Blackfrag a écrit:Plus forcément assez fan de la BD anthropomorphes depuis quelques années et pas sur que ce que je lis aujourd'hui je le lirai dans 10 ans donc ça sera sans moi mais cela dit, le projet est aussi titanesque que prometteur pour les affectionados du genre et je souhaite en tout cas une belle décennie de lecture à ceux qui se lancerons dans cette aventure et une belle réussite aux auteurs également, ce projet en vaut la peine .
Impossible que tu craques en feuilletant ?
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
David C a écrit:Tout le monde n'étant pas sur Facebook, je partage ici ma petite propagande... LES 5 TERRES - S01 - E01 - Il y a trois ans, mon horizon scénaristique se libérait quelque peu pour les mois et les années à venir. Comme beaucoup de scénaristes, j'avais alors sous la main un vivier de projets plus ou moins avancés, plus ou moins anciens, plus ou moins motivants... Parmi eux, celui qui me travaillait le plus était cette envie d'une série longue, qui tente de s'approcher, en terme de densité narrative, de celles de ces séries télés qui nous abreuvent toutes et tous, et moi le premier, depuis pas mal d'années maintenant. Ce foisonnement d'intrigues, ce bouquet de destins croisés, cette galaxie de personnages que le temps passé à leur côté nous rend si familiers qu'on en conçoit pour eux une affection presque anormale... Cette envie se doublait de l'idée de faire une série médiévale animalière (anthropomorphe). J'imaginais des tigres en armures, des ours armés jusqu'aux dents, des lapins... Ouais, non, pas des lapins. Très vite, j'ai compris que la tâche était bien trop ample pour mes frêles épaules et j'ai contacté Andoryss Mel. Je la savais très sensible à ce genre d'univers et surtout, je me doutais qu'elle avait, elle, les épaules pour créer un monde ex-nihilo. Après une longue discussion, elle se mettait au travail et revenait avec un document word de plus de 30 pages écrites bien serré. Une encyclopédie. Une bible. Un monde. C'était deux fois, cent fois, mille fois plus et mieux que ce que j'attendais... Et dont je n'aurais pas été capable d'écrire la moitié du quart. Les 5 Terres étaient nées. (to be continued, comme ils disent...).
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Ca donne vraiment envie, merci pour ce partage !
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
LES 5 TERRES - S01 - E02 - L'univers des 5 Terres est planté, l'objectif défini : 30 tomes, répartis en cinq cycles de 6 albums. Si j'étais persuadé d'être incapable d'affronter seul la création d'un monde tout entier, je l'étais tout autant d'être capable d'écrire un récit-chorale de manière convaincante. J'avais très peur de créer des personnages qui se ressembleraient tous et/ou qui parleraient de la même façon etc. Andoryss Mel était déjà sur le pont, mais je sentais qu'il fallait une troisième personne. Et surtout, une personne extérieure à la bande dessinée. Qui arrive sur la série sans ce formatage qui finit toutes et tous par nous atteindre, à force d'écrire pour un seul medium et dans des formats semblables. Qui soit capable de nous secouer et de proposer des choses auxquelles ni Andoryss ni moi ne penserions. Et pour nous secouer, ça, il nous a secoué, Ozwalt Jo, et pas qu'un peu. Dès les premiers rendez-vous, nous nous sommes rentrés joyeusement dedans les uns les autres. J'ai quelques enregistrements audio d'affrontements pas piqués des vers... Je crois bien que passé l'étonnement de nous voir nous engueuler, je me suis très vite dit que si on se prenait la tête à ce point pour défendre une scène, un personnage, un trait psychologique, une réaction, c'est que nous étions biens partis. Une chose est sûre, pour le meilleur ou pour le pire, Lewelyn, cette entité tricéphale qui signera le scénario des albums, était née.
