Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe

Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede sergent latrique » 17/04/2021 19:27

Message précédent :
fanche a écrit:Le plaisir se télécharge, youporn a gagné [:lega]


T'emballes pas trop vite, Le plaisir d'Ophuls, même s'il met en scène des personnages de femmes légères est loin de ça. Elles sont mêmes très sages dans leur genre.
Il me reste la troisième partie à voir.
Bienvenue au club fanche :bravo:
Halte au massacre Organisasi Papua Merdeka
Avatar de l’utilisateur
sergent latrique
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 3343
Inscription: 20/11/2003
Localisation: Paris, France

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede fanche » 17/04/2021 20:29

Merciiii
J'ai vu le film et j'attend la maturation
Avatar de l’utilisateur
fanche
Maître BDGestiste
Maître BDGestiste
 
Messages: 16966
Inscription: 21/05/2015
Localisation: Melmac
Age: 48 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede makidoo » 20/04/2021 16:57

Le Plaisir, Ophüls, 1952

Adaptation de trois contes de Maupassant, je n’ai pas pris énormément de plaisir personnellement à la vision de ce film.
C’est techniquement très bon, de très beaux travellings et cadrages, une très belle photographie, un beau noir et blanc.
Le (presque) tout filmé en décors intérieurs (à part des scènes en Normandie) participe du côté « conte » avec la voix off du narrateur.
Mais bon, c’est un peu le genre de film à la qualité « françaèze » qui me laisse de marbre, qui sent la naphtaline, avant que la nouvelle vague ne vienne secouer un peu le genre.
Et la morale de chaque conte est elle aussi un peu surannée. Les prostituées « touchées par la grâce » pendant la communion à l’église me laissent totalement de marbre (voire j’ai trouvé ça grotesque), Gabin joue mal (et encore il ne cabotine pas trop), les acteurs et actrices n’ont que peu de temps pour imprimer leur marque dans ce type de film qui mêle plusieurs récits.
J’ai trouvé ça beaucoup plus ringard qu’une Partie de Campagne de Renoir (1936), adapté également d’une nouvelle de Maupassant, qui pour le coup offre un jeu et une atmosphère bien plus intéressante.
J’avais beaucoup aimé Letter from an unknown woman du même réalisateur, mais ce film là m’a profondément ennuyé.

1,5/6
Avatar de l’utilisateur
makidoo
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2817
Inscription: 29/06/2013
Localisation: Paris
Age: 51 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede euh... si vous le dites » 20/04/2021 17:34

makidoo a écrit:Mais bon, c’est un peu le genre de film à la qualité « françaèze » qui me laisse de marbre, qui sent la naphtaline, avant que la nouvelle vague ne vienne secouer un peu le genre.


Pourtant, les critiques des Cahiers, qui deviendront ensuite les cinéastes de la nouvelle vague, n'avaient que superlatifs pour les films qu'Ophuls a réalisés à son retour en France.
Ils passaient leur temps à éreinter cette "qualité française", sans jamais y assimiler Ophuls.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"
euh... si vous le dites
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 8362
Inscription: 14/06/2018

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede makidoo » 20/04/2021 17:41

Parce qu’ils étaient polis ? :?
Blague à part tu l’as vu ou pas ?
Moi à part la technique, j’ai trouvé ça terriblement ringard.
Je suis curieux d’avoir ton avis ;)
Avatar de l’utilisateur
makidoo
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2817
Inscription: 29/06/2013
Localisation: Paris
Age: 51 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede euh... si vous le dites » 20/04/2021 17:50

makidoo a écrit:Parce qu’ils étaient polis ? :?
Blague à part tu l’as vu ou pas ?
Moi à part la technique, j’ai trouvé ça terriblement ringard.
Je suis curieux d’avoir ton avis ;)


Je l'ai revu, oui.
Je suis très fan des 4 films qu'Ophuls a réalisé à son retour en France.
Madame de... est intouchable mais j'aime beaucoup les trois autres aussi.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"
euh... si vous le dites
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 8362
Inscription: 14/06/2018

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede fanche » 20/04/2021 18:13

