de Cobalt 60 » 23/10/2009 09:39
Je viens de terminer “Herge, fils de Tintin”.
J’avoue avoir ressenti un certain trouble a la lecture de ce livre. Peeters a fouille tres loin dans l’intimite du dessinateur, trop loin pour moi. Je me suis tres souvent senti dans la position genante du voyeur involontaire.
Le premier malaise concerne le passage ou Peeters avance l’hypothese d’abus sexuels qu’aurait subis Herge (p.44-45 de l’edition poche Flammarion). Certes, l’auteur s’entoure de precautions, mais n’etaye finalement pas son propos autrement que par une lettre d’Herge, completee d’un propos de Germaine Remi, ou il est question “d’atavisme”. L’atavisme etant la reapparition chez un individu d’un caractere absent des generations precedents, je ne vois pas tres bien en quoi l’emploi de ce terme dissimule la confirmation d’un soupcon de pedophilie. Peeters s’attarde sur ce mot et semble vouloir a toute force lui donner un sens qu’il n’a pas comme pour apporter de l’eau a son moulin. Sauf a penser que chez les Remi on est pedophile de pere en fils !
Quelques lignes plus loin, Peeters instrumentalise cette hypothese en la justifiant a posteriori parce qu’elle pourrait expliquer “le caractere resolument axesue et anti-familiale de toute (l’)oeuvre” (d’Herge) (p.45).
Enfin, cerise sur le gateau, l’entourage de l’artiste se distingue par un nombre important de pedophiles “plus ou moins averes”. Et c’est cense prouver quoi ? Malaise donc pour cet art de l’esquive, ces affirmations a mots couverts, ces preuves qui n’en sont pas, ces extrapolations desinvoltes et, pour tout dire, ce que j'estime etre une certaine malhonnete intellectuelle.
Tout au long du livre et plus particulierement dans sa seconde moitie, Peeters puise abondamment dans la correspondance intime d’Herge. La encore il expose de long en large les doutes et les souffrances du dessinateur, mais aussi ses declaration d’amoureux enflamme. S’il se permet de juger parfois severement les propos de ses correspondants, en revanche il est d’une indulgence qui m’a souvent derange devant les tartines d’auto-apitoiement complaisant dont Herge faisait souvent preuve, sans parler de la grandiloquence quelque peu ridicule de son style.
Bref, ce livre m’a agace, il complete celui d’Assouline auquel il se voulait une reponse, mais je continue de lui preferer ce dernier.
Dernière édition par Cobalt 60 le 23/10/2009 16:00, édité 1 fois.