Deux 52 minutes lundi prochain :
Je veux inscrire de plus en plus la série dans une saga. Le premier essai a été le dernier épisode du Livre IV. La conséquence, c'est qu'on peut moins regarder un épisode de "Kaamelott" sur le pouce, debout. Il faut s'asseoir pour regarder, parce qu'il y a une vraie récurrence des personnages, tu restes avec eux, tu creuses l'histoire. Vis-à-vis de ce que j'ai à raconter, j'aurais été dingue de ne pas profiter du créneau de la chaîne en entier. La réflexion que je me suis faîte devant mon banc de montage, c'est que "Kaamelott" ressemble de plus en plus à ce que j'ai toujours voulu qu'il soit.
Il faut d'abord localiser la part de comédie dans "Kaamelott". Pour moi, le comique s'arrête à la restitution humaine des personnages, de leur ton et de leur environnement. Le ton n'est absolument pas littéraire, il est quotidien, "normal" même s'il est parfois un peu coloré par la comédie. Si je ne cantonne pas leurs problématiques aux grandes choses mais aussi aux petites, j'ai déjà fait ma part du boulot. Ensuite, il fallait faire vivre les personnages : si tu ne les fais pas évoluer avec leurs doutes, leurs trahisons, leurs revirements, ils ne sont pas humains. Et puis il y a la dépression d'Arthur qui s'installe. Le Livre V, c'est surtout l'histoire du délitement de la Table Ronde. La Table Ronde dans la légende est quelque chose qui rassemble et où on parle un langage commun à tous les chevaliers ; "Kaamelott", c'est l'inverse, la Table Ronde est l'endroit où l'équipe se délite parce qu'ils ne trouvent pas ce qu'ils sont venus y chercher. C'est devenu tout ça parce que j'écris des personnages qui vivent dans cet environnement, et les faire vivre ça veut dire leur faire vivre des drames. C'est ça qui a fait que du Livre I au Livre V, j'ai eu besoin de place pour raconter.
J'ai toujours voulu faire "Le Seigneur des Anneaux". Pas forcément en termes de réalisation, car ce que je fais est plus dialogué, mais en terme de qualité de l'environnement' Là où les gens vivent, ce qu'ils portent sur eux, le réalisme de leur crasse, tout cela j'y tiens. On gagne toujours à être ambitieux et il ne faut surtout pas être timide. On a besoin d'aller tourner le rocher d'Excalibur ' À une époque, on aurait dit : "Oh là, c'est loin, c'est toute une organisation'". Oui, mais il faut le faire ! J'ai besoin dans la deuxième partie de la saison d'aller à la mer, c'est pareil, on va oser.
Je pars du principe que le format idéal pour "Kaamelott", c'est le long-métrage. C'est vrai que je pose une pierre au long*métrage dès qu'on me laisse de la place, et les 7 minutes rentrent complètement là-dedans, parce qu'on peut s'autoriser des temps
La demi-saison que nous venons de finir fait 3 heures. Et dans ces trois heures-là, je vais faire deux 52 minutes pour constituer une soirée. Ça veut donc dire que j'ai 1h10 de chutes. Alors, tout réside dans le choix. La nature de ces 52 minutes, c'est de faire découvrir la saison avant sa diffusion complète, et ils seront suivis par la diffusion des épisodes de 7 minutes. Le but du jeu étant que les gens ne s'emmerdent jamais, chaque 7 minutes possèdera une partie inédite. Les spectateurs découvriront des séquences complémentaires, un fil rouge entier absent du prime, des intrigues parallèles. Ce sera en quelque sorte un résumé de la saison' En tout cas, il y aura un cliffhanger à la fin de chaque 52 minutes, qui sera différent de celui de la fin des épisodes' Ce qui m'attire là-dedans, c'est que ce ne sera pas forcément le même public que pour la quotidienne.
L'histoire appelle l'histoire' Dans mon imagination, le monde d'Arthur est constamment assailli par les forces du mal, et la grandeur des chefs fait barrière. Ce méchant, pour moi, c'est une bactérie, un être maléfique envoyé directement par le diable qui va profiter d'une faille de foi globale pour venir détruire encore plus ce monde. Tout cela, c'est dans la perspective de mettre Arthur dans un environnement vraiment dangereux : ces gens lui veulent vraiment du mal' Comme dans toutes les sagas, il faut de véritables méchants.
Source : Newmedias