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Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

La politique, la musique, le cinéma, les jeux vidéos et la culture en général lorsqu'elle ne traite pas directement de bande dessinée

Re: Le ciné club

Messagede Olaf Le Bou » 12/04/2019 21:25

Message précédent :
vu Il Sorpasso ce matin, et difficile de ne pas tomber dans la redondance et la superfétation au vu des avis très justes de mes prédécesseurs.
Un film d'une richesse thématique évidente, d'abord, à la fois road-movie et buddy-movie, chronique sociale et documentaire, alternant drame et comédie, flirtant avec le non-sens (non habemus cricus !), le burlesque, la comédie de mœurs, tout en jetant un regard souvent noir et désabusé sur la société.
Des acteurs épatants, ensuite, avec un casting réussi jusque dans les plus petits rôles, et deux merveilleux comédiens au premier plan. Grande direction d'acteur également, Risi arrive à capter une foultitude de sentiments, dans les expressions, les regards, les gestes… et puis des dialogues savoureux, même si on en perd beaucoup à la traduction.
Mise en scène sobre, la camera se fait oublier, l'aspect documentaire du film vient peut être de cette sobriété apparente dans les cadrages (en plus du jeu si naturel des figurants).
Et puis l'histoire en elle-même est chouette, cette rencontre improbable, l'évolution des personnages, comment ils se révèlent petit à petit, les fêlures, l'amitié naissante, comment Trintignant prend courage et attise l'espoir d'une vie plus intense, et comment Gassman prend conscience d'être passé à côté de l'essentiel à force de vitesse et de superficialité.
en définitive, bien plus que de dépassement, Il Sorpasso parle de surpassement.


5/6 pour moi.
(un film que j'avais vu gamin, il m'en restait de vagues souvenirs, et il passe bien l'épreuve du temps ce Fanfaron)
Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux

En toutes choses, subordonner le désir de juger au devoir de comprendre.
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 15/04/2019 21:10

Le Fanfaron – Dino RISI – 1962

Un film que j'ai pris beaucoup de plaisir à revoir, d'autant que j'en avais un souvenir très flou, et je n'ai pas vu du tout le même film. Hormis le début et le final, j'avais totalement zappé l'ensemble, il me semblait qu'il y avait plus d'histoire entre le jeune étudiant et la petite serveuse que le fanfaron tente de séduire. Bon bref.
J'ai jonglé entre le VO et la VF parce que je voulais écouter Gassman et les italiens, mais il me semble que c'est post-produit là aussi, et Trintignant, qui lui joue en français. Bizarre d'ailleurs d'engager un acteur français qui ne parle pas italien, mais soit. Déjà, j'aime beaucoup les road-movie, ça permet de voyager, de multiplier les décors, les séquences, les ambiances, les rencontres, comme dans la vie quoi. Et là, niveau vie, ou vitalité, on est servi.

