de Ivanna » 27/12/2015 01:12
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Pathfinder - Hollow Mountain #1 de James L Sutter & Tom Garcia est la série imparfaite, mais sympathique au demeurant. C'est de la Fantasy au sens classique, mais écrit de manière fluide et qui arrive toujours à capter notre intention. La dernière fois qu'on était dans cet univers, on était dans une taverne cradingue, lugubre et sombre, lieu typique pour commencer une quête. Le tavernier était le personnage sympathique qu'on pouvait prendre pour un idiot sans comprendre que c'est lui qui au final nous bottera le cul. C'est lui qui suggère que les gobelins locaux ont un besoin de meurtre évident, alors que pour quelques pièces ils sont limites à vous lécher les pieds... oui se faire lécher les pieds par les gobelins est quelque chose de vraiment agréable et je le fais tous les matins en me levant.
Notre groupe d'intrépides aventuriers est très classique, très JDR dans la composition selon certains... alors que c'est juste le groupe de base de nombreux récits de Fantasy: Valeros le combattant, Ezren le magicien, Merisel le voleur, Kyra le Clerc et Seoni le sorcier. Ils ont une mission simple, trouver et explorer les ruines de la ville antique Hollow Mountain qui a été presque entièrement détruite par une chute de météorite ou l'équivalent dans cet univers. Ce numéro est une très bonne introduction pour ceux qui ne connaissent pas l'univers. Il est très bien présenté, les personnages sont bien écrits même si ceux-ci s'éloignent très peu des archétypes du genre. On a une histoire principale et une histoire avec un grand H. Le récit est bien rythmé, il y a pas mal de scènes d'action, des scènes comiques sans que cela ne plombe complètement le récit. Maintenant quand on lit ce récit, le problème c'est que cela ne décolle jamais réellement. On a envie à un moment de se faire surprendre et cela n'arrive pas malheureusement. Bon maintenant ce n'est que le début du récit et on a encore le temps d'avoir quelques belles surprises.
Il y a une exubérance curieuse dans la collaboration de Garcia et Mohan sur les planches qu'ils proposent pour ce numéro, c'est d'ailleurs très différentes des précédentes histoires et c'est limite déconcertant, mais ça ne me dérange pas vu que ça permet de donner de l'ampleur au récit qui en a quand même bien besoin. Le découpage est très bon et on a limite l'impression de voir un animé par moments. C'est très fluide et pas statique une seule fois. Je ne suis pas une fan du dessinateur pourtant, mais pourtant je dois dire que je fus surprise à plusieurs reprises. Le travail de monsieur Mohan sur les couleurs est un vrai plaisir, il arrive de manière habile a créé un contraste entre nos héros lumineux et l'endroit qu'ils vont explorer. La magie du récit fonctionne bien et c'est limite fabuleux à plusieurs reprises. C'est très bon, pas parfait, mais très bon.
Le premier numéro est une bonne lecture, le scénariste distillant habilement plusieurs éléments dont on veut un développement par la suite. Maintenant j'espère juste avoir des surprises et un vrai morceau de bravoure dans le prochain numéro. Je recommande pour ceux qui ne veulent pas de la Fantasy prise de tête.
Klaus #1 de Grant Morrison et Dan Mora était aussi une attente, déjà parce que je suis fan de Grant Morrison et aussi parce que voir le Père Noël dans un univers de Dark Fantasy avait tout pour me séduire et je dois dire qu'après lecture, je suis conquise. Le Père Noël est quand même un personnage que nous connaissons tous, même en Asie, c'est un personnage que l'on connait, il n'a pas la même symbolique qu'en Occident certes, mais on le connait. Dans le Nord de l'Europe par exemple il n'est pas humain, dans les îles du Pacifique, c'est limite un zombie avec des yeux bizarres. Bref c'est un personnage aux multiples facettes, mais que l'on connait que sous un seul et même aspect.
Le but du récit est de raconter les origines du père Noël et personnellement je ne voyais vraiment pas comment le scénariste pouvait le faire. Le début du récit est assez simple, on voit un forestier hirsute, impressionnant physique et loin du petit gros avec son sourire se rendre à Grimsvig, une ville médiévale, pour vendre ses peaux, fourrures et la viande issues de sa chasse dans les bois où il habite. Quand il entre dans la ville en question, le festival de Yule qui est assez coloré n'a pas lieu, au contraire le seigneur local ne veut pas de cette fête, les enfants n'ont pas le droit d'avoir des jouets et il n'y a pas d'hommes dans la ville... bref c'est étrange. Tout va très vite partir en live pour notre personnage, le renversement de l'ordre établi sera une des thématiques du récit de ce que l'on peut voir pour le moment en tout cas. Pourtant le début est d'une relative platitude, on est peu étonné par le tout et pourtant plus on avance dans le récit et plus on découvre le monde dans lequel vit Santa Claus, plus on se rend compte que c'est bien différent de ce que l'on pense, le monde astral nous est présenté via un passage musical, ce qui donne d'ailleurs au début un aspect assez comique au récit et pourtant ce n'est pas choquant. On retrouve aussi la vision nietzschéenne de ses oeuvres et du monde selon lui.
