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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Ciné-Club BDG séance 43

Messagede sergent latrique » 20/08/2020 12:21

Message précédent :
euh... si vous le dites a écrit:Je t'aime, je t'aime - Alain Resnais

"Ca n'a aucun sens", "Tout ça pour ça", "Ca ne raconte rien", j'imagine les réactions face à ce film...
Il s'agit là de la relation d'une angoisse existentielle, patchwork éclaté d'évènements anodins explorant les méandres d'une vie, d'une relation, mais n'expliquant rien. Sur un ton subtilement narquois et presque surréaliste qui instaure une distance et semble nous dire que tout ceci n'est au fond désespérément pas très important.
Il faut se laisser porter par ce film, y entrer par la musique envoûtante de Penderecki lors du trajet en voiture, accepter une cohérence interne née d'un dispositif scientifique farfelu qui déraille. A cette condition, on peut comme moi trouver dans ce film une expérience cinématographique profondément fascinante et stimulante.
Tout ceci ne serait cependant pas possible sans la prestation exceptionnelle de subtilité de Claude Rich. Pour moi, sans doute le meilleur rôle de sa carrière.
Je pense que les ambiances générées par le film et la persistance de nombreuses images vont m'accompagner pendant un certain temps.
Très beau film.

Ma note : 5/6


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Re: Ciné-Club BDG séance 43

Messagede euh... si vous le dites » 20/08/2020 12:35

sergent latrique a écrit:
euh... si tu le dis


Je n'ai aucun problème avec le fait que certains spectateurs trouvent l'expérience vaine et hermétique et s'ennuient à la vision du film.
Il me parait normal qu'un film qui porte dans son projet même une telle volonté de s'éloigner des modes de narration traditionnels ne peut que susciter la division.
C'est très bien ainsi.
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Re: Ciné-Club BDG séance 43

Messagede lobo » 20/08/2020 12:52

euh... si vous le dites a écrit:Je t'aime, je t'aime - Alain Resnais
"Ca n'a aucun sens", "Tout ça pour ça", "Ca ne raconte rien", j'imagine les réactions face à ce film...


C'est même pas ça. Je n'ai rien contre les films qui ne racontent rien. Un film c'est pas forcément fait pour raconter. Que raconte l'homme à la caméra ? Mais il y a la manière de le faire. Là, pour moi, c'est loupé et je me suis emm** comme jamais. Peut-être est-ce les femmes qui se ressemblent toutes. Peut-être est-ce le côté "série de SF des 60s", avec ces savants improbables, avec cette machine psychédélique. Peut-être est-ce aussi le scénario de Sternberg, un auteur que je trouve très mauvais (et qui n'a rien à voir, selon moi, soit dit en passant avec le Nouveau Roman). Et, perso, je n'ai pas trouvé le jeu de Claude Rich bien subtil... Ah que voilà un film clivant !...
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Re: Ciné-Club BDG séance 43

Messagede sergent latrique » 20/08/2020 13:08

euh... si vous le dites a écrit:
sergent latrique a écrit:
euh... si tu le dis


Je n'ai aucun problème avec le fait que certains spectateurs trouvent l'expérience vaine et hermétique et s'ennuient à la vision du film.
Il me parait normal qu'un film qui porte dans son projet même une telle volonté de s'éloigner des modes de narration traditionnels ne peut que susciter la division.
C'est très bien ainsi.


T'inquiète pas, c'était juste une boutade. :lol:

Mais clairement, on a pas du tout la même vision du film, et même en me laissant porter, ce que j'arrive à faire avec d'autres réalisateurs de la nouvelle vague, là, non. Aucun film de Resnais ne m'a convaincu.
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Re: Ciné-Club BDG séance 43

Messagede euh... si vous le dites » 20/08/2020 16:12

lobo a écrit:Et, perso, je n'ai pas trouvé le jeu de Claude Rich bien subtil...


Pourtant, la finesse de son jeu permet en une fraction de seconde de situer chaque fragment de film dans la ligne temporelle.
Son jeu sert de guide dans ce patchwork éclaté.
Autant je peux comprendre que le film rebute, qu'on le trouve vain et hermétique, même profondément ennuyeux, ... autant je trouve injustes les critiques à l'encontre de la prestation de Claude Rich.
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede lobo » 20/08/2020 19:59

euh... si vous le dites a écrit:
lobo a écrit:Et, perso, je n'ai pas trouvé le jeu de Claude Rich bien subtil...