C'est la rencontre et la virée inattendue entre un personnage totalement euphorique et extravagant et un jeune homme sérieux et coincé, et on les suit donc pendant quelques jours dans leur périple improvisé. La vraie vie. Au début le jeune homme est réticent, il est en train de réviser, et l'homme à la voiture le force à le suivre et l'entraine dans son sillage, plein de fougue, d'emportement, de débordements, de délires, de détours. Le fanfaron est un bon vivant qui vit sans entraves, un jouisseur, dragueur, fumeur, fumiste, qui repousse les limites, voire celles des autres, qui ne vit que dans l'instant, à cent à l'heure, dans la vitesse, l'excitation, l'oubli de soi et de ses problèmes (« le truc à la mode là, l'aliénation, comme dans les films d'Antonioni »), un pur italien, macho, sexiste, raciste, virile, le verbe haut, limite bi-polaire, mais attachant.
Le jeune homme va apprendre à vivre un peu plus dans son ombre, toujours coincé (avec la métaphore lorsqu'il est coincé dans les toilettes et n'ose pas appeler de l'aide), timide, à cogiter (les voix off qui montrent ses pensées, ses doutes, et surtout à quel point il n'ose pas s'affirmer, il dit le contraire de ce qu'il pense), malade avec la fumée du cigare, etc.
Après quelques jours au contact du fanfaron il comprend enfin qu'il s'empêche de vivre et qu'il faut profiter, se lancer (« laisse-toi faire »), oser les choses avant qu'elles ne nous échappent, et il va jusqu'à téléphoner à la femme qui habite en face de chez lui et qui lui plaît et c'est en allant la rejoindre qu'intervient la scène finale. Etrange, encore une fois mon souvenir était faussé, je croyais que c'était le fanfaron qui mourait. J'avais zappé aussi tout l'épisode avec sa femme et sa fille, pourtant central et le plus intéressant, et donc j'ai bien mieux apprécié que mon souvenir ne me le laissait présager. Ca fait donc beaucoup de bien de revoir certains films.
La réalisation est quelconque (bords de panneaux anti-soleil sur la caméra en haut à gauche de l'objectif lors des premiers plans dans la ville déserte), mais Gassman est excellent, la petite Catherine Spaak toujours aussi mignonne, les autres femmes italiennes ne sont pas en reste, l'ensemble respire une certaine vérité, même si certaines scènes sont un peu bâclées (celle avec la femme rencontrée sur le quai de la gare était prometteuse mais gâchée, pareil à la fin il semblait y avoir quelque chose à faire entre Spaak et Trintignant, en vivant un petit début de quelque chose avec elle il aurait pris confiance en lui et j'aurais encore plus compris sa décision d'appeler sa Valeria), les villes et villages traversés donnent envie, j'adore l'Italie et j'aimerais bien y faire un trip de ce genre, mais plus calme et plus en amoureux je pense. Toujours est-il que c'est un bon film qui reflète bien un certain cinéma italien et la société qui se décoince à l'aube des années 60.
3.5/6
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 15/04/2019 21:14

Très belle critique Sergent ;)
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 16/04/2019 16:04

Bon, on enchaine ?

Sergent, tu proposes quelqu'un qui n'a pas encore suggéré sa liste, pour tourner ?
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Re: Le ciné club

Messagede sergent latrique » 17/04/2019 11:43

Oui, mais j'ai du mal à suivre qui suit et qui a déjà proposé et qui n'a pas proposé mais qui n'a pas le temps...

cicerobuck ?

Pour Jolan, on pourrait te surnommer oeil de lynx, tellement cette acuité à dénicher le moindre détail ou défaut technique dans les prises de vues est sidérante. Franchement, les erreurs de côté, de changement de costume ou de place au montage, les ombres polluantes, tout ces petits riens, je ne les vois que très rarement. Est-ce que c'est lié à ton métier dans la vie ?

Pour la liste, j'avais mis huit films, visiblement c'est trop, peut être qu'il faudrait se limiter à quatre ? le vote sera plus facile.
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Re: Le ciné club

Messagede euh... si vous le dites » 17/04/2019 12:08

sergent latrique a écrit:Oui, mais j'ai du mal à suivre qui suit et qui a déjà proposé et qui n'a pas proposé mais qui n'a pas le temps...



A proposé pour l'instant : euh..., jolan et sergent latrique
N'ont pas encore proposé : Le Complot, Olaf le Bou, cicerobuck et lobo

cicero semble ne pas trop avoir le temps pour le moment
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Re: Le ciné club

Messagede sergent latrique » 17/04/2019 13:54

Bon alors cicero étant surchargé, plouf plouf... Le complot

A toi Le complot de proposer tes :idea:
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 17/04/2019 17:59

sergent latrique a écrit:Oui, mais j'ai du mal à suivre qui suit et qui a déjà proposé et qui n'a pas proposé mais qui n'a pas le temps...

cicerobuck ?

Pour Jolan, on pourrait te surnommer oeil de lynx, tellement cette acuité à dénicher le moindre détail ou défaut technique dans les prises de vues est sidérante. Franchement, les erreurs de côté, de changement de costume ou de place au montage, les ombres polluantes, tout ces petits riens, je ne les vois que très rarement. Est-ce que c'est lié à ton métier dans la vie ?

