Rapture - John Guillermin - 1965
Bon alors en effet ce n'est pas terrible. Et il se peut fort que je ne sois pas le plus dur avec ce film.
Je jette quelques réflexions comme ça vient.
Déjà l'histoire est totalement idiote. Son père a tué sa poupée en la jetant du haut de la falaise où elle a son repère d'enfant, car justement ce n'est plus une enfant, son corps est en train de changer (la réalisation est bien insistante sur ce point), elle va donc se faire une nouvelle poupée, une nouvelle amie imaginaire, mais cette fois ce sera un homme, un épouvantail, qui va devenir bien réel avec l'irruption d'un jeune prisonnier en fuite. Comment ça c'est évident qu'il va finir pareil ? Non, ce serait de mauvais goût de nous faire une tel facilité scénaristique.
La petite Patricia Gozzi joue ici un rôle de sauvageonne à la limite de l'hystérie, qui certes est à l'âge de la découverte de son corps et des sens, mais bon, avons-nous réellement envie d'assister à tout ça ? Tous ces sous-entendus ambigus et sexuels, ça m'a bien agacé. J'étais embarrassé de revoir la jolie petite comédienne talentueuse de "Cybèle" dans cette histoire - car même si elle parle d'amour, ou plutôt d'appartenance, de possession, on voit surtout des élans de sensualité - sortie d'un mauvais roman, entre la "bonne" très sensuelle, le jeune homme en cavale qui attise tout ça, le père qui philosophie sur la justice et la folie pour masquer ses remords et sa culpabilité, la mort de celle qui ne l'a jamais aimé, et qui veut rendre la justice plus juste... je ne dis pas que tous les éléments sont mauvais, mais c'est une soupe assez indigeste. Je dois avoir l'esprit mal tourné, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que c'était un prétexte pour filmer une gamine, et ça m'a bien gêné.
Je reviens sur la petite justement, le seul intérêt du film. Sa prestation dans "Cybèle" m'avait enchanté, et là, même si on est dans le même registre d'intensité et d'émotions à fleur de peau, j'ai trouvé ça très mauvais, non pas sa façon de jouer, encore une fois très habitée, mais "perturbé" par cet anglais. Quel besoin de situer ce film en Bretagne, à Erquy – certes c'est très joli et cinématographique la Bretagne (autant aller à Cancale et tourner "Le Blé en herbe" en inversant les sexes), mais c'est en France, donc pourquoi le faire jouer par des anglais, avec dans le rôle principal une française parlant un anglais approximatif ?
C'est étrange cette carrière, deux rôles très proches, dans deux histoires aux canevas très similaires (même si j'ai beaucoup aimé l'un et pas trop l'autre), deux films relativement mélancoliques et troubles, d'enfants tourmentées, de deux enfants qui tombent amoureuses d'un homme mûr, et qui voudraient très vite devenir des femmes pour leur plaire, et bien sûr l'amoureux est tué à la fin. Un rôle très pur dans la fin de l'enfance, et l'autre déjà nettement plus sexué, au début de l'adolescence, mais encore assez chaste (et heureusement). Un autre film vers 23 ans, puis plus rien. Et pourtant tout semble indiquer qu'elle aurait pu faire une très belle carrière.
Un mot sur la réalisation. Tout allait à peu près bien (hormis quelques ombres des opérateurs et de la caméra), le N&B se prête parfaitement à ce genre et à ces paysages, il y a aussi quelques plans d'hélicoptère qui m'ont fait penser à "They Live by Night", mais la séquence en ville où la petite devient folle à chaque bruit est affreuse.
La musique de Delerue tournoie autour de l'Adagio d'Albinoni, mais à la façon des mièvreries qu'un Legrand fera plus tard pour Mulligan. On sent qu'il travaille ses futurs grands thèmes, et en particulier le thème de Camille du « Mépris », en s'inspirant des compositeurs pré-romantiques, mais pour l'heure ça reste très gentillet (pour ne pas heurter). Idéal pour un film érotique des années 80 quoi.
1,5/6
Koule, je vais pouvoir me mater le Wenders
Jolan, le gars qui n'a le droit de ne rien dire, sinon ses posts sont supprimés illico par Nexus.