Ca fait un petit moment que je ressens un désintérêt progressif pour la bande dessinée, ou en tout cas pour son actualité. Je suis toujours passionné, mais mon rapport à la BD a changé. Avant, je voulais tout voir et tout connaître, enfin le plus possible. Toujours à l'affût d'une bonne découverte, peur de louper un truc vraiment bien. Maintenant, je fonctionne comme pour les romans : je veux simplement pouvoir trouver quelque chose de bien à lire quand j'en ai le temps et l'envie. Et puis je passe beaucoup de temps à relire des albums plus anciens, ça occupe, c'est du plaisir assuré et ça coûte moins cher
Ce qui me donne moins envie de suivre de près tout ce qui sort, je suppose que c'est un peu comme tout le monde. J'en ai marre des séries qui démarrent bien puis partent en suçette et tirent en longueur (Neige, Djinn, Stryges
![Mur [:bdgest]](./images/smilies/bdgest.gif)
), des séries abandonnées ou raccourcies alors qu'elles avaient un putain de potentiel (Felicidad, Ecarlate
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), des formules qu'on ressert à toutes les sauces parce que ça a marché une fois (Destins, Loge Noire
![NonNonNon [:bru:3]](./images/smilies/bru.gif)
), bref, j'en ai marre de me sentir submergé de choses inutiles, qui n'apportent rien, non seulement à l'art de la BD, mais surtout à moi en tant que lecteur.
Par contre, tout n'est pas noir, et la passion peut revenir. Mais je cible, je limite mes achats de T1 (pas uniquement parce que j'ai peur que la suite ne sorte jamais, surtout pour ne pas avoir trop de séries en cours et me retrouver certains mois de septembre avec trop de choses à acheter, ce qui implique de laisser de côté, souvent pour ne jamais y revenir car plus dispo, ce beau one-shot qui me fait de l'oeil). Alors bon, cette année, je me suis recentré sur quelques séries vachement prometteuses (Urban, Déluge, Le droit chemin, L'homme qui n'aimait pas les armes à feu) en plus des one-shots et autres récits courts qui constituent une part de plus en plus grande de mes achats.
Bref, les effets de la crise, pour moi, c'est abandonner/revendre des trucs que je ne lirai plus, arrêter mon activité de chroniqueur qui ne m'intéresse plus, prendre plaisir à relire mes classiques à moi et limiter mes achats de nouveautés en dehors de quelques trucs qui me font baver d'avance (le nouveau Peeters, je ne compte pas le rater
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). En fin de compte, je dois retrouver un truc dans un album qui va vraiment m'enthousiasmer, et ça n'a rien à voir avec du mainstream ou pas mainstream. Quand je vois un Brunschwig me servir des personnages aux petits oignons, j'achète. Quand un Ayroles ou un Lupano me fait des dialogues de fous comme peu d'auteurs savent en écrire, banco. Quand un Ozanam me refile un nouveau one-shot bien déjanté, je prends. Quand Andreas m'entraîne dans une nouvelle folie dont il a le secret, j'y cours. Quand un Chauvel me ressert un polar bien noir, je me régale. Si Sokal pouvait se sortir les doigts d'où je pense, je ne serais pas contre
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. Et j'espère bien que des Al Rabin, des Peeters et des Larcenet continueront à m'abonder des bouquins comme ils savent les faire. C'est-à-dire des trucs bien foutus, qui me font me marrer, me prennent aux tripes ou m'émerveillent parce que c'est un sacré univers qu'ils ont créé et qu'ils partagent avec moi, lecteur.