Pour la liste, j'avais mis huit films, visiblement c'est trop, peut être qu'il faudrait se limiter à quatre ? le vote sera plus facile.


Yep, Cicero semble avoir disparu pour l'instant, depuis le Renoir.

Concernant les petits détails dans les films, disons que je suis hyper perfectionniste en tout, et comme j'ai toujours rêvé de devenir réalisateur, le moindre défaut me saute aux yeux. Je pense qu'ici tous les gens habitués à scruter de belles grandes cases de BD sont un peu comme ça.

Une liste de quatre films max me semble une bonne idée, surtout si on est de moins en moins à participer ;)

A toi Il Comploto
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 18/04/2019 16:37

Bon, ou alors quelqu'un d'autre de plus réactif, que ça enchaine un peu
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Re: Le ciné club

Messagede sergent latrique » 19/04/2019 11:39

C'est plus le cine-club, c'est le cinéma Paradiso ... Y a encore des gensses icite ?
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Re: Le ciné club

Messagede euh... si vous le dites » 19/04/2019 12:13

sergent latrique a écrit:C'est plus le cine-club, c'est le cinéma Paradiso ... Y a encore des gensses icite ?


Y a sans doute des gens en vacances.
Le Complot, par exemple, n'a plus posté de messages sur le forum depuis plus d'une semaine.
Pour lobo, c'est depuis 7 jours.

Peut-être qu'on pourrait dire qu'on attend mardi prochain (après le lundi de Pâques) pour relancer le truc.
Ou alors, on s'en fait un en petit comité en attendant ?
Genre, un autre film qui était dans ta liste.
Rendez-vous de juillet qui avait été choisi par jolan ou Los olvidados qui avait été choisi par Olaf le Bou.
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Re: Le ciné club

Messagede sergent latrique » 19/04/2019 15:51

Rendez-vous de juillet ça me va (et si on peut le récupérer qq part)....
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 19/04/2019 16:04

Ok je vous transfère le bouzin (lien ci-dessous)

[Révéler] Spoiler:
https://we.tl/t-gO4gmgan7w
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Re: Le ciné club

Messagede sergent latrique » 19/04/2019 20:26

In ze babasse. Merci Jolan :ok:
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Re: Le ciné club

Messagede jolan » 19/04/2019 21:21

Bon, qui veuille nous suive pour "Rendez-vous de Juillet"

Pour "Le Fanfaron" = 4.7/6

Si celui qui a créé le topic pouvait mettre la liste des films vus et la note de chacun dans le premier message, ce serait sympa ;)
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Re: Le ciné club

Messagede Bolt » 20/04/2019 20:47

Vous avez tous fait de belles critiques (je ne les ai pas encore toutes lues), à croire que vous vous êtes repassés plusieurs fois certains passages pour décortiquer. En tout cas, c'est très intimidant, moi qui n'ai jamais écrit sur le cinéma.

J'essaierai de prendre le train en route quand ça sera plus calme de mon côté.
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Re: Le ciné club