Pourtant, la finesse de son jeu permet en une fraction de seconde de situer chaque fragment de film dans la ligne temporelle.
Son jeu sert de guide dans ce patchwork éclaté.

Alors là, ça m'a vraiment échappé. Au temps pour moi. Si c'est le cas, chapeau...
Je disais ça parce que j'avais le souvenir du dialogue avec les scientifiques où à plusieurs reprises je me suis dit : qu'est ce qu'il joue mal... Je crois que je n'aime pas du tout cet acteur... Comme Lino, j'ai envie de dire qu'il me les brise menu
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede euh... si vous le dites » 20/08/2020 20:53

lobo a écrit: Comme Lino, j'ai envie de dire qu'il me les brise menu


Moi, c'est Lino qui me les brise menu... :lol:

Bon sinon, on a atteint les 100 pages. [sing] [sing] [sing]
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede jolan » 20/08/2020 22:04

- Ah non, juste au moment où la petite flûte allait répondre au cor !!
- C'est vrai tonton, ces choses-là ne se font pas

:lisezmoi:
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede euh... si vous le dites » 20/08/2020 22:29

jolan a écrit:- Ah non, juste au moment où la petite flûte allait répondre au cor !!
- C'est vrai tonton, ces choses-là ne se font pas


Michel Audiard représente à la perfection tout ce que je déteste dans un certain cinéma français.
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
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Re: Le ciné club Instants Palmes d'Or

Messagede jolan » 20/08/2020 23:20

euh... si vous le dites a écrit:
Olaf Le Bou a écrit:les dialogues d'Audiard


Ca, pour moi, c'est définitivement rédhibitoire.


On avait cru comprendre ;)
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede lobo » 20/08/2020 23:53

jolan a écrit:- Ah non, juste au moment où la petite flûte allait répondre au cor !!
- C'est vrai tonton, ces choses-là ne se font pas

:lol:
Non, de Lino je ne dirais pas qu'il me les brise menu. Mais ce n'est pas un acteur dont je raffole non plus.
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede nexus4 » 21/08/2020 08:46

Et Ventura qui bouffe en regardant la pochette après. :D

Sinon, globalement, ce que vous aimez représente tout ce que déteste Euh si vous le dites. C'est relativement systématique. ;)
Et inversement. :lol:
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede lobo » 21/08/2020 12:03

Non, il nous arrive d'être d'accord.
Sur un certain cinéma français avec Ventura et dialogues d'Audiard, je ne serais pas aussi radical que euh... C'est devenu kitsch, d'accord, mais le kitsch peut avoir son intérêt. Surtout quand tout est surjoué comme dans les Tontons flingueurs. Ca continue à me faire marrer. Dans "je t'aime je t'aime", c'est le kitsch des années 70 qui commence à pointer (le look de la machine et du "fauteuil" temporels), mais c'est tellement "sérieux" (sauf quelques détails, la souris sur la plage, les savants néerlandophones non traduits dans un film francophone), qu'à mes yeux, c'est un kitsch ridicule et ennuyeux. Tout ceci à mon humble avis évidemment.
De Resnais j'avais vu enfant Nuit et brouillard, qui m'avait traumatisé, plus tard mon oncle d'Amérique que j'avais trouvé bien, Smoking/no smoking, que j'avais trouvé divertissant et On connaît la chanson, qui me paraissait un peu une fausse bonne idée. Mais encore une fois en tant que fan de BD et qu'amateur d'histoire de la BD, pour moi Resnais, avec le groupe qui publiait Giff-Wiff, représente aussi l'un de ces pionniers de la légitimation de la BD.
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede euh... si vous le dites » 21/08/2020 17:35