Je viens d'arriver et je n'ai pas envie de dire que je crache dans la soupe, mais si au niveau technique la maîtrise est particulièrement remarquable (surtout la première partie avec de somptueuses scènes d'intérieur) le fond est beaucoup moins intéressant. La faute à une adaptation trop lisse ou à des histoires qui manquaient peut-être d'enjeu? Je n'ai lu que deux d'entre elles (les deux premières) et je dois reconnaître que ce ne sont pas les plus remarquables. Après il aurait peut-être gagné à changer le contexte. Si on compare à l'adaptation de John Ford, on est dans le gentillet. Bon, Ford à adapté une nouvelle qui était l’adaptation de Maupassant il me semble mais on sent le souffle épique (OK c'est un chef d'oeuvre à la base),là il y a un côté trop académique.
Vous pouvez tirer à boulets rouges

2/6
[Révéler] Spoiler:
Pas la tête
Dernière édition par fanche le 20/04/2021 18:25, édité 1 fois.
Avatar de l’utilisateur
fanche
Maître BDGestiste
Maître BDGestiste
 
Messages: 16966
Inscription: 21/05/2015
Localisation: Melmac
Age: 48 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede euh... si vous le dites » 20/04/2021 18:22

fanche a écrit:Vous pouvez tirer à boulets rouges


Ouais, parce qu'il faut noter le film !!!! :D
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"
euh... si vous le dites
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 8362
Inscription: 14/06/2018

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede fanche » 20/04/2021 18:24

Arf je vais éditer
Avatar de l’utilisateur
fanche
Maître BDGestiste
Maître BDGestiste
 
Messages: 16966
Inscription: 21/05/2015
Localisation: Melmac
Age: 48 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede sergent latrique » 20/04/2021 18:35

Le plaisir M.Ophuls (1952)
Trois contes de Maupassant, deux courts, le masque et le modèle et en pièce centrale, la maison Tellier.

L'adaptation est très classique et se tient aux nouvelles. Dans le masque, l'intérêt réside surtout dans la reconstitution d'un bal dans le Paris du début de la belle époque (est-il normal que tous ces messieurs dansent sans ôter leur hauts-de-forme ?)
Le modèle en dernière partie ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, alors que j'apprécie beaucoup les nouvelles de Maupassant.

Le traitement de la maison Tellier est le plus intéressant dans son contraste entre une ville de studio, grise, centrée autour de la maison de de tolérance et ses habitudes d'un autre temps, bien décrite par le récitant, Jean Servais et la partie campagnarde.
Le spectateur n'est jamais invité à pénétrer dans le monde clos (comme la maison) du plaisir, accessible aux seuls habitants et par niveau de richesse.
Tout est filmé en mode voyeur, par une espèce de pudeur cinématographique pour montrer ce monde à part, fréquenté par tous les messieurs de la ville qui se précipitent dans ce piège à mâles et se retrouveront désemparés lorsque l'établissement aura fermé, ne serait-ce qu'une seule journée.
J'aurais aimé de la couleur, pour voir les champs de colza, les paysages normands, le chatoiement des jarretières du colporteur dans le train.
Pour Gabin, c'est un rôle assez inhabituel, dans sa période entre deux carrières à succès, après quelques années d'exil aux Etats Unis. Il ne joue plus les gueules d'amour ou les héros, pas encore les parrains ou les flics incorruptibles rôles qui marqueront sa deuxième période de succès jusqu'à sa mort.
On retrouve surtout beaucoup d'acteurs d'avant guerre (Morlay, Brasseur, Darrieux, Dubost, Dauphin Gabin Renaud..) et peu de nouveaux: Gelin .
C'est donc une adaptation fidèle des nouvelles de Maupassant, mais sans une folle originalité, cependant, l'atmosphère des nouvelles de Maupassant, est à mon avis, bien présente, cette simplicité apparente des personnages qui dissimulent une complexité des sentiments. Les sentiments profonds ne sont jamais exposés mais ressortent parfois, lorsque la vieille évoque le passé de son coiffeur de mari, lorsque les belles dames de la ville sont touchées par une grâce religieuse incongrue face à la pureté de la communiante. Des femmes légères bien sérieuses au final comme si l'endroit ne convenait pas.
Ma note 3/6
Dernière édition par sergent latrique le 20/04/2021 20:23, édité 1 fois.
Halte au massacre Organisasi Papua Merdeka
Avatar de l’utilisateur
sergent latrique
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 3343
Inscription: 20/11/2003
Localisation: Paris, France