Messagede lobo » 21/04/2019 22:58

Merci jolan pour Rendez-vous de juillet. J'y vais de ma critique.
Je suis content de l'avoir vu pour ma culture cinématographique mais il ne m'a pas emballé du tout. Pour le dire en deux mots, je trouve que le réalisateur n'a pas trouvé la forme qu'il fallait pour mettre en scène cette jeunesse en rupture avec les valeurs de ses parents. Il filme une jeunesse conquérante en faisant du cinéma à la papa. Ca devrait être tout en légèreté, c'est (souvent) lourdingue. Le pompon étant le plaidoyer de Daniel Gélin pour les valeurs nouvelles, point d'orgue du film, et la conversion de ses copains : c'est d'une lourdeur terrible et c'est terriblement mal joué. amha
Ce qui est étonnant c'est que en 1949 la mise en scène de cette jeunesse dansant sur des airs de bebop dans les boîtes de Saint-Germain suscitait sans doute l'enthousiasme. Aujourd'hui on ne voit plus que des mecs en chemises à carreaux hideuses dansant le rock comme les ploucs du Fanfaron le twist, dans des caves sordides. J'avais en tête les images du Saint Germain empathicaliste de Funny Face, hyper-glamour au contraire... Là, ça calme. Après tout c'était peut-être comme ça l'après-guerre, bebop sur fond de tickets de rationnement.
Les personnages non plus ne sont pas emballants, à l'exception notable de Daniel Gélin, modèle d'élégance. Thérèse est une peste immature qui a des états d'âme, le couple Christine-Roger est bien falot, Pierre est vulgaire, le metteur en scène un salaud insignifiant...
Si, comme personnage, j'ai bien aimé la voiture amphibie.

Voilà, pour moi ce sera du 2,5 sur 6...
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Re: Le ciné club

Messagede euh... si vous le dites » 21/04/2019 23:57

Ah ben, mon avis sera plus positif.
Je n'ai pas eu cette impression de cinéma à la papa.
Au contraire, j'ai trouvé beaucoup de légèreté et d'élégance à la présentation progressive de chaque personnage. Il y a vraiment une belle fluidité dans la première partie du film, qui permet à mon sens de s'intéresser aux tribulations de ce petit groupe qu'on taxerait sans doute aujourd'hui de bourgeois bohèmes.
La suite est plus convenue et le film manque sans doute de réels enjeux dramatiques, mais j'ai passé un bon moment avec ces jeunes gens.
Par contre, l'opposition au début du film entre le personnage jouée par Gélin et son père apparaît finalement comme une fausse piste (il se casse de chez lui mais ça ne change strictement rien au film). Le film ne parle pas vraiment de jeunes en rupture avec leurs parents, même si certains peuvent l'être. On y voit juste une certaine jeunesse qui cherche, de manière plus ou moins volontariste, avec plus ou moins d'assurance, à trouver sa place.
Ceci dit, je conviens aisément que le plaidoyer de Gélin lors de la fête et la conversion de ses amis est une scène ratée.

Je ne comprends pas trop ton parallèle avec Funny face (pour moi, Funny face, c'est déjà la pente descendante de la comédie musicale classique et c'est bien plus du cinéma conventionnel à la papa que Rendez-vous de juillet)
Déjà, Funny face se déroule près de 10 ans plus tard et puis, je ne pense pas que le projet de Becker, au contraire de celui de Donen, soit de présenter un Saint-Germain glamour.
Les jeunes de Becker ne sont pas glamour. Leur manque de lustre, leur côté banal (désespérément banal diront les mauvaises langues), les rend à mon sens plus authentiques.
Pour ce qui est du club sordide, ben, t'as quand même un gars qui a été pendant une dizaine d'années un des piliers du band de Duke Ellington qui vient y jouer, hein... On a vu plus sordide.

Je n'ai aucun mal à comprendre les raisons pour lesquelles les jeunes cinéastes de la nouvelle vague aimaient beaucoup ce film et Jacques Becker en général, alors que leur perception du cinéma français de l'époque n'était guère flatteuse (c'est un euphémisme).
Ceci dit, j'ai un meilleur souvenir (même si très lointain) d'Antoine et Antoinette, film que Becker avait réalisé juste avant Rendez-vous de juillet et qui mettait aussi des jeunes en avant (même s'ils étaient issus de milieux plus modestes).

Allez 3.5/6
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Re: Le ciné club

Messagede lobo » 22/04/2019 08:22

euh... si vous le dites a écrit:Le film ne parle pas vraiment de jeunes en rupture avec leurs parents, même si certains peuvent l'être.

