’avantage ressentir les souffrances qu’il a vécues.
Il y a tellement de choses à dire sur cette BD …
L’onirisme tout d’abord : Il fait partie de l’univers de Boucq, le mélange rêve réalité, la petite fille qui rêve le premier tatouage qu’a réalisé Pavel introduit cette part de rêve que l’on retrouve encore à la fin. Pavel, qui ne semble par surpris qu'on lui offre la main de son père...
L’émotion aussi : Lorsque l’on découvre les tatouages sur le corps de Paul/Pavel à l’hôpital …
Ces tatouages résument non seulement sa vie mais ce qu’il est devenu ; au lieu de la souffrance, du désir de vengeance que l’on aurait pu s’attendre à trouver, tout y est beau un instant d'émotion, bien loin des tatouages réalisés sur les criminels ; La représentation de son père et de sa main dans le prolongement de son bras à lui (Son père est celui qui lui a donné le Don de dessiner), et surtout celle de sa mère sur son épaule gauche, sa mère source de son inspiration (Réf au décès de la mère de l’auteur ?).
La construction : Les Flashbacks sont amenés intelligemment et ne pèsent pas sur la compréhension de l’histoire, le tatouage de tigre qu’il réalise sur son amis au camp et que l’on retrouve sur l’un des criminels tués par la petite fille à la Fin …
J'ai aimé les analogies avec "La femme du magicien" et "Bouche du diable", ce qui donne une unité à l’œuvre de Boucq.
Tout dans cette BD Est Construit, Pensé, Rien n’est laissé au hasard …
J’ai dû passer à côté de pas mal d’autres choses…
Comme pour tout récit onirique, il faut pouvoir rentrer dedans pour l’apprécier…
Le travail de recherche sur la signification des tatouages de la mafia russe qui répond à des codes bien définis ; j’ai trouvé ce lien très intéressant :
http://ultimate-fighters.over-blog.com/ ... 92843.htmlPour toutes ces raisons j’ai adoré cette BD.
Et je ne peux que la conseiller, pour moi incontournable ;
et le tirage luxe « Zabounga « est superbe.