de the frog » 01/01/2016 00:37
Le pitch contient tout ce que j'aime, un convoi d'or que de nombreux malandrins emanant de differents horizons convoitent va de Paris a Bordeaux durant l'exode de juin 1940 juste apres la defaite de l'armee francaise alors que c'est partout la debacle et nos gangsters de profiter de ces circonstances. Il y a de l'action, de l'aventure, cela se passe en France durant une periode que j'estime tres interessante bien que le pays n'etait pas au faite de sa gloire, loin s'en faut (d'ailleurs, entre nous, je suis persuade qu'elle ne s'en est jamais remise, l'occupation nazie qui suivit n'ayant pas aide, fin de l'aparte).
Et pourtant, la mayonnaise n'a pas beaucoup pris et j'ai ete decu par cet album plus qu'autres choses tellement il s'annoncait riches de promesses helas non tenues. La faute en incombe au scenario qui est mal structure ou plutot qui a une structure tres cinematographique et pas du tout de bande dessinee. On remarque le nom de Thomas Langmann parmi les personnes remerciees par les auteurs, si vous ne le savez pas, il est producteur de cinema et vous avez peut-etre remarque son nom au generique de films (il est entre autres le producteur de The Artist, le film avec Jean Dujardin et couvert d'Oscars). En lisant cela avant d'entamer ma lecture, je me suis dit que le scenario avait du etre refuse ou n'avait pas pu obtenir un financement (il faut dire qu'un tel film couterait tres cher a produire) et que les auteurs etant tres contents du resultat s'etaient dit, pourquoi ne pas en faire d'abord une BD? Ce qui est plutot malin de leur part car si la BD a du succes, il serait alors possible d'en faire un film. Le probleme est qu'ils ont conserve la structure et le decoupage de leur scenario a l'identique plutot que de l'adapter veritablement pour une BD. Ainsi, pour citer un exemple, cela est evident dans la scene ou la fille est recrutee ou TOUT est absolument decalque sur une oeuvre cinematographique. Et tout le reste suit, cela m'a beaucoup gene et c'est entre autres cela qui est cause de ma deception.
Quant au dessin d'Astier, je l'avais trouve beaucoup plus accompli sur L'Affaire des Affaires, ainsi je considere sa derniere case ratee quant a l'expression faciale des 2 hommes. J'ai eu l'impression qu'il s'etait moins applique cette fois-ci.
Finalement, et au risque d'etre considere comme un zoophile aimant les mouches, j'ai decele au mois 2 erreurs qui m'ont gene dans la lecture. Tout d'abord la route qui va de Paris a Bordeaux est la Nationale 10 (et non 8 comme dit au debut de l'histoire). Ensuite, on ne va pas de Paris a Meung sur la Loire en passant par Chateaudun, cela ferait un sacre detour. La route directe de Paris a Meung passe par Orleans. Enfin, l'entree de Chateaudun telle que dessinee par Astier est completement differente. Je ne m'attends pas a une exactitude totale, le probleme est que ma tournure d'esprit est telle que dans un cadre, un univers que je connais bien, j'attends de l'exactitude dans les decors et autres details qui servent le recit. Cela ne me fait que mieux accepter l'histoire meme si totalement invraisemblable et si le fondement est coherent a la realite j'accepterais totalement la fiction.
C'est ce que faisait Hitchcock dans ses films ou il voulait que les decors et details soient le plus respectueux possible de la realite afin que le spectateur accepte sa fiction sans aucunes reserves. C'est ainsi que dans le Largo Winch qui se passe a Hong-Kong, La Voie et la Vertu, j'ai eu du mal a accepter la scene ou Largo poursuivi se retrouve dans un luxueux centre commercial, prend un escalier mecanique et se retrouve au sommet de Victoria Peak, une des montagnes qui dominent la ville. Or, JVH, a melange la realite pour mieux servir son scenario, le luxueux centre commercial existe bel et bien et se trouve en plein centre ville et pour aller de la jusqu'au sommet de Victoria Peak, il faut prendre un funiculaire a l'a-pic saisissant. C'est dommage que JVH ait fait cela parce que l'utilisation de ce funiculaire a des fins dramatiques et de suspense aurait pu donner lieu a une scene d'action de toute beaute tellement la montee est spectaculaire. En contrepartie, lorsque je lis les Nestor Burma de Tardi et consorts, je n'ai aucun probleme pour rentrer dans l'histoire tellement les dessinateurs ont fait des efforts de documentation pour restituer les differents arrondissements parisiens. Cela ne veut pas dire que la documentation doit etouffer l'histoire mais je pense qu'une fiction ne doit pas tordre completement le coup au reel. J'ai fait une large disgression mais j'espere que vous avez compris ou je voulais en venir. C'est ce que faisait Charlier et meme si ces recits etaient totalement invraisemblables, ils etaient suffisamment ancres dans le reel pour qu'on les accepte sans sourciller.
"Schtroumpfer, voilà ma devise!" Peyo