Tout de même, dans le plaidoyer de Gélin, il est bien question de rompre avec les valeurs de la génération précédente, ne rien attendre de la Providence blabla mais prendre son destin en main, etc. Il y a bien la volonté du réalisateur de mettre en scène deux générations qui se distinguent par leurs métiers (industriel, boucher, prof de latin vs ingénieur du son, cinéaste, ethnologue, actrice...), leurs styles de vie, leurs looks et leurs valeurs (quand même la scène entre Gélin et son père)... Et cette mise en scène est un peu disons appuyée, je trouve.

Je ne comprends pas trop ton parallèle avec Funny face. [...] Déjà, Funny face se déroule près de 10 ans plus tard et puis, je ne pense pas que le projet de Becker, au contraire de celui de Donen, soit de présenter un Saint-Germain glamour.
Les jeunes de Becker ne sont pas glamour. Leur manque de lustre, leur côté banal (désespérément banal diront les mauvaises langues), les rend à mon sens plus authentiques.

Dans mon expérience de spectateur, Saint Germain de l'après-guerre, c'est Funny Face, un Saint-Germain hyper glamour où tout le monde est beau et élégant (à la Juliette Greco, pull noir etc.) et danse comme des dieux (Fred Astaire et sa partenaire). Là on a des gens mal fagottés, qui dansent comme des ploucs dans des caves sordides (je veux parler des lieux eux-mêmes). Je me suis dit : ça devait être ça le vrai Saint-Germain d'après-guerre... Bien sûr c'est de l'authentique. Je préfère le rêve de Funny Face...

Pour ce qui est du club sordide, ben, t'as quand même un gars qui a été pendant une dizaine d'années un des piliers du band de Duke Ellington qui vient y jouer, hein... On a vu plus sordide.

Disons qu'il vient jouer dans un lieu sordide :-D ... J'ai bien aimé d'ailleurs cette scène où un musicien noir (Rex Stewart, effectivement pilier du big band du Duke) incarnant toute l'histoire du jazz américain vient épauler un modeste combo germanopratin.
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Re: Le ciné club

Messagede euh... si vous le dites » 22/04/2019 09:46

lobo a écrit:
euh... si vous le dites a écrit:Le film ne parle pas vraiment de jeunes en rupture avec leurs parents, même si certains peuvent l'être.

Tout de même, dans le plaidoyer de Gélin, il est bien question de rompre avec les valeurs de la génération précédente, ne rien attendre de la Providence blabla mais prendre son destin en main, etc. Il y a bien la volonté du réalisateur de mettre en scène deux générations qui se distinguent par leurs métiers (industriel, boucher, prof de latin vs ingénieur du son, cinéaste, ethnologue, actrice...), leurs styles de vie, leurs looks et leurs valeurs (quand même la scène entre Gélin et son père)... Et cette mise en scène est un peu disons appuyée, je trouve.


Oui, bien évidemment qu'il y a deux générations qui se distinguent.
Mais pour ma part, j'ai plutôt surtout vu le portrait d'une jeunesse qui veut se prendre en main et profiter de de la vie dans l'immédiat après-guerre, après des années de vie de privations diverses sous l'occupation.
Le jazz, les concerts, les fêtes,... c'est une énergie qui se libère et que Jacques Becker tente de capter..
Les aspirations à se réaliser par soi-même, ça m'a paru relever tout autant du contexte du moment que d'une volonté de rupture avec les parents, même si dans le cas particulier de Gélin ça en passe par là de manière appuyée.

Tiens sinon, je suis très peu connaisseur du cinéma français de l'époque (j'ai du mal avec le cinéma français antérieur à la nouvelle vague) mais je n'ai pas l'impression qu'il y avait beaucoup de films à l'époque qui évoquaient la jeunesse sans adopter un ton condescendant plutôt désagréable.
Les films de Becker comme ce Rendez-vous de juillet font plutôt office d'exceptions, non ?

Sinon, même si j'aime beaucoup le genre de la comédie musicale, je n'ai pas un souvenir très positif de Funny face.
Faudrait que je le revoie. ;)

Bon, on va voir ce qu'en pense jolan...
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Re: Le ciné club

Messagede lobo » 22/04/2019 18:28

euh... si vous le dites a écrit:Tiens sinon, je suