Peut-être parce que l'enverguuuure de Spirou n'était pas aussi capitale qu'aujourd'hui.
A l'époque, Spirou, c'était surtout une série à maintenir pour garder le lien avec le passé et avec les lecteurs. C'était le symbole de la permanence d'une certaine BD "à suivre" dans un magazine.
Je crois que c'est depuis Tome & Janry que la série a pris un tour plus "artistique" (à défaut d'autre mot qui exprimerait ma pensée).
Au début, et pendant 50 ans, Spirou était le personnage du magazine, à qui on faisait vivre en parallèle des aventures, parce que bon, on va pas juste le foutre en cul-de-lampe entre deux rédactionnels !
Avec Tome & Janry, on est plus entrés dans une phase de réflexion sur le personnage, ce qu'il est, ce qu'il représente etc...
Pendant longtemps, il fallait une planche de Spirou par semaine, et depuis le début des années 90, on se retrouvait avec une aventure par an (46 planches) et puis voilà.
Et à partir du Rayon Noir, le rythme s'est espacé, Spirou est devenu plus désiré dans les pages de son magazine parce que Tome & Janry se donnaient le temps de faire leurs histoires. Je me souviens avoir lu une interview de Tome en ... 1996 je crois, où il expliquait que Dupuis avait "compris qu'il valait mieux avoir une bonne histoire de temps en temps plutôt qu'une histoire correcte mais sans plus tous les ans". Cela, sans compter le Petit Spirou.
Et alors entre Luna Fatale et MQR, ça s'est bien fait sentir. Par la suite, encore plus. Spirou, par son absence, a acquis une aura presque mystique (mythique), qu'il n'avait pas avant l'arrivée de T&J. On admirait plus le travail de Franquin sur le personnage, l'arrivée du Marsupi... (dont il ne faut même plus prononcer le nom en entier dans un topic Spirou, sinon on prend des risques !
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) et de Gaston... On y voit plus les préoccupations de Franquin que le personnage en tant que tel.
Avec Fournier, on est plus retombé dans le côté "série à suivre" que tu décris. Ca casse pas trois pattes à un canard (même si pour ma part, j'adore ce qu'il a fait), et ça correspond plus à quelque chose de "désincarné". Spirou, à cette époque, aurait pu tomber dans une logique de studio, pour "produire" des planches toutes les semaines, comme ce qui arrive aujourd'hui pour d'autres personnages mythiques (dont je taierai le nom, mais vous voyez de qui je parle

).
Aujourd'hui, Spirou ne peut plus être un simple personnage qui remplit ses pages, comme pour Mickey par exemple.