Ça tombe bien qu'on ait le droit d'en dégager cinq, parce qu'initialement je me disais qu'il me serait impossible de départager les LL du sommet. Graphiquement, àmha, l'apogée se situe à la fin de la période Spirou jusqu'à la période TIntin.
Mes cinq favoris seront ex-aequo. Et concernant les cinq suivants, un peu malchanceux dans mon jugement, ça s'est joué à un dérisoire et ridicule poil de croupion. Le podium était à quelques centimètres...
J'aime beaucoup les Rivaux, mais graphiquement je ne peux ignorer que Morris n'a pas encore atteint toutes ses potentialités (et Dieu sait s'il est déjà très bon sur ce titre), même s'il est déjà en train de s'élancer pour dominer un sprint interminable d'environ treize années (L'état de grâce d'Uderzo sur Astérix démarre à peu près à la même époque, mais il s'étale sur une simple décennie (du Combat des chefs jusqu'à Astérix en Corse. Uderzo atteint toutefois un autre summum de virtuosité graphique, dans le genre réaliste, avec Tanguy et Laverdure, de 1963 à 1965, ce qui lui vaut tout de même deux apogées dans sa carrière. A ce jour, il demeure le seul à avoir récolté la médaille d'or dans deux disciplines.
).
Morris atteint dès 1963 (voire un tout petit peu avant) des sommets qu'il ne quittera plus, avec La Ville fantôme (ou La caravane, 1962) jusqu'à L'empereur Smith (1976).
C'est donc assez logiquement que les Rivaux, qui n'appartient pas à cette formidable période créatrice, ne figure pas dans mon top 5 malgré le plaisir de lecture qu'offre ce titre. Mais Goscinny, s'il concocte pour les Rivaux une histoire plaisante et drôle, a fait mieux ou tout aussi bien, avant comme après cet album.
Mon top 5 s'établit donc comme suit :
(la même note de 20/20 s'applique à chacun des cinq albums)
- La Ville fantôme (Spirou, 1963)
- Tortillas pour les Dalton (Spirou, 1966)
- La Diligence (Spirou, 1967)
- Le Pied-tendre (Spirou, 1967-68)
- Dalton City (Pilote, 1968)
On y trouve les trois derniers titres parus dans Spirou et le premier dans Pilote (1967-1968).
Derrière, éliminés à un poil pubien près, la liste est assez longue avec des notes oscillant entre 18 et 19/20 :
- Ma Dalton, Le 20e de cavalerie, Les Dalton se rachètent, Billy the Kid, Les Rivaux de PG, L'héritage de RTP, La guérison des Dalton, L'empereur Smith (1976 dans le "nouveau Tintin").
Et avec ceux auxquels je décernerais volontiers 17/20, c'est encore de bonnes heures de lecture : La caravane, Calamity Jane, Des barbelés sur la prairie, Chasseur de primes, En remontant le Mississipi, Ruée sur l'Oklahoma.
Il reste encore une belle brochette d'albums valant un bon 14 ou un 15/20 : Le Grand Duc, Jesse James, Les Dalton dans le blizzard, Les collines noires, Sur la piste des Dalton, Le juge. Si on n'a rien de mieux sous la main, on est assuré de passer un bon moment en leur compagnie, sans se prendre la tête puisque le tandem Morris-Goscinny nous prend par la main pour une promenade dans leur far-west parodique.
Pour les autres (tous écrits par Goscinny), on ne tombe pas en dessous de 12 ou de 13/20. La poésie qui se dégage de n'importe quel titre et quelques trouvailles graphiques suffisent à en faire de bons albums.
Morris, dans sa meilleure période, jouait dans la cour des grands avec Franquin, Hergé (surtout chef d'orchestre) et Uderzo déjà cité. Tous les autres se situaient en deçà. Mais, aucun de ces quatre virtuoses n'avait de véritable rival.