RuaLten a écrit:Je suis passé outre vos commentaires de vieux blasés et j'me suis pris l'album.
Et bien j'ai plutôt passé un bon moment, c'est assez amusant mais ce n'est pas non plus hilarant. Deux / trois truc m'ont quand même bidonnés, comme le coup de Jésus avec sa tequila paf
Sinon, c'était ma première lecture Winshlussienne et j'aime beaucoup le dessin et le ton adopté. J'ai également le Pinocchio dans ma pile de lecture qui m'attend bien au chaud...
Oui moi aussi j'ai le souvenir d'une bonne rigolade. C'est mon neveu qui me l'avait offert pour Noël justement (j'ai appris par les premiers commentaires du forum que le bouquin était sorti pour la période justement).
Ne connaissant pas l’auteur avant cet album, j’ai tout de suite trouvé que le dessin était supérieur à la moyenne des BD d’humour. La qualité graphique donne une vraie expressivité à l’idée de départ.
Et la parodie est toujours intéressante, ici très souvent un hommage à la BD américaine.
Il y a une forte charge anticléricale dans cet album, peut-être que l’ensemble – et certains gags en particulier – ne peut être lus qu’au regard d’une saine critique (ce qui n’empêche pas d’être caustique ou rageur, n’en déplaise aux intégristes de tout poil) des textes religieux et de leurs usages (sujet de réflexion pour le moins d’actualité).
D’ailleurs le titre n’est pas une plaisanterie : c’est le slogan écrit sur les billets de banque des Etats-Unis d’Amérique, il faut le prendre au premier degré. Capitalisme et religion ont toujours fait bon ménage, la doctrine religieuse n’étant pas à une contradiction prête…
« Le sacrifice d’Abraham » par exemple, ne démontre-t-il pas par l’absurde les effets des contradictions des mots d’ordre doctrinaires.
Ou « Secret Love », dont la page titre – un pastiche des comic-books de romance des années 40 aux années 60 – plastronne : « Toutes les petites astuces pour expliquer à vos proches la procréation divinement assistée ! » C’est bien trouvé, non. Et le classique slogan « Un amour éternel » ne prend-t-il pas tout son sens quand il s’agit d’une relation avec dieu, un sens doublé d’ironie quand dieu, tout aussi classiquement après une nuit de coucherie, se barrera en catastrophe. N’est-il pas encore et toujours d’actualité de rappeler l’absurdité et la monstruosité du concept de faute appliqué à l’amour physique et sensuel ? « C’est donc aussi cela l’amour… » s’interroge une Marie comblée et en sueur, auprès de son amant. Là encore, graphiquement, il y a contraste signifiant entre les deux vignettes précédentes en fin de page, montrant Marie énamourée puis Marie et dieu enlacés dans un chaste baiser, entourés d’ornementation florales (Dieu est amour n’est-il pas ?) et la première vignette de la page d’après où Marie est à poil et au pieu, échevelée et en sueur, son interrogation appelant évidement une réponse positive : oui l’amour est aussi échange et plaisir sensuel entre êtres humains consentants.
Ou encore l’illustration « Mon lion dit Miam » : un lion se pourléchant les babines, présente une boîte de conserve dont l’étiquette proclame « Chrétiens aux légumes. Certifiés martyrs. Elevés dans les catacombes. » Si on n’a pas une sensibilité anticléricale, je peux comprendre que ce genre de gag et de jeu de mot tombe à plat.
L’anticléricalisme pourrait être une thématique en soi : est-ce quelqu’un d’autre connaît des BD dans cette thématique ?
Il y a la série des Jésus par Tronchet (2 albums aux éd. Delcourt) (je n’arrive toujours pas à importer une fiche album…).
Certains gags sont à se plier :
http://www.bedetheque.com/serie-1256-BD ... Jesus.htmlPour finir, le personnage de dieu en version beauf égocentrique, bedonnant et alcoolisé rappelle furieusement l’incarnation du même personnage, dieu, par Benoit Poelvoorde dans le film de Jaco van DORMAEL, Le tout nouveau testament (France/Belgique, 2015). Le film est très drôle, évidemment anticlérical.
Je me rends compte qu’il y a plein de choses à dire sur cet album. En conclusion, l’humour anticlérical est toujours une nécessité. Et dorénavant In God We Trust fait partie de ce corpus.