Je demeure toujours sceptique sur l'écriture à plusieurs mains. Dans l’ensemble je reste persuadé que les Tolkien, les Conan Doyle et autres Jules Verne ont élaboré des œuvres majuscules justement parce qu’ils étaient seuls maîtres à bord.
Dans le cas ici, il faudrait voir concrètement qui fait quoi. Peur que l’on finisse par se perdre devant tous ces scénaristes ?
Dernière édition par Dunyre le 10/09/2019 19:16, édité 1 fois.
"Mais la plus belle des victoires, mon fils, est de faire battre le coeur de ton peuple. Je te confie cela, car lorsque ma vie s'achèvera, Toi, tu seras roi. »
Toutes les réponses même. David Chauvel est très transparent sur son envie et la démarche. Perso, j'étais un peu réticent mais entre les visuels et cette interview, je saute le pas demain, direct.
J'ai enfin pris le temps de lire l'interview. J'aime beaucoup ce passage, qui donne à réfléchir :
La culture franco-belge est celle de l’artiste auteur unique. Il est la perfection, le modèle préféré des medias, vers lequel tout le monde doit tendre. Travailler avec un scénariste et un coloriste, c’est déjà descendre le podium d’une marche. Et scinder encore plus le travail entre le boardeur, l’encreur, etc. c’est les dégringoler toutes. C’est une industrialisation de la création, la mort de l’art, le déshonneur… Et la raison pour laquelle une équipe comme celle que nous avons montée est un modèle guère reproductible, dans l’environnement actuel.
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
Dunyre a écrit:Je demeure toujours sceptique sur l'écriture à plusieurs mains. Dans le cas ici, il faudrait voir concrètement qui fait quoi. Peur que l’on finisse par se perdre devant tous ces scénaristes ?
Je l'ai expliqué dans l'interview. On se réunit tous les trois pendant plusieurs jours jusqu'à avoir un fil précis du scénario de chaque album, scène par scène. Ensuite, ces scènes sont répartis entre Patrick et Mélanie qui écrivent un premier jet dialogué (excepté celles d'un personnage, que j'écris dans mon coin). Et c'est moi qui repasse sur le tout en ajoutant le découpage technique et en refaisant une passe d'unification, si je puis dire, sur les dialogues. C'est donc une écriture à une seule entité, où à la fin, tout est "mixé". Et pas des morceaux écrits par X ou par Y. Bon, après, n'est pas Jules Verne ou Conan Doyle qui veut, hein. On n'a jamais eu cette prétention...
Karzak a écrit:J'ai enfin pris le temps de lire l'interview. J'aime beaucoup ce passage, qui donne à réfléchir :
La culture franco-belge est celle de l’artiste auteur unique. Il est la perfection, le modèle préféré des medias, vers lequel tout le monde doit tendre. Travailler avec un scénariste et un coloriste, c’est déjà descendre le podium d’une marche. Et scinder encore plus le travail entre le boardeur, l’encreur, etc. c’est les dégringoler toutes. C’est une industrialisation de la création, la mort de l’art, le déshonneur… Et la raison pour laquelle une équipe comme celle que nous avons montée est un modèle guère reproductible, dans l’environnement actuel.
Ah ah... Je pense et j'espère que tout le monde a compris que je décrivais la manière dont les choses sont vues par le microcosme. Personnellement, j'ai bien entendu un avis bien différent. J'estime que le travail d'équipe est aussi honorable que celui de "l'auteur complet", pourvu que la motivation et l'envie sincères soient là. Mais c'est un avis peu répandu en France, où le panthéon, que ce soit celui de la bande dessinée ou de toute autre forme artistique, ne souffre rien d'autre que l'auteur unique, le génie solitaire.
Au passage, une petite question M. Chauvel : Vous dites dans l'interview qu'il s'agissait de votre première expérience de co-scénario. J'ai de suite repensé à Alexandre - L'épopée (au passage, bien triste que ça se soit arrêté au t1) où le scénario est co-crédité. L'expérience était différente ?