Ce n'est pas dérangeant vu que c'est de la Dark Fantasy et on le comprend très bien.
Le récit avance très vite et le final nous promet de nombreuses choses pour la suite.
Les dessins de Dan Mora sont assez intéressants car on sent une vraie recherche, les décors font penser à l'architecture Germanique par exemple, sachant que Santa Claus a une importance dans les cultures de l'Est et notamment en Allemagne, ça fonctionne. C'est en quelque sorte un moyen de donner du classique au lecteur, pour le transcender par la suite. Les décors hivernaux sont sublimes, on se perd dans les paysages et c'est même plus atmosphérique, plus poétique par moment que les scènes psychédélique à la toute fin du récit.
Bref un premier numéro classique sur certains points, mais qui je n'en doute pas sera incroyable par la suite, j'ai eu l'impression d'avoir une version médiévale d'un autre titre de l'auteur, Happy, c'est le même délire psychédélique, avec les enfants au centre du récit et sans la licorne volante.
The Goddamned #1, de Jason Aaron et R.M. Guéra était une de mes attentes, le scénariste étant bluffant avec une grande partie de ses séries. J'attendais beaucoup de son scénario pour cette série revisitant les origines du monde selon la Bible. Je ne sais pas si le réalisateur est croyant et cela ne m'intéresse pas car c'est sa vie personnelle. Comme Paul Verhoeven avec son excellent roman Jésus de Nazareth, le scénariste Jason Aaron propose un récit loin du véhicule promotionnelle des croyants aveugles (n'y voyait pas une attaque de ma part de la religion, je respecte les opinions et croyances de chacun) et propose sa propre vision d'un épisode célèbre, le Déluge, que beaucoup de gens ont eu l'occasion de découvrir avec le film Noé par exemple (qui selon moi est mauvais au passage) et ici c'est la version Dark Fantasy de cet épisode qu'il nous raconte.
Dieu est lassé de la perversion dans laquelle vivent les hommes et pour cela il va nettoyer la Terre de cette peste, mais de manière violente. Le récit se déroule quelques temps avant le Déluge et on voit encore une fois sous la plume de l'auteur que le monde va mal et et que les humains sont peut-être bien les monstres dont on parle. J'aime beaucoup cette vision du monde, c'est très sombre et en même, via les planches, très primitif. Le récit se déroule 1600 après l'épisode de la Pomme et on sent que le monde va mal, qu'il manque quelque chose dans la création de Dieu. C'est punk du début à la fin, le héros est présenté en urinant du haut d'une falaise, il peut paraitre innocent aux premiers abords et on découvre que c'est Cain, le créateur du meurtre. Il est le tout premier meurtrier de l'Histoire selon la Bible, c'est le fils de Adam et Eve. Il est maudit pour son acte et il sera dans notre récit le témoin de la dégénérescence du monde. Il est en quelque sorte notre avatar dans le récit.
Le monde selon Jason Aaron se rapproche plus de la réalité que la Bible, c'est un monde préhistorique qu'il nous présente, un monde triste, violent et ou les humains utilisent encore des outils fait de pierre et non de fer.
Le monde de Cain est violent et aucune crasse n'est épargné, de la plus cradingue à la plus basique et on est limite à comprendre le geste futur de Dieu quand on voit dans quel monde évolue l'anti-héros. La violence, le pessimisme et la crasse de ce monde transparait à travers les dessins de monsieur Guéra. Il ne nous épargne rien et donne une vraie vie aux écrits du scénariste. Le comportement bestial des hommes est parfaitement représenté dans le récit. Les dessins sont aussi symboliques que le scénario. On nous présente divers éléments de la Bible et dans le fond comme la forme, nous n'avons pas encore toutes les clés en mains pour comprendre l'histoire.
On nous propose un récit de Dark Fantasy particulièrement amusant, glauque et punk, une vraie plongée dans la psyché humaine et je suis curieuse de lire les prochains numéros.
"Euh.. C’était quoi déjà la question?" Jenny
"Trois frères unys.Trois Licornes de conserve vogant au Soleil de midi parleron.
Car c’est de la lumière que viendra la lumière. Et resplendira 20 37 42 N. 70 52 15 W.
la † de l’Aigle."