...Ça y est.
Après bien des années, je crois que je sais, maintenant, ce qui me gêne, le plus souvent, à lire Larcenet, tant sur le mode léger (plus ou moins) dans
Le combat ordinaire ou
Retour à la terre, que sur le mode bien plus douloureux s'agissant de
Blast ou, plus récemment, du
Rapport de Brodeck. Et c'est
exactement ce que j'éprouve à lire Philippe Claudel lui-même (et j'en ai lu plusieurs) : c'est ce ton
dolent, mélange de l'ananké grecque (fatalité, dit-on plus facilement aujourd'hui) et de masochisme chez ses narrateurs.
Je n'ai
rien contre le masochisme (après tout, ce qui me fait kiffer perso en laisse d'autres indifférents -- et inversement) mais, quand je conjugue ce ressenti qui est le mien et ce que Larcenet a donné à voir de lui-même (sa façon de péter les plombs en sabordant ses blogs, etc., autrement dit sa personnalité bipolaire -- qui était manifeste pour ceux qui savent de quoi il s'agit bien avant que Larcenet lui-même n'en fasse, disons, « l'aveu »), je mets, je crois, le doigt sur ce qui me perturbe chez cet auteur.
Bien sûr je ne prétends pas avoir « tout décodé » Larcenet dans ses fonctionnements -- et j'ai un respect
total pour l'auteur, aussi bien graphiquement(s) (j'y mets un s car comme vous savez il en maîtrise plusieurs) que dans ses récits, et j'ai souvent volontiers rigolé à le lire, soit seul soit au service de Ferri, mais il se trouve que cette fois je crois bien avoir identifié ce qui me
perturbe quand je lis Larcenet...
Une fois ceci posé, reste à déterminer ce qu'on attend (et/ou supporte) de la part d'un créateur. Là encore je suppose que chacun, chaque lecteur, dispose de sa propre grille, de sa faculté idiosyncrasique d'en encaisser le discours.
En d'autres termes, je ne connais pas beaucoup d'autres auteurs dont la production me touche -- aïe ! -- comme celle(s) de Larcenet.
Et pour paraphraser un
songwriter qui m'est cher, je n'hésite pas, quoi qu'il doive m'en coûter en tant que lecteur, à formuler ce vœu à lui adressé : « Long May You Publish. »