Bon, c'est pas tout ça, mais pour le lien vers le Kalatozov, j'ai un fichier avec le film en qualité nickel mais il est trop gros.
Si quelqu'un peut fournir un lien, ce serait super, sinon je vais voir à splitter mon fichier en deux.
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede sergent latrique » 21/08/2020 17:59

nexus4 a écrit:Et Ventura qui bouffe en regardant la pochette après. :D

Sinon, globalement, ce que vous aimez représente tout ce que déteste Euh si vous le dites. C'est relativement systématique. ;)
Et inversement. :lol:


Les divergences sur le Resnais ne se retrouvent pas sur tous les films, mais sur certains il y a effectivement du grand écart dans les notes et les avis. Claude Rich et Lino Ventura sont amha deux bons acteurs que j'apprécie, mais il faut reconnaitre que Lino se cantonnait toujours dans le même rôle de gros dur sans faille et sans reproches, ce qui devait correspondre assez à sa personnalité réelle d'après ce que j'ai pu lire ou entendre. Je ne me souviens pas de l'avoir vu dans un autre type de personnage.

Pour la taille du fichier, trop gros, c'est combien de Go ? on a eu jusqu'à 4 Go pour un des films.
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede jolan » 21/08/2020 18:40

Je peux envoyer le lien d'un 2 Go dans la soirée ;)
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede jolan » 22/08/2020 04:27

Le lien

[Révéler] Spoiler:
https://we.tl/t-kSeL7lSOBY
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede lobo » 24/08/2020 23:31

La lettre inachevée (Kalatozov 1960)
Je n'avais pas aimé "Quand passent les cigognes" du même Kalatozov, j'ai détesté cette "lettre inachevée", survival réaliste socialiste d'un profond ennui, puant lui aussi la propagande (aargh le credo de la komsomol) même si l'épisode du discours à la radio, seul moment comique, peut apparaître comme une petite critique de la langue de bois soviétique.
Sur le plan scénaristique, rien n'accroche, ni la lettre de Constantin à Vera , ni le triangle amoureux qui n'aboutit pas à grand chose, ni l'aspect survival proprement dit, où tous les poncifs sont soigneusement déclinés : le guide costaud amoureux transi qui meurt en héros en sauvant les vivres, le manneke à lunettes qui devient un poids mort pour les deux autres et qui se sacrifie, la jeune fille très courageuse qui malgré tous ses efforts.., le chef de l'expé, héros soviétique qui veut sauver la carte du gisement à tout prix...
Sur le plan de la mise en scène, pour quelques belles images de la taïga (dont certaines, fugaces, m'ont rappelé l'enfance d'Ivan de Tarkovski, à mille coudées au-dessus), de l'incendie, de la neige et du fleuve glacé qui sauvent le film du zéro, combien d'effets outrés et idiots : les flammes au premier plan quand il rédige sa lettre, les apparitions de Vera, les souvenirs en surimpression, les scènes de course où tout devient illisible, même ces ombres chinoises en contre-plongée sur fond de ciel d'orage m'ont agacé par leur caractère systématique et répétitif.
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede Le Complot » 28/08/2020 17:26

euh... si vous le dites a écrit:
jolan a écrit:- Ah non, juste au moment où la petite flûte allait répondre au cor !!
- C'est vrai tonton, ces choses-là ne se font pas


Michel Audiard représente à la perfection tout ce que je déteste dans un certain cinéma français.

Les bénéfices, ça se divise, et la réclusion, ça s'additionne... :D
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede jolan » 29/08/2020 05:39

La Lettre inachevée – Mikhail KALATOZOV – 1960

C'est dommage. Un film qui commençait plutôt bien. Un groupe d'individus lâché dans l'immensité de la nature (joli premier plan d'hélico, même s'ils parlent après d'un avion qui les a déposés), où leur humanité et leur vraie nature vont être mises à rude épreuve. Entre les universitaires Konstantin (qui écrit son périple à sa lointaine Véra, non pas une lettre inachevée comme dans le titre français, mais « non envoyée »), Andrey le jeune scientifique chétif à lunettes, sa collègue et petite amie Tatiana, et leur guide Serguey, grand gaillard frustre et musculeux (qui s'éprend de la demoiselle), il va pouvoir se passer et se dire des choses.
Les hommes livrés à eux-mêmes dans une nature de plus en plus hostile (les éléments sont de la fête, abondance de pluie, de vent, de feu) vont se révéler devant l'adversité, la solitude et le besoin de satisfaire des besoins humains : les âmes courageuses, la force des sentiments, les jalousies, les rivalités, les tourments de l'âme humaine vont pouvoir se confronter et s'affronter dans leur spectre le plus complet.
Le rapport à la société, dont ils se sont coupés pour lui venir en aide (j'ai même cru à un moment qu'il serait question du péril atomique), à la patrie, au patriotisme, à l'argent, la survie voulue puis subie, l'homme chasseur, l'homme et son animalité, les rivalités entre scientifiques, les hiérarchies, entre les universitaires de la ville et le guide "des steppes", entre les hommes et la femme, bref, il y avait largement de quoi consolider le propos et les thématiques.
Mais non, il n'en sera rien.