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede euh... si vous le dites » 20/04/2021 19:41

Le plaisir - Max Ophüls (1952)

Dès les premières secondes du film, on est entraîné dans un tourbillon virtuose jubilatoire, quel plaisir de voir l'effervescence de cette fête filmée de la sorte! Puis, le film se pose et Ophüls nous fait entrevoir, avec la magnifique élégance qui est la sienne, tout ce que cette ébullition peut avoir d'éphémère et à quel point il est difficile de se résoudre à y renoncer.
Un petit quart d'heure où la virtuosité technique ébouriffante, le sens du rythme et de ses ruptures nont jamais un seul instant oublié de se mettre au service du propos.
C'est ça le cinéma, non? A voir ces quelques minutes, on comprend sans peine l'admiration que Kubrick vouait à Ophüls et à ce film en particulier.
Changement de décor avec la Maison Tellier où Ophûls va à nouveau jouer formellement avec l'opposition entre les décors de studios urbains très cadrés et une légèreté champêtre qui offre aux personnages une parenthèse charmante.
Je me suis à nouveau laisser porter par cette légèreté, cette beauté simple qu'Ophüls parvient à rendre à merveille même si elle est formellement extrêmement étudiée. C'est là le miracle du cinéma d'Ophüls.
Et, parsemée toujours avec élégance, des petites touches d'amertume et de mélancolie viennent ça et là empêcher le film de sombrer dans la mièvrerie.
Peut-être l'art d'Ophüls convenait-il mieux à l'univers viennois de Schnitzler qu'il venait d'adapter dans La ronde mais, pour moi, ça fonctionne aussi très bien avec Maupassant.
Le troisième segment du film m'a cependant paru plus mineur. Dommage.

Ma note : 5/6 (6/6, c'est pour Madame de...)
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"
euh... si vous le dites
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 8362
Inscription: 14/06/2018

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede makidoo » 20/04/2021 20:16

Mouais, quand les Cahiers de l’époque où Kubrick trouvent ça génial, c’est super, par contre dans un film oublié bourré de qualités comme Cybèle ou Les Dimanches de Ville-d'Avray, tu disais
euh... si vous le dites a écrit:je comprends très bien que l'on puisse trouver de nombreuses qualités au film mais bon, c'est du cinéma français vieillot comme je n'aime pas.

:siffle: :D
Avatar de l’utilisateur
makidoo
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2817
Inscription: 29/06/2013
Localisation: Paris
Age: 51 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede euh... si vous le dites » 20/04/2021 20:44

makidoo a écrit:Mouais, quand les Cahiers de l’époque où Kubrick trouvent ça génial, c’est super, par contre dans un film oublié bourré de qualités comme Cybèle ou Les Dimanches de Ville-d'Avray, tu disais
euh... si vous le dites a écrit:je comprends très bien que l'on puisse trouver de nombreuses qualités au film mais bon, c'est du cinéma français vieillot comme je n'aime pas.

:siffle: :D


Coup bas. Carte jaune. ;)
Plus sérieusement, désolé mais je trouve que formellement Cybèle relève d'une esthétique plus "vieillotte" que Le plaisir.
Ca m'a dérangé parce que ça m'a ramené à tout un pan du cinéma français que je trouve compassé et qui ne m'intéresse pas vraiment.
Après, je n'empêche personne de trouver des qualités à Cybèle et ça ne me dérange nullement que l'on puisse trouve que Le plaisir est un film ringard. Je n'ai juste pas le même avis, c'est tout.
Ceci dit, je ne cache pas que mon éducation cinéphilique s'est basée à une époque en partie sur l'appareil critique de la nouvelle vague et de ceux qui se sont inscrits à leur manière dans une démarche assez proche mais je pense qu'on est ici tous assez grands pour exprimer ses impressions personnelles.
Par contre, que Kubrick admire le film, c'est un fait qui me semble tout à fait cadrer avec la vision du cinéma du gars et ça me semble pertinent de le mentionner, mais c'est une caution qui me laisse personnellement assez indifférent.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"
euh... si vous le dites
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 8362
Inscription: 14/06/2018

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede makidoo » 20/04/2021 21:31

euh... si vous le dites a écrit:Coup bas.


