de sergent latrique » 05/09/2020 19:55
Outrage Ida Lupino (1950)
Un film aux apparences très classique du cinéma hollywoodien au premier abord mais qui traite d'un thème qui l'est beaucoup
moins en 1950 et sur un mode encore moins classique. Une sorte de metoo bien avant l'heure dans ce drame.
L'histoire est celle d'Ann, une jeune femme modeste, employée de bureau, fille de professeur, fiancée et prochainement mariée à un jeune homme, Jim, de même condition.
Tout concourt à une romance à l'eau de rose, pleine de bonheur et d'un futur enchanteur.
Ann, happy go lucky et son chevalier servant envisage un avenir radieux. Même le père qui pétrifie son ancien élève se rallie à leur cause.
Las, un soir, la jeune fille subit le pire des outrage par un type patibulaire et fait basculer sa vie dans le déshonneur et une mort sociale.
J'aime beaucoup ces films sans grands héros se déroulant dans des milieux populaires, à la limite du reportage dans une vie réelle, ouvrière, avec des personnages communs et de 'girl next door'.
La jeune fille salie, ressent durement après le viol, le regard, réel ou supposé, de son entourage. L'opprobre parait encore plus difficile à supporter que le viol lui-même.
Elle se sent comme une bête curieuse et après une fugue se retrouve dans une petite ville de Californie (où l'éction se situe) où elle échappe aux recherches en se dissimulant sous un faux nom.
Dans cette nouvelle vie, toujours sensible et rétive aux approches des hommes, un pasteur, Bruce Ferguson, va pourtant lui redonner confiance en elle.
Au cours d'une fête à la fin des récoltes, un danseur un peu trop insistant va la replonger dans son cauchemar et la conduire à le frapper avec une clef anglaise
Dans la réalisation du film lui-même, on reste dans le style classique, les images sont plutôt bien faites, mais les scènes sont peu téléguidées. Exemple, scène du viol: un sale type une sale rue, le sale type est patibulaire avec une grosse cicatrice, la victime sent tout de suite qu'on va l'agresser avant même qu'on la suivre vraiment, elle renverse la poubelle posée là comme une phare devant une nuée de moustiques dans une ville de décor vidée de tout habitant (tu vois le truc venir à des kilomètres avant que ça n'arrive)
Le film ne se veut pas spectaculaire, les images du viol sont totalement occultées et il ne se devine que dans le regard de la victime (à peine d'ailleurs).
La fin, la rédemption, le discours du pasteur, tombe un peu trop dans le mélo.
Donc un film courageux dans le thème et l'intention mais simplement honnête dans sa réalisation.
Ma note
3,5 /6
Halte au massacre Organisasi Papua Merdeka