On peut considérer aujourd'hui que c'est encore la collection de référence en VF (ces albums ont tous vu le jour du vivant de Pratt), tout au moins pour les tomes 1 à 10 ou, si on veut être un peu plus restrictif ou chipoteur, pour les tomes 1, 4, et 7 à 10 en noir et blanc.
Après, pour
Les Helvétiques et
La Jeunesse, on se basera sur les eo en couleurs. Pour la Jeunesse, on pourra opter pour le grand format carré qui devrait être un jour réédité par Casterman.
Puisqu'on parle des grands formats —il y en eut cinq au total—, deux sont disponibles en fac similé (avec un feuillet très bien fait par Dominique Petitfaux resituant à chaque fois l'histoire dans son contexte et sa genèse) et ils sont hautement recommandés au prix actuel d'environ 30 euros. Les couleurs (d'Anne Frognier (qui prête ses traits à Ann de la Jungle) ou de Mariolina Pasqualini (qu'on retrouve sous le personnage impressionnant de Venexiana Stevenson), la géométrie des planches et leur format permettent d'apprécier ces récits avec une ambiance différente des autres versions, ambiance souhaitée par le maître.
Sinon, après, on peut s'intéresser aux éditions Casterman antérieures (5 volumes cartonnés du début des années 70, dont
3 en couleurs au style très fin sixties début seventies) reprenant les récits de Pif Gadget) ou aux albums luxueux et très onéreux parus encore avant chez Publicness.
Pour ceux qui ne jurent que par la couleur, les fac similés (trois devraient encore paraître : Ethiopiques, Celtiques et Jeunesse), on l'a dit, constituent une opportunité à saisir.
Et sinon, il faudra choisir entre la série lancée en 2015 ou celle des années 80/90 (beaux albums sous jaquette dont la majeure partie est parue du vivant de Pratt) avec des couleurs dues à Patrizia Zanotti. A signaler que le lettrage, les traductions et les bulles sont sensiblement différents entre les anciens volumes et la série couleur actuelle (qui est toutefois très satisfaisante, notamment pour les récits parus dans Pif).
Bien entendu, pour celui qui n'a rien ou quasiment et qui veut d'abord lire Corto en n&b, l'actuelle collection cartonnée en noir et blanc est un excellent moyen d'accéder à Corto dans un format irréprochable et dans le neuf.
Et puis, pour rassurer les autres, il vaut mieux encore posséder tout Corto dans n'importe quelle édition (même en volumes dépareillés) que pas du tout. Ce qui compte avant tout, c'est le plaisir procuré par la lecture et il faut avouer que lorsqu'on est pris dans le récit, ce formidable conteur qu'était Hugo Pratt nous fait oublier un peu le support de lecture.
Si je gagne au loto, je me tournerai vers les eo italiennes qui font le bonheur d'Arpagon et de Beboun7. Pour apprendre la langue, ça sera fort plaisant.