On a souvent (sur cette discussion, mais aussi ailleurs), cette conversation consistant pour un vieux lecteur comme moi à expliquer un jeune lecteur qui découvre telle ou telle œuvre pourquoi elle est intéressante, marquante, etc etc.
Je me permets de copier ici la réflexion que se faisait un de ces jeunes lecteurs, sur un autre forum, concernant
Identity Crisis (ça me semble être de circonstance pour une collection comme celle-ci, qui fait découvrir les meilleurs moments de l'univers DC : je crois qu'on est en plein dans un sujet qui nous agite depuis quelques pages). Il faisait d'ailleurs cette remarque à propos de la parution récente du
Justice League Saga Hors Série #2, actuellement en kiosques, et que je recommande à tous ceux qui aiment se marrer quand ils lisent du super-héros.
Lord-of-babylon a écrit:Je trouve toujours passionnant ces différences et ces écarts de tonalité ou de formes entre des oeuvres très proches dans le temps mais dont on peut ne pas se rendre compte les années passant.
Un exemple que je garde en tête c'est Batman & Robin et Blade qui sont sortis en l'espace d'un an alors qu'il peut sembler que les deux films soient de deux époques bien différentes et qu'ils ont un écart de temps bien plus important.
Il y a autre chose aussi. Le faible écart de temps entre cette mini-série et Identity Crisis m'impressionne également parce qu'elle met aussi en valeur quelque chose que je ne pouvais percevoir et ressentir même en le sachant. Quand j'ai lu Identity Crisis lors de sa première édition en France en librairie beaucoup de chose m'échappait et notamment le "choc" qu'il a représenté pour les lecteurs dans sa tonalité et face aux événements subits par des personnages.
Par exemple la mort de Sue Dibny quand je l'ai lu ne m'avait pas plus marquée que cela. C'était une information pour moi, plus qu'autre chose car je n'avais pas de lien avec ce personnage. Par contre en lisant cette mini-série (qui est donc sorti peu avant Identity Crisis et qui a peut-être servi de rappel pour les lecteurs américains à l'époque) et en voyant la force du couple qu'elle formait avec Ralph, je me rends mieux compte du choc qu'a représenté la mort de Sue par la suite.
Ça revient à ce que je dis toujours : on comprend l'importance des choses en découvrant le contexte.
J'ai souvent cette conversation avec des lecteurs nettement plus jeunes que moi, et qui découvrent seulement maintenant le
Dark Knight de Miller, les
X-Men de Byrne, ce genre de choses. Et qui, à la première lecture, sont en général en mode "ouais, bof". Je leur dis en général qu'il faut laisser du temps, qu'il faut d'abord lire plein d'autres choses, avant de relire avec un peu plus de bagage. Et en général, c'est fructueux.
Je crois que la grande difficulté, quand on aborde un univers tel que celui des super-héros (mais c'est valable pour n'importe quel genre, n'importe quelle forme d'expression), c'est qu'on est bien obligé de commencer par un bout, et que, au début, on n'a pas de vision de ce qui est important ou pas, de ce qui est original ou pas. Et c'est pour cela que je conseille toujours aux gens qui n'ont pas apprécié un truc de ne pas se braquer dessus, mais plutôt de le relire plus tard, en ayant entre-temps découvert plein de trucs et créé une sorte de "vision d'ensemble". Que ce genre de collection peut nous offrir, justement.
Jim