de wims » 08/11/2008 02:53
Désolé, il m'a fallu un peu de temps avant de choisir un adjectif approprié à ce que je viens de lire... Après mures réflexions, je choisirais... jouissif ! Voilà c'est dit, mais n'allez pas croire que j'ai collé les pages de mon album non plus hein, c'était juste une image.
Bien. Alors déjà, je tenais à dire que depuis 20 ans, à chaque fois que j'ouvre un album écrit par Luc, je me sens toujours en forme, d'humeur à attaquer la bd, parce que depuis 20 ans, je n'ai jamais été déçu. Toutes ses histoires sont mures, réfléchies, on sent qu'il y a pensé depuis des années, qu'il veut vraiment raconter quelque chose qu'il a sur le coeur. Pour preuve ses nombreuses interventions ici sur bdgest, à l'écoute des lecteurs, soucieux de la qualité de ses oeuvres et des critiques qu'on lui apporte, il a toujours oeuvré dans la bd par conviction parce qu'il aime la bd. Ce n'est pas un scénariste prolifique, il met du temps, parce qu'il veut tout simplement être fier de ce qu'il fait.
Particularité de ses scénarios : l'ambiguïté du bien et du mal. On pense que ce personnage est bon, que celui ci est mauvais... mais en est on vraiment si sûr ? C'est ça qui me donne l'envie d'aller jusqu'à la dernière page : Luc nous présente la situation telle que tout le monde peut la percevoir, alors qu'on n'est jamais sûr de rien, puisque lui seul connait les ficelles de l'acte final. Il a cette façon de faire que d'autres n'ont pas : il prend tout son temps pour planter le décor, puis arrive à nous retourner des situations bien établies et hyper crédibles pour tout casser ensuite, sans qu'on y voit que du feu. Voilà, rien n'est sûr avec lui : il peut nous faire avaler n'importe quoi tout en restant cohérent. Quand on finit ses lectures, c'est comme si on venait de voir un très bon film : on pourrait encore en parler 20 ans après, comme on le fait d'ailleurs aujourd'hui dans le topic du Pouvoir des innocents, parce qu'il nous en reste quelque chose. Ca nous a marqué et le temps n'y change rien, c'est quelque chose de puissant, ses scénarios ne vieilliront jamais car ils partent d'une idée sûre, réfléchie, et intelligente. Voilà pour son coté inventif.
Quant au narrateur. Il écrit avec cette finesse qui lui est propre. Chaque dialogue, chaque mot, est d'une justesse et d'une fluidité étonnantes, même lorsqu'il fait parler ses acteurs en vieux français, les mots s'enchainent joliment. On sent que ses textes sont travaillés, que lui aussi est pointilliste tout comme peut l'être le dessinateur qui l'entoure, qu'il rature souvent pour trouver d'autres formulations, qu'il a passé du temps sur ses textes avant de nous sortir enfin l'histoire qui lui chère de raconter. On sent son travail et sa poésie.
Quant à l'orateur... malheureusement, je n'ai fait que le lire jusqu'ici. Mais pour comparer, ses textes me font penser aux monologues de Pierre Dubois. Quand je rentre dedans, je suis complètement dedans, j'aime lire Luc comme j'aime entendre Dubois : tous deux pourraient me raconter n'importe quoi à leur manière, je vais m'installer et me laisser guider sans les interrompre. D'ailleurs Luc, si tu te sens capable de parler comme tu écris, ça serait vraiment super chouette si un jour tu pouvais faire un conte à bulles à Saint Malo.
Et quand il s'entoure des plus grands, comme avec Cecil ou Hirn, le mélange est jouissif, on en prend plein les yeux. Le pointillisme, les cadrages, les couleurs directes, les mouvements, les lumières : tout est parfait, c'est... beau. On tient dans nos mains quelque chose de rare.
Et donc, pourquoi je vous dis tout ça, moi ? Et bien déjà pour vous dire que Sherlock Holmes résume un peu tout ce que je viens de dire. Holmes nous a toujours été présenté, depuis notre belle enfance, comme le plus grand des détectives, comme le plus intelligent, le plus juste et le plus bon. Quel enfant ne rêvait pas d'être comme lui ? Mais voilà, Luc a décidé que cette version pouvait en cacher une autre, sans pour autant bouleverser le mythe Holmes. On connait tous la clarté du personnage, oui mais personne ne connait l'autre coté, que Luc nous dévoile en soulevant quelques mystères, sur lesquels va devoir enquêter son ami de toujours, le Docteur Watson, pour éviter de ternir son image post mortem. Et donc, une nouvelle fois, Luc a décidé de nous entourlouper, mais moi j'en suis sûr, Holmes ne peut être qu'un homme bon.
Bref, si vous hésitez encore, ne réfléchissez plus : lisez Holmes ! Vous ne le regrettez pas ! Idée intelligente, dessins magistraux, narration fluide : que demander d'autre à une bd pour en faire une leçon d'art ?
Vous savez c'est pas tous les jours facile d'être con.
Creuse toi les méninges avec The Wims Mystery