Oui n’est-ce pas ? J’attendais le bon moment ! :fant2:

Je me doute bien que tu n’as pas besoin d’une quelconque caution pour apprécier les qualités d’un film. C’est juste que je trouve que dans ce cas là il y a un côté 2 poids 2 mesures...

Moi comme je l’ai dit, techniquement je trouve le film d’Ophüls très bon, il y a des travellings incroyables, une vie qui transparaît dans certains plans, comme tu le dis, oui, c’est ça le cinéma. Mais c’est aussi un jeu d’acteurs et d’actrices, des émotions, une histoire. Et là pour le coup je trouve ça vieillot et poussiéreux. Ça me sort du film et ça m’empêche de le trouver irréprochable. Comme toi pour Cybèle, j’ai dû me forcer pour aller au bout.
Avatar de l’utilisateur
makidoo
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2817
Inscription: 29/06/2013
Localisation: Paris
Age: 51 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede Olaf Le Bou » 20/04/2021 22:48

ah c'est sûr que pour ce qui est du naturel du jeu des acteurs et la véracité du propos Cybèle est cent coudées au dessus du Plaisir.

Comme beaucoup j'ai été charmé par la virtuosité technique, des mouvements de caméras aux éclairages en passant par les cadrages et le montage, c'est un régal pour les yeux et pour l'esprit. par contre je trouve également les acteurs assez théâtraux et démonstratifs, il n'y a guère que la voix off qui sorte du lot. Mais ce qu'au final je trouve assez vain c'est les histoires en elles-mêmes... une fois dépouillées des oripeaux littéraires du texte original (hormis la voix off, donc), ces tranches de vies ne sont guères passionnantes. Le premier conte est trop bref pour qu'on s'intéresse aux protagonistes, qui sont à peine véritablement présentés d'ailleurs, tout cela est joyeusement virevoltant, puis vire à la farce tragique, mais il n'y a aucun enjeu du fait de l'anonymat entourant les personnages.
le deuxième conte est déjà plus fouillé, et dresse de vrais portraits, aussi bien des protagonistes que de la ville elle-même, mais surtout de la maison de passe, traitée comme un personnage à part entière. Puis c'est la parenthèse champêtre, tout cela est très charmant, léger, primesautier, mais toujours sans grand enjeu. Le ton gentiment humoristique soutient un peu l'intérêt de la chose.
le dernier conte est là encore trop bref, même s'il prend le temps de poser les bases du récit et de présenter le couple de héros, mais il y avait matière à plus de densité dans le propos et plus de développement de l'intrigue, là les ellipses temporelles tuent toute possibilité d'empathie et d'identification.

bref, ça se laisse voir sans déplaisir, logique, mais la maitrise formelle ne suffit pas à combler le manque d'épaisseur du récit.

:arrow: 3/6
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
Avatar de l’utilisateur
Olaf Le Bou
BDGedï
BDGedï
 
Messages: 33931
Inscription: 20/03/2008
Localisation: Cambrésis
Age: 56 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede jolan » 21/04/2021 00:43

Le Plaisir – Max OPHÜLS – 1952

1 – Le Masque : De beaux décors « extérieurs », la caméra est virtuose et virevoltante (pas de caméra à l'épaule à l'époque, les plans-séquences de la danse et de l'arrivée du docteur sont préparés au millimètre avec une grue et une caméra encombrantes), belle qualité d'image, comme dans les autres films d'Ophüls, ça fait plaisir à voir. Mais le thème, pour plaisant qu'il soit, n'est ici qu'une esquisse. Une histoire eût été préférable. Comme pour les autres nouvelles d'ailleurs...
C'est marrant, on dirait Ustinov le masque avec le nez et la petite moustache. En plus maigre.

