Kiss me deadly:
Je mets pas en spoiler mais regardez quand même vu le film avant de lire mon commentaire
Film captivant, film noir, très noir qui commence par un générique surprenant, à l'envers et qui m'a fait pensé dans sa conception aux textes du début dans Star Wars.
Je ne connaissais pas ce film, ni aucun des acteurs et j'ai trouvé remarquable l'introduction de l'action sur la route nocturne avec cette femme éperdue, Christina qui courre pour échapper à un danger qu'on ne connait pas mais qui la pousse à se jeter sur la première voiture quitte à se faire écraser. Les mouvements de caméra sont aussi très réalistes et nous plongent littéralement dans la scène.
Ensuite il est difficile de ne pas se laisser entrainer dans la suite (en quatrième vitesse, titre tarte encore une fois, mais qui choisit les titres ? alors que la plupart du temps, le titre original donne un sens et des clefs pour comprendre l'intrigue, on se retrouve encore avec un titre qui ne signifie rien)
Entre parenthèse, encore dans ce film comme dans plusieurs précédents de ce ciné-club on peut admirer de superbes cabriolets, ici Jaguar convertible XK140 et la première corvette ...
Après avoir recueilli l'inconnue, l'automobiliste, dont on ne connait ni le nom ni la profession semble être un conducteur parfaitement anonyme et sans histoire dans une banale rencontre mais très vite, alors qu'on s'attend à ce qu'il dépose tranquillement la jeune femme nue sous son imper à un arrêt de bus, la pression monte et des inconnus dont on ne voit que les souliers la plupart du temps entrent rapidement et violemment dans la danse. Première éxecution, c'est bien du noir, très noir qui nous attend.
L'intrigue du film débute alors vraiment lors du réveil de Mike, dont on apprend la profession et l'envie de comprendre la suite car il flaire du gros derrière cette agression, alors qu'un type ordinaire aurait simplement été heureux d'être en vie.
Mike se révele petit à petit un fin limier aussi dur que les gangsters qu'il traquent, n'hésitant pas à utiliser des méthodes de travail brutales pour arriver à ses fins. Toute la suite est vraiment du pur Pulp, hard boiled des années 40-50, qui met en scène un monde impitoyable de gangsters, de chanteurs ou sportifs minables, de bars interlopes, de femmes fatales, tous plus ou moins gangrénés par la corruption.
Les femmes sont presque toutes sur le même moule, des femmes fatales hyper sexualisées, autant que les mecs sont des durs de durs, à l'exception de quelques personnages falots ou écrasés par leur conditions médiocres.
Mike est du genre fouineur, remueur des affaires sordides où il va fourrer son nez en allant jusqu'au domicile d'un capo lors d'un scène assez surréaliste où il débarque tranquillement chez Carl Evello au bord de la piscine.
Ce film ne s'embarrasse pas d'explication longue ou compliquée mais montre l'action dans le présent, y compris avec ces scènes dans ce qu'elles peuvent avoir d'incompréhensible (le coup magique qu'on ne voit pas, une sorte d'atemi qui paralyse l'adversaire par exemple), la soeur du gangster qui se jette sur Mike, la réaction étrange de Mitts qui avale ses cachets alors qu'on pénètre chez lui, l'utilisation du penthotal qui semble un peu trop sophistiquée, du moins pour de simples gangsters), et cette matière chaude qui reste sagement dans sa boite fermée.
Tout le monde vit dans la terreur de parler, tenu par cette tension sociale qui fait que chacun ne transgressera pas son rôle, sauf le détective qui tranche dans le vif et s'introduit partout.
A noter cette curieuse scène où le sympathique et foufou personnage de Vroum vroum est pleuré par son collègue, c'est peut être le seul moment du film où l'on se dit que les sentiments de quelqu'un ne sont pas feints ni calculés
A aucun moment, on ne pourrait imaginer dans le monde que traverse le détective Mike Hammer, qu'il puisse exister des espaces plus sereins où des Américains moyens
qui se contentent de consommer et vivre normalement. On est loin, très loin du rêve américain.
Tout la société semble être faites de relations très dures, cela se ressent jusque dans la relation entre Mike et son assistante Velda ou avec Pat le flic qui apparait pourtant comme un allié au début du film.
J'ai parfois eu du mal à comprendre le rôle et les liens entre tous les personnages qui se succèdent et dont les cadavres tombent un à un. Il faut au bout d'un moment se contenter de suivre le fil, la ficelle et jusqu'à la corde comme le fait Mike pour essayer d'y voir clair, lorsque les noms des types ou des lieux arrivent un à un .
La colocataire Lily Carver a d'ailleurs un jeu assez surprenant, très détaché malgré la terreur que lui inspire les gangsters, terreur également de l'indic Ray Machin (j'ai oublié le nom )
Autre étonnement, c'est la presque désinvolture de personnages pourtant sous la menace de latente de cette violence.
C'est l'époque de la guerre froide, mais cet aspect ne sera révélateur que très tard et quasiment pour l'explication finale du film, par une sorte d'énigme autour de la clef et du mystérieux colis qui se trouve au centre de l'affaire.
Je retiens de ce film une mise en scène très originale et nerveuse, une intrigue qui d'abord privilégie l'action dans des décors très sombres et un final monstrueux après un retournement de situation épatant.
Ma note 5/6