de Jimbolaine » 16/08/2014 10:39
Je viens de me relire l'ensemble de la série (j'avais bien en tête le début mais la fin m'était un peu floue, et qui plus est j'ai lu récemment les Uncanny X-Force de Remender, qui ne m'ont pas convaincu, ainsi que ses Uncanny Avengers, qui ne m'emballent qu'au bout de vingt épisodes… donc j'avais le sentiment qu'il fallait que je revienne aux sources).
Bon, je l'ai lu en VO, mais je profite de l'existence du sujet ici pour venir en parler.
Bon, globalement, je suis très content de cette relecture.
On retrouve plein de fixettes de Remender (qui sont présentes dans Black Science ou dans Low, pour ceux qui ont eu l'occasion d'y jeter un œil en VO), à savoir le voyage et la famille en dislocation. C'est pas mal, assez intense, avec un humour noir bien présent et plein d'idées SF s'enracinant dans une "science-fiction à la papa" (des robots, des blobs, des reptiles, des plantes carnivores, des méduses qui parlent, des voyages dans le temps…).
Une chose est formidable, c'est la rapidité de l'action. Autant sur ses productions récentes, Remender a tendance à marquer le pas et à se répéter (les deux séries Marvel citées plus haut traînent en longueur, tirent à la ligne et reviennent constamment sur les mêmes choses), autant sur Fear Agent il speede, balançant des informations, des personnages nouveaux, des péripéties et des changements de statu quo. C'est intéressant. Le défaut à cela, c'est que parfois il va trop vite, amène des idées qu'il solidifie par la suite, presque a posteriori, comme si la pause entre deux épisodes lui donnait l'occasion de réfléchir à ce qu'il n'a pas bien expliqué entre-temps (c'est frappant sur la seconde moitié de la série, on a l'impression de l'entendre se dire "tiens, j'ai oublié de préciser ceci ou cela, je vais le faire tout de suite"). Certaines transitions d'un épisode à l'autre affichent des facilités (Heath est perdu dans l'espace sans casque, et puis pouf, au numéro suivant, il est perdu dans l'espace avec un casque). Ça a un côté feuilleton littéraire à la Ponson du Terrail, avec des bidouilles de jointure, genre "après s'être sorti de ce mauvais pas, notre héros…"). Rien de bien méchant, mais ça grippe un peu les rouages. Mais bon, c'est inventif, rapide, avec des personnages intéressants et pas monolithiques (Charlotte est un personnage vraiment bien).
Le gros défaut, c'est le dessin. Le style brouillon et presque fanzineux de Tony Moore, incapable de construire des perspectives correctes, des mains crédibles ou des personnages souples, rend la lecture assez difficile. Jérome Opeña est en pleine acquisition de ses capacités, donc ses débuts sont hésitants, rapidement transformés en belles planches. Mais les plus beaux épisodes sont ceux de Kieron Dwyer (encré par Opeña, quelle équipe : hélas, deux épisodes seulement) et de Mike Hawthorne (encré par Moore : dommage, ça donne un grain crapoteux au trait propre de Hawthorne, mais quand même…). Le tout dernier épisode est quand même bien torché, hélas.
L'un dans l'autre, c'est une bonne série. Avec ses paradoxes temporels (parfois confus, parfois cheveux sur la soupe), ses longueurs (le flash-back des origines, sur quatre épisodes, dieu que c'est long, et l'explication rétroactive de fin de série n'est pas légère non plus…), son action frénétique, ses références pop culturelles et son personnage attachant, ça fonctionne bien. Ça donne presque l'impression que Remender a laissé une vraie belle référence en début de carrière de scénariste (j'aime beaucoup ce qu'il faisait à l'époque, Nigh Mary, Sea of Red…), et qu'il marque le pas depuis lors.
Comme je l'ai dit ailleurs, le scénariste de Fear Agent et de FrankenCastle me manque un peu. Relire Fear Agent le prouve à nouveau.
Jim