« Optimistes et pleins d'espoir ». Oui, comme moi dans les premières minutes. Mais comme eux je vais vite déchanter.

Après un premier tiers consacré à l'exposition, avec des esquisses de thèmes et de dialogues intéressants, nous aurons les deux derniers tiers uniquement consacrés à leur tentative désespérée pour essayer de se sortir de cette terre hostile où ils meurent les uns après les autres. Du coup, j'ai la désagréable impression que le film évite son propre sujet.

C'est dommage parce qu'il avait beaucoup d'armes pour me plaire : une jolie réalisation ample et organique, avec de beaux effets de pluie, de reflets dans l'eau, en plans serrés au plus près des êtres humains, leurs visages, ou isolés dans l'immensité - pour encore davantage montrer leur infinie petitesse au milieu de la nature – un joli travail sur le cadre (cadres en diagonale) et l'éclairage, le N&B. J'ai beaucoup pensé à des réalisations comme je les aime, à la Tarkovski, ou Inarritu sur "The Revenant". Même si on en est très loin, joli boulot du chef op.

Mais il y a hélas aussi beaucoup trop de plans qui manquent de construction, de rigueur, les scènes se suivent de manière trop inégale, plus ou moins subtiles (scènes d'errance dans les arbustes, scènes de travaux, d'allégresse), les effets sont plus ou moins de bon aloi (flammes insérées au premier plan, filtres assombrissants)

Bref, un film qui partait bien, et dont j'ai trop vite vu les limites. Autant dans « Quand passent les cigognes » nous avions une grande qualité esthétique qui permettait à une histoire somme toute assez mince d'exister, autant ici l'absence d'histoire se fait vraiment trop ressentir dans toute la seconde moitié. C'est dommage que le scénario, comme la lettre, soit juste entamé. Il y avait moyen de dire beaucoup plus, en montrant bien plus.

2/6
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Re: Ciné-Club BDG séance 43 "La Lettre inachevée" (Kalatozov 60)

Messagede euh... si vous le dites » 29/08/2020 12:42

La Lettre inachevée – Mikhail KALATOZOV – 1960

Déception pour moi aussi. Grosse déception.
La première partie m'a paru très longue sans pour autant qu'elle parvienne à m'intéresser ni aux 4 protagonistes ni à leurs tribulations pour trouver des diamants.
La partie survival débute mieux, avec des images impressionnantes d'incendie dans la taiga sibérienne mais j'ai vite déchanté. Les personnages, déjà très peu incarnés dans la première moitié du film, peinent toujours à exister face à la volonté manifeste de Kalatozov de produire de la belle image. J'ai senti au final assez peu l'âpreté et la rudesse du combat des hommes contre les éléments. L'utilisation pataude de la musique n'arrange en plus pas les choses.
Mais là où le film m'a le plus déplu, c'est dans son approche philosophie et idéologique de la relation des hommes avec la nature. La nature n'est perçue que comme un élément à exploiter et à dominer. Même quand elle se rebiffe, l'opiniâtreté et le sens du sacrifice des êtres humains (socialistes soviétiques, mais pas que) montre qu'ils lui seront toujours supérieurs.
Vu depuis notre monde contemporain, dans lequel les considérations liées aux modifications du climat occupent le devant de la scène, l'exaltation de ce rapport de domination unilatérale des hommes sur la nature montre en creux l'aveuglement criminel du mode de pensée véhiculé par ce film.

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