Trois "somnifères" vus récemment:
La Odisea De Los Giles/ Heroic Losers (Arg) : Nous sommes juste avant la grosse crise financière de 2001, qui vit de nombreuse spoliation et démoli beaucoup de destins. Dans un village en pleine Pampa argentine (Buenos Aires n’est pas si loin), un village essaie de créer une coopérative sur les bases d’anciens silos agricoles, mais les fonds manquent. Sous les conseils de notables véreux, une collecte s’engage auprès des locaux (dont certains sont totalement barjots) et une somme considérable est réunie et stockée dans un coffre. Celui-ci vidé par un indélicat et cachée dans un bunker. Le chef de projet (Ricardo Darin) s’offusque mais perd sa femme dans l’aventure, mais remonte la pente grâce à l’esprit des autres pigeonnés. La saga pour récupérer leur bien ne manquera ni de piquant, ni d’humour.
Cette « Révolte des Couillons » fut un grand succès en Amérique Latine, et Ricardo Darin (ici avec son fils) en est une des raisons principale. Le film bénéficie d’un scénario « étatsuniens » et si tourné dans le Kansas ou en Virginie avec des acteurs ricains, son succès aurait été mondial. Fort plaisant (parfois jubilatoire), même si assez prévisible dans son ensemble.
8/10 Fire Will Come/ O Que Arde (Esp) : Un pyromane (récidiviste vu l’épaisseur du dossier judiciaire) est relâché en plein hiver et retourne dans sa Galicie natale, dans une vallée perdue au milieu des Montagnes Cantabrique dans le village ou vit sa mère. Les travaux à la ferme sont durs, surtout que la vieille était esseulée avant son retour. L’hiver est rude et triste au point de rendre la nature moche et déprimante et la survie difficile, et ce n’est pas la tentative de rénovation de la ferme du coin en futur gîte pour touriste qui arrange les choses. Ignoré par la plupart, il essuie régulièrement des quolibets et seule la vétérinaire du coin lui parle vraiment. L’hiver semble interminable, jusqu’au passage de saison du printemps (qui semble trop court) et l’été où arrive avec ses feux de forêts annuels, qui démoliront tout, et immanquablement retomberont sur le suspect idéal (pourtant innocent).
Un film drame-vérité qui avance fort lentement (c’est du Slow Cinéma), parlé principalement en Galicien, le film commence par une scène de saccage forestier indécente (et qui ne sera jamais expliquée) pour finir dans les braises encore rouge (avec des images de toute « beauté »), le tout souvent souligné par une musique parfaitement en symbiose avec les images qu’elle illustre. Le réalisateur Oliver Laxe nous livre encore une fois un docudrame, parfois poignant où l’on retrouve la tronche inoubliable de l’acteur principal Amador Arias déjà vue dans le précédent docudrame Mimosas (un Western marocain dans l’Atlas). Amateurs de blockbusters à 200km/h, évitez.
7/10Honey Land (Mac) : Dans une Macédoine du Nord splendide mais désertique, où se croisent de nombreuses ethnies, mais à majorité albanaise (donc musulmane), une femme dans la 50-aine solitaire vit de son exploitations des abeilles (en ruche et sauvage) et de leur miel, qu’elle refourgue à grand coup d’esbroufe au marché de la ville la plus proche. Un peu le tiers-monde en Europe, quoi ! Vivant seule avec sa mère grabataire, elle voit arriver dans la propriété abandonnée du coin, un clan de Roms (une famille nombreuse, menée par un con et incapable de première) et leur troupeau. Clairement malgré des moyens +/- conséquents, on devine immédiatement que le quart-monde s’installe dans le tiers-monde. Si, l’accueil et l’entraide (assez unilatéral) fonctionne bien au départ, quand les nouveaux arrivants se lancent dans l’apiculture avec des résultats catastrophique, au point que la taudisation (tellement prévisible serions-nous tenté de dire) de l’endroit commence quasi tout de suite.
Même si les questions ethniques et religieuses ne sont pas abordées dans cette région sous tension (poudrière potentielle), difficile de ne pas y voir un pamphlet anti-Rom un peu raciste dans ce Slow Cinéma, mais les accents de vérités sur les dégâts occasionnés par les « indigents » aussi bien au lieu que la nature semblent que trop réels, pour ne pas dire déjà-vus. Les acteurs (amateurs vraisemblablement) semblent jouer leur propre rôle – ou du moins utilisent leurs noms réels dans ce docudrame, à un tel point que le spectateur a surtout l’impression d’être un intrus dans cette intimité assez sordide, d’où un certain malaise qui s’ajoute à la considération en début de paragraphe.
(6/10)
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)