de Dunyre » 24/02/2024 10:10
Tu remets encore ton couplet sur le tapis Erik, mais je suis navré : je n’adhère pas à cette idée que l’informatique ne change pas le dessin. Car si c’était vraiment le cas, il n’y aurait aucune différence entre les BD d’il y a 30 ans et maintenant, sauf que ce n’est pas vrai.
Quand je suis en librairie et qu’on me montre ce qui sort aujourd’hui, je constate bien un changement : c’est uniforme et lisse dés que l’outil informatique a été utilisé à outrance.
Là où je suis en revanche d’accord avec toi c’est que l’informatique n’est qu’un outil. Donc je pense que plus globalement les dessinateurs se sont mis au numérique pour le confort de travail, la facilité pour gommer, corriger des défauts, réutiliser une vignette, recopier un élément d’une case à l’autre, etc. … mais que du coup cela a entraîné une dérive au niveau de l’incarnation des dessins : les petits défauts faisaient le charme, les imprécisions et décalages créaient la vie.
Après au-delà du débat que tu amènes, évidemment que c’est le dessin de ce Millien qui ne m’a pas convenu et pas l’informatique qui ne convient pas. Mais c’est bien parce qu’il y a un fort usage de l’informatique, avec un côté froid et uniforme, que ce dessins ne me va pas. Par exemple, avec l’informatique, les personnages ont toujours le même visage, seules les expressions changent. Il n’y a plus ce petit décalage qu’on pouvait retrouver auparavant.
En lisant à la suite en quelques jours les 12 premiers tomes de Gil St-André, je ne peux que voir le décalage sur les personnages de Gil ou de Djida. Ils ne sont plus pareils, tout est lisse et uniforme, froid, sans vie. Et cela ne me plaît pas.
Par contre comme je le disais le dessin est impeccable de réalisme et de précision, rien à redire là-dessus. Mais encore une fois, sans l’outil informatique cela ne donnerait pas exactement la même chose : il y aurait inévitablement des différences.
Maintenant c’est sûr que le différentiel de dessin en peu de temps et sur la même série joue dans ma déception car je lis par ailleurs des séries avec des dessins assez informatisés (Les 5 Terres, les diverses séries concept chez Soleil : Elfes & cie, Maîtres inquisiteurs, etc.).
Cependant, dans les series-concept susnommées, je vois nettement la différence entre dessinateurs via l’informatique : ceux qui en abusent et les autres.
Et j’ai beaucoup de mal avec quelques jeunes dessinateurs recrutés par Soleil mais qui font en BD des personnages pour dessin animé et des décors pour du jeu vidéo (je pense à Alina Yerofieieva ou Simone Buonfantino notamment, avec qui j’ai eu beaucoup de mal au dessin).
L’informatique n’est peut-être qu’un outil, mais il permet des choses que le papier ne permettait pas. Et en ce sens certains dessinateurs en abusent : les nouveaux Lanfeust de Tarquin prouvent cela par exemple. L’informatique pousse à la paresse parfois, à la précipitation d’autres fois : mais le rendu n’est pas le même, et donc le ressenti du lecteur non plus.
Bien entendu, de nombreux dessinateurs font du numérique et rien ne se voit. Sauf que dans la nouvelle génération, la grande majorité utilise du numérique depuis le départ et en totalité. Personnellement je préférais un petit château fait à la main par un assistant de Peyo qu’un château gigantesque et bien plus réaliste fait par informatique sur une pleine page…
"Mais la plus belle des victoires, mon fils, est de faire battre le coeur de ton peuple.
Je te confie cela, car lorsque ma vie s'achèvera,
Toi, tu seras roi. »
Terenas Menethill II