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
Je me suis mal exprimé, je voulais dire que c'était ma première expérience à trois (je vous vois venir, les esprits mal placés ! ) et mon premier co-scénario avec Andoryss et Patrick. J'ai déjà fait un peu de co-scénario, sur Alexandre, en effet, sur "22" ou sur "7 pistoleros". Des expériences d'ailleurs bien utiles pour connaître un peu mieux les pièges de l'exercice. Le principal étant pour moi que les scénaristes qui écrivent à deux le font parce qu'ils s'apprécient, du coup, ils ne veulent pas se fâcher ni se contrarier mutuellement, et font preuve d'une diplomatie qui peut nuire au résultat. Vu les engueulades qu'on a eu pour écrire les 5 Terres, je peux garantir que voilà au moins un piège dans lequel on n'est pas tombés...
On peut parler chiffres ? Sur un tel projet, Delcourt vous a mis des seuils ? J'entends par là des objectifs chiffrés en dessous desquels les ventes du T1 serait jugé catastrophique ? Et peut on avoir une idée de la mise en place ?
PHILIG a écrit:le tandem magique étant reconstitué j'en serai.
Un peu de mal à comprendre sachant qu'ils ont fait par la suite Arthur (9 tomes), un épisode de la série concept 7 qui a engendré Wollodrïn (10 tomes). Alors pourquoi "reconstitué" ? Ils ont toujours bossé ensemble après Nuit noire (plus des trucs chacun de leur côté évidemment.
]LES 5 TERRES - S01 - E03 - Le casting scénaristique étant "réglé", l'étape suivante était de trouver un dessinateur capable de mettre en œuvre l'architecture graphique du projet. Après avoir vainement éclusé le net, je déposais ici-même une annonce de recherche pour une personne capable d'assurer le design d'une série-fleuve animalière à venir... Plusieurs d'entre vous (et un grand merci au passage) ont répondu à l'appel, mais finalement, le chemin le plus court m'a ramené à Didier Poli, avec qui j'avais déjà travaillé sur la série "Le Bourreau", mais que je ne pensais pas disponible pour un projet d'une telle ampleur. Disponible, il l'était, motivé, encore plus, et indispensable il devint très vite. Dès notre premier rendez-vous, il nous posait les indispensables questions concernant l'approche globale de nos personnages : réalistes ? Semi-réalistes/cartoons ? Corps humain ? Corps hybrides ? Il nous expliquait aussi les difficultés et les limites du genre, en nous lisant notamment les animaux qui ne rentreraient jamais dans le bestiaire de la série. Autant de décisions indispensables, que non seulement nous n'avions pas prises, mais auxquelles nous n'avions même pas pensé. Didier, qui rêvait depuis longtemps de travailler sur un projet animalier, était définitivement le dessinateur de la situation... [attachment=0]Line UP_Persos 5T.jpg[/attachment
Nirm a écrit:On peut parler chiffres ? Sur un tel projet, Delcourt vous a mis des seuils ? J'entends par là des objectifs chiffrés en dessous desquels les ventes du T1 serait jugé catastrophique ? Et peut on avoir une idée de la mise en place ?
On peut. Je crois que le tirage dépasse les 25 000 exemplaires (ce qui est beaucoup et m'empêche donc bien de dormir). Je n'ai pas encore les chiffres de mise en place. Quant à l'éditeur, il ne nous a rien donné comme seuil puisque l'éditeur... C'est moi. Plus sérieusement, on sait que la rentrée est chargée et qu'un récit-chorale, ça prend un peu de temps à s'installer... Le tome 2 est terminé, il sortira début Janvier. On est sur le tome 3 qui sortira mi-avril... Je pense qu'on ne fera donc un vrai point qu'avant l'été. Si des questions se posent. Si tout va bien, on se contentera de continuer en comptant nos sous...
on se contentera de continuer en comptant nos sous
les lecteurs aussi
Faut provisionner d'avance 46,5€ /an (3x15,5€) !
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."