(Je plussoie Croaa sur le côté contestable de créer encore un topic supplémentaire alors que le sujet a été et demeure largement débattu par ailleurs, mais puisqu'il existe... je rajoute ma petite pierre.)
J'ai eu à peu près la même discussion avec un organisateur du festival d'Angers rencontré par hasard dans une file d'attente à Angoulême fin janvier.
Du point de vue des LECTEURS je trouve qu'on vit un âge d'or, et qu'il y a un paradoxe à se plaindre qu'on a trop de choix. Alors évidemment le porte-monnaie et l'espace disponible limitent les choses, mais dans l'absolu, il y en a pour tous les goûts. Les genres, les styles, les provenances n'ont jamais été aussi diversement mis à nos disposition.
Edit : de ce point de vue je me retrouve totalement dans le message de Chardas ci-dessus.

Du point des vue des AUTEURS et des ÉDITEURS en revanche, j'ai évidemment bien conscience - comme tout le monde ici - que tout ça repose sur un système qui ne pourra perdurer éternellement et qui risque même de salement se casser la gueule un jour ou l'autre, en faisant beaucoup de dégâts - et il a déjà commencé à en faire (voir l'état de précarisation des auteurs, pas seulement les petits jeunes qui débutent mais même des auteurs réputés qui se retrouvent à devoir hypothéquer leur baraque). Mais concrètement, on y peut quoi ?
Tout ça me rappelle un peu le "Nouvel Hollywood" (fin années 60-début années 80) où les producteurs avaient tellement perdu leurs repères, après l'effondrement du système "classique", que n'importe quel punk ou presque se présentant avec son chien pouvait encaisser de quoi monter son film. Ça a donné quelques chefs-d'œuvre - et d'autres films tombés dans l'oubli aussitôt que sortis. En BD, j'ai l'impression qu'on est passé d'un système, il y a quelques décennies, avec des éditeurs trop dirigistes, avec une sélection trop corsetée en amont (il fallait dessiner "comme" Franquin ou Hergé, et la censure rôdait), à un système où les éditeurs ont plus ou moins perdu pied et sortent à tout va, en se disant qu'il y aura bien une pépite dans le tas et que le reste, ma foi..... Sauf que quand la multiplication de l'offre (surproduction) rencontre la raréfaction de la demande (crise économique), il y a peu de chances que ça finisse bien.
Seulement, quel est l'éditeur qui prendra le risque d'inverser le système ? Quel "gros" éditeur mainstream, ayant la puissance nécessaire à infléchir les choses, dira "ok, on arrête, maintenant on ne publie plus que des choses dont on est sûr qu'elles sont de qualité supérieure et qu'elles connaîtront un succès durable au cours des décennies, quitte à ne publier qu'un titre tous les deux mois" ? Vous y croyez ? Moi pas.