corbulon a écrit:Je pense qu'il manque quelques clés dans cette analyse de ce pseudo-relaunch de DD. Déjà il faut comprendre que ça fait quelques temps que Marvel raisonne en terme de saisons télévisées. Ce qui fait qu'il ne faut pas prendre ce recueil comme un nouveau départ, mais comme une nouvelle saison.
Peut-être. Très concrètement, Waid expliquait dans une interview que son passage sur la série était de trop fraîche date pour que la numérotation reprenne à 1 avec tout le monde à l'automne 2012 quand la ligne Marvel Now a été lancée, et que du coup le déplacement à San Francisco fournissait un bon prétexte. On a vu la même chose avec Captain Marvel, mais je ne connais pas d'autre exemple (je ne lis pas tout Marvel non plus...), et plusieurs autres séries ont passé la ligne de démarcation "Marvel Now" sans changer.
Quoi qu'il en soit, qu'on parle de saison télé, de mini-relaunch ou autre, ça n'enlève pas le problème de l'édition française qui commence aux deux tiers de la série. Il est quand même assez rare de voir à la télévision diffuser une série à partir de la saison 5, surtout dans le cadre d'une intrigue feuilletonnesque qui se suit.
"Petit détail" que j'ai omis sur le blog : l'édition en livre commence avec le "volume 4", mais en janvier la fin (mais seulement la fin...) du "volume 3" était sortie en kiosque. Histoire de rendre ça encore plus simple pour les lecteurs...
corbulon a écrit:Ensuite c'est un peu vain de croire au changement permanent chez les superhéros, donc évidemment il ne va pas rester and vitam eternam sur la côte ouest. D'ailleurs il avait déjà été à San Francisco dans les années 70 sous la plume de Gerry Conway, qui lui aussi écrit pour la télévision, avant de revenir au bercail.
Je ne crois pas au "changement permanent", je pense que le format du medium fait qu'on est dans une tension perpétuelle entre répétitions cycliques et effets de variations, ponctuée (mais rarement) de véritables innovations. C'est ce que j'évoquais il y a quelques semaines dans le billet sur
Loki, Agent of Asgard qui thématise ça (me semble-t-il) au cœur même de la série avec un personnage qui se bat contre le retour au
statu quo le concernant.
Donc, pour revenir à Daredevil, je me doute qu'il ne restera sans doute pas éternellement à San Francisco, ne serait-ce que parce que dans l'esprit de tout le monde, Daredevil = New York comme Batman = Gotham. Même si dans le numéro 1.5 que j'évoque (et qui si je ne me trompe n'est pas dans la VF) Waid lance des pistes très intéressantes pour un futur possible du personnage restant sur place (par opposition d'ailleurs au passage de l'époque Conway qui est évoquée comme son "premier tour" dans la région). La question, c'est est-ce que les repreneurs vont tout de même persévérer un petit peu dans l'exploration de cette voie et de ces possibilités, ou est-ce qu'on va tout reprendre à zéro, histoire et numérotation, après seulement 15 numéros ? Dans le second cas, personnellement, ça me donnera un peu un sentiment d'une fin en queue de poisson.
corbulon a écrit:Et pour ma part je ne trouve pas qu'il n'y a pas une baisse de qualité, on est dans la continuité de ce que Waid fait depuis le début et surtout il est aussi vain d'imaginer pouvoir commencer un comic des deux majors qui ne fasse totalement table rase du passé.
Sans faire table rase du passé, mais en s'en servant comme d'une plateforme pour sauter dans une toute autre direction, le premier numéro de Waid en 2011 m'avait semblé largement plus dynamique, riche, et enthousiasmant.
En 20 pages (sans compter le "
bonus tale"), on avait :
- la présentation d'une nouvelle traduction graphique de la "vision" sonar de Matt ;
- de la comédie avec Daredevil perturbant le mariage mafieux ;
- dans le même cadre, de l'action et un mystère avec l'intervention de la Tâche (Spot) lançant l'intrigue des numéros suivants ;
- la redéfinition du caractère de Matt, désormais plus "positif" ;
- le lancement de la sous-intrigue sur les problèmes que l'
outing de son identité secrète provoque sur son métier d'avocat ;
- l'introduction du personnage de Kirsten.
Là, le nouveau premier numéro, avec l'histoire de la gamine, passé les quatre premières planches d'intro ambiance polar, et qui présentent effectivement quelque chose de nouveau (Murdock qui utilise ses dons "à visage découvert" pour aider la police), ça se résume essentiellement à une course-poursuite dont les tenants et aboutissants ne sont pas expliqués ("je suppose que je lui demanderai quand il se réveillera", et puis... bah non, on passe à autre chose). C'est assez clairement un pur prétexte pour présenter le nouveau
modus operandi du tandem Daredevil/Kirsten, ses difficultés avec le nouvel environnement, etc., ce qui aurait aussi bien pu être inscrit dans une histoire un peu plus développée.
C'est d'ailleurs là à mon avis une des caractéristiques notables de ce "volume 4" par opposition à ce qui avait précédé, ça se limite à des histoires très courtes en deux ou trois numéros, voire un seul. Certaines peuvent être très bien, comme celle avec l'Homme Pourpre (#8-10) ou celle avec le cascadeur (#11-12) qui n'appelait pas un traitement plus long, mais ça manque un peu d'ampleur à mon goût.
corbulon a écrit:Enfin le personnage de Shroud est plus une allusion au Batman névrosé de DC tel qu'il est apparu souvent ces trente dernières années qu'un reflet déformé de DD.
Dans l'absolu, Daredevil et Batman sont de toute façon des personnages assez proches par bien des traits, mais il me semble difficile de dire que c'est "plus une allusion à Batman" qu'une référence interne. Le début du #2 me semble très explicite sur ce point : tout est fait pour que le lecteur pense qu'on parle de Matt, puis on révèle qu'il s'agit de Max, puis enfin qu'il s'agit d'un rêve de Max qui pense que Matt usurpe la gloire qui lui revient.
corbulon a écrit:En fait sur cet album c'est plus la couverture choisie par Panini qui m'a fait tiqué tant elle présente une rupture graphique à l'intérieur, et montrant ainsi une nouvelle fois que contrairement à Urban, il n'y a aucune volonté de s'appuyer sur les auteurs pour vendre une série.
Pour le coup on ne peut pas
entièrement blâmer Panini : c'est vrai qu'ils auraient très bien pu reprendre
la couv' du TPB américain, comme d'ailleurs ils le font généralement pour tous les "Marvel Now" - mais le dessin ne sort pas tout à fait de nulle part non plus : ils ont repris une
variant cover pour le #1 par Alex Ross. Et une couv' par Alex Ross, ça vend, c'est bien pour ça que Marvel l'a faite réaliser. Ceci posé, c'est vrai que c'est très loin du style du contenu et je comprends bien la critique - encore que j'y apporterai une petite nuance, à savoir le coup de la
variant cover d'Alex Ross, Urban l'a fait aussi pour le T.2 des
Grant Morrison présente Batman (mais le contraste avec le style de Tony Daniel à l'intérieur était... moins violent).