2 – La Maison Tellier : Ah mais c'est qu'c'est par chez moué tout ça, Maupassant, Flaubert, Malot, c'est des escrivains d'min coin.
Ici le plan-séquence d'ouverture est ambitieux, mais par trop cahotant, avec caméra tremblotante, c'est dommage. Comme le dit Tavernier dans ses documentaires laudatifs, tout est filmé de l'extérieur, et on ne voit la maison qu'à travers les fenêtres, puisqu'il s'agit d'une maison close, et on est un peu comme des voyeurs qui viennent zieuter les jolies femmes par les persiennes. D'ailleurs, l'histoire ne parle pas de la maison mais bien des femmes qui la composent, et l'action se situera en dehors, à la campagne, où elles découvrent le silence de la nuit, le fait de devoir se coucher tôt... et seules.

« Eh bien pour un samedi, c'est un drôle de samedi » se plaignent les notables qui voient la porte de la maison close close. Ca me rappelle mes jeunes années, où le samedi était synonyme de réjouissances, de virées avec les amis, de sorties dans les bars, d'incrustes improvisées dans des soirées. Ah la la, que de souvenirs... et s'il y avait un samedi où je restais chez moi, j'étais dégoûté pour la semaine

« Moi j'dis que les enfants faut qu'ils aient toujours de la religion, ça a ben le temps de s'en aller plus tard » Il est bien dans ce rôle le gars Gabin, c'est un peu lui d'ailleurs, Gabin c'est un terrien, un fermier, enfin, un éleveur, un gars de la terre, mais aussi le séducteur, il dragouille gentiment la m'dame Rosa, Danielle Darrieux, avec sa cigarette au bec pour se donner un genre parisien.
Puis le « navire rentre au port, avec son chargement de morues retrouvées », et la maison est inondée de fleurs qu'elles ont cueillies, en souvenir de cette journée mémorable où elles ont rencontré Jésus, et une sorte de pureté, nous dit l'auteur.

3 – Le Modèle. Enfin, la modèle. Ou le modèle à ne pas suivre. La jalousie.
Cette nouvelle était celle qui pouvait me plaire le plus, une histoire d'amour entre un artiste et une jeune modèle, mais non, c'est fade, et on ne sait même pas ce qu'est cette histoire, leur histoire, et ce qui cause ce désamour, qui conduit au drame (en caméra subjective, plan original), si ce n'est que c'est une banale histoire d'amour puis de jalousie. Bon.
« Etait-ce par amour, était-ce par orgueil, elle le cherchait partout » mais qu'est-ce que l'amour, si ce n'est de l'orgueil ?
Fin sur la plage de Trouville : « Il a trouvé l'amour, la gloire, la fortune, est-ce que ce n'est pas le bonheur ? - Tout de même, tu m'avoueras que cela est bien triste – Mais mon cher, le bonheur n'est pas gai » C'est vrai, le bonheur est avant tout un moment friable, un état fragile qui ne demande qu'à vaciller, donc une intranquillité permanente. Surtout si ce ne sont qu'illusions et bonheurs qui n'apaisent pas la souffrance.

Il y en a de belles choses à adapter chez Maupassant, mais j'aurais plutôt vu Ophüls adapter des nouvelles à la dramaturgie plus profondes, parmi les plus tardives, ou des romans même « Bel Ami » ou « Fort comme la mort », on est en tout cas très éloigné du Maupassant et du Ophüls que j'apprécie, on croirait les films à sketches des années 60.

Mais j'aime bien les jolis extraits narrés par Jean Servais, les décors (enfin, pas tous, le village de la maison Tellier dénombre quelques maisons normandes aux toits bien trop plats, et quelques ombres au Café du Port d'un carton bien statique) et l'image sont sublimes, magnifiées par un noir et blanc somptueux.

Fond 1, Forme 4

2,5/6

* * *

Bon, eh bien nous sommes presque au complet, manque plus que Lobo (tous les avis le même jour c'est rigolo)

@Fanche, welcome, ça fait plaisir d'avoir un nouvel acolyte dans notre petite communauté moribonde qui passe son temps à s'invectiver et à mettre une ambiance de merde, et ceci dans le plus profond irrespect d'autrui et des convenances bien sûr :D
Tu peux nous proposer un film unique ou une liste de films (pas trop, on n'est que 7, on tourne en général sur le même nombre de films (moins 1 ou 2) que de participants d'ailleurs). Perso je préfère proposer des films que je n'ai pas vus, mais en fait chacun propose bien ce qu'il veut (et puis personne ne peut vérifier). Je ne sais pas si tu as vu, mais on essaie de se cantonner aux cinémas d'avant 1970, mais chacun fait bien ce qu'il veut, après tout, on est en... je ne sais plus...

:lisezmoi:
Jolan, le gars qui n'a le droit de ne rien dire, sinon ses posts sont supprimés illico par Nexus.
Avatar de l’utilisateur
jolan
Expert BDGestiste
Expert BDGestiste
 
Messages: 14392
Inscription: 03/05/2003
Localisation: Sotteville-lès-Rouen
Age: 49 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede makidoo » 21/04/2021 06:39

Oui ! Bienvenue Fanche !
Tu verras, grosse ambiance ici :D
Un conseil pour débuter, enfin je dis ça je dis rien, propose nous des comédies musicales franchouillardes, ça devrait bien plaire ;)
Avatar de l’utilisateur
makidoo
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2817
Inscription: 29/06/2013
Localisation: Paris
Age: 51 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede Olaf Le Bou » 21/04/2021 07:19

rigoles, tu feras moins le malin quand je proposerai un marathon Huillet & Straub :diable:
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
Avatar de l’utilisateur
Olaf Le Bou
BDGedï
BDGedï
 
Messages: 33931
Inscription: 20/03/2008
Localisation: Cambrésis
Age: 56 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede euh... si vous le dites » 21/04/2021 08:15

Olaf Le Bou a écrit:bref, ça se laisse voir sans déplaisir, logique, mais la maitrise formelle ne suffit pas à combler le manque d'épaisseur du récit.


C'est une considération qui me laisse songeur : pourquoi donc le récit devrait-il être nécessairement épais pour que le film soit bon ?
Le plaisir, celui que l'on peut prendre à regarder un film, ça peut aussi être celui de la légèreté éphémère, évanescente, qui tourbillonne et qui nous rend simplement heureux pour un moment.
Si je prends l'exemple d'un autre film à sketches, le Chungking express de Wong Kar-Wai, y a une maîtrise formelle ébouriffante, ça ne raconte pratiquement rien et on cherchera en vain toute trace d'épaisseur et, pour moi, c'est pourtant un des plus beaux films du monde. Un film que je peux voir des dizaines de fois avec un plaisir à chaque fois renouvelé.
A contrario, à force d'épaisseur, Cybèle m'est apparu opaque.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"
euh... si vous le dites
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 8362
Inscription: 14/06/2018

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede makidoo » 21/04/2021 08:25

Tout à fait d’accord.
Je reprends l’exemple d’une Partie de Campagne de Renoir. L’histoire tient sur un timbre poste (probablement comme la nouvelle de Maupassant que je n’ai pas lue), mais effectivement, l’atmosphère, la légèreté, les plans sur la nature, le cours d’eau, la spontanéité des acteurs, tout concourt à donner un réel plaisir à la vision de ce film (pour ma part).
Mais là en l’occurrence, avec Ophüls, je trouve que ça ne fonctionne pas.
Avatar de l’utilisateur
makidoo
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2817
Inscription: 29/06/2013
Localisation: Paris
Age: 51 ans

Re: Ciné-Club BDG séance 63 : "Le Plaisir" (Ophüls 52)

Messagede Olaf Le Bou » 21/04/2021 08:31

euh... si vous le dites a écrit:
Olaf Le Bou a écrit:bref, ça se laisse voir sans déplaisir, logique, mais la maitrise formelle ne suffit pas à combler le manque d'épaisseur du récit.


C'est une considération qui me laisse songeur : pourquoi donc le récit devrait-il être nécessairement épais pour que le film soit bon ?


j'ai pas dis que c'était nécessaire, il est des films à l'intrigue minimale qui me tiennent pourtant en haleine, mais en l'occurrence j'ai ressenti un manque, un déséquilibre entre la maestria de la réalisation et la légèreté du propos, qui font qu'au final je trouve l'exercice un peu vain et légèrement décevant.
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
Avatar de l’utilisateur
Olaf Le Bou
BDGedï
BDGedï
 
Messages: 33931
Inscription: 20/03/2008
Localisation: Cambrésis
Age: 56 ans

PrécédenteSuivante

Retourner vers Le bistro

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: satanpetitcoeur et 0 invités