c'est marrant, on disait exactement la même chose de l'argot en 1914. "c'est fade, sans imagination" etc etc...
Dans 50 ans le verlan sera acclamé, et c'est pas Audiard qui l'a inventé
"j'me suis croûté", "j'me suis viandé", "j'me suis gavé", "j't'ai crampé", c'est des expressions qu'on a intégré donc ça paraît sans imagination mais le phrasé d'aujourd'hui est aussi imagé que celui d'autrefois sinon plus
Bon sinon concernant ce premier numéro de Tardi je reste sur mes positions. Sincèrement, y'a-t-il de véritable différences avec c'était la guerre des tranchées? à part que ça se passe en 1914, j'en vois aucune.
Le jour où Tardi mettra en scène un toulousain fils de médecin qui parle un français relativement correct dans ses histoires de guerre, là je dirai qu'il a essayé de se renouveler.
Parce que jusqu'à maintenant on a eu le droit qu'à des ouvriers parisiens anti-militaristes, anti-bourgeois et pratiquant exclusivement la langue verte... ça en devient lassant. Mais bon apparament je suis le seul que ça gêne, donc bon
Je rejoins zemartinus dans son analyse.
Il ne faut pas oublier qu'en 1914, la population était majoritairement originaire du monde rural (petite paysannerie ou main d'oeuvre agricole) et s'exprimait dans des patois locaux variés. L'ouvrier parisien parlant l'argot était très minoritaire (en plus, les ouvriers venaient majoritairement du nord et de la Lorraine). Allez, j'ose le dire : Paris n'est pas représentatif du pays !
La guerre de 1914, ainsi que les écoles de la III° République, ont été le creuset de la diffusion de la langue française dans la population. Il ne faut donc pas tout mélanger.
Et puis, les idéos de mai 68, chers à Tardi, n'avaient pas encore cours à l'époque. Attention donc aux anachronismes culturels ! Les jeunes Français d'aout 1914 étaient fiers d'aller à la guerre (même les ouvriers syndiqués), comme le soulignent VERNEY et beaucoup d'historiens. On ne peut donc pas toujours baser les récits portant sur cette époque à travers les yeux de rebelles anti-sociaux.
Pour en revenir à la BD, quel talent, quel plaisir visuel, quel choc pictural ! J'ai adoré. Ce type est un virtuose du dessin. :priere:
De mon point de vue (et je le partage), Tardi est un réel artiste qui n'a pas d'équivalent dans la représentation du début du siècle, mais qui souffre d'une vision stéréotypée de cette époque dont il a du mal à sortir.
Il serait donc intéressant, et innovant de la part de Tardi, de nous proposer un point de vue peut être plus conforme à la réalité de l'époque, mais sans entrer dans quelque chose de consensuel. Bref oser !