de John Volcan » 22/03/2014 17:38
La première fois que j'ai eu un véritable coup de foudre pour une bande-dessinée, c'était avec l'édition spéciale en noir et blanc limitée à 3000 exemplaires de Donjon Monsters tome 1: "Des soldats d'honneur", de Bézian. Malgré le prix terrassant je l'avais acheté sans regrets.
La deuxième fois, c'est avec cette édition en noir et blanc de Professeur Radar, du même Bézian, dont je n'avais rien lu d'autre entre temps. Encore une fois, et malgré le prix encore plus terrassant, je l'ai acheté sans aucun regret.
Je crois que ça fait de Bézian mon dessinateur de bd préféré. Ca ressemble carrément à du Piranesi, mais en plus explosif et nerveux. Les paysages, les corps sont magnifiques (le seul point faible de son dessin, ce sont les visages, pas très personnels).
Très franchement, la qualité de son dessin est telle qu'elle justifie pour moi ces éditions spéciales en noir et blanc, et le prix qui va avec.
J'ai bien pris le temps de la comparer avec sa version couleur. C'est vrai que les teintes sont belles, simples, efficaces et ont un grand intérêt dans la narration... Mais je trouve qu'elles éteignent complètement le dynamisme du trait de Bézian, sa nervosité, son caractère. Ca ramène la bd dans quelque chose de plus ordinaire.
Je pense que ces albums ne s'adressent donc pas à ceux qui veulent profiter d'une histoire le plus clairement possible, mais aux fous de son dessin qui veulent se perdre avec plaisir dans la belle illisibilité de son trait et la nervosité de ses gribouillages virtuoses. Pour sertir un tel talent, il faut bien une édition luxueuse de grand format sur beau papier, ce qui justifie (à peu près) son prix. De toutes les façons, on doit pas être beaucoup plus de 999 à vouloir acheter ça. C'est clairement une folie qu'on ne s'offre qu'en cas de coup de foudre absolu.
Pour dire deux mots de l'histoire, autant je trouvais que le scénario de "Donjon Monsters" n'était pas indigne du dessin, et lui apportait même un côté tragique et émouvant absent du dessin de Bézian, autant ici ça ne colle pas magnifiquement... Peut-être à la rigueur qu'on pourrait dire que l'histoire mouvementée permet au dynamisme de Bézian de s'exprimer particulièrement.
Cela dit ce n'est pas mauvais, c'est divertissant, sympathique et de toutes les façons sans autre prétention que de rendre hommage à un certain genre. On a bien l'impression d'avoir déjà lu ce genre d'histoires mille fois, mais si on les a lues mille fois c'est qu'on ne s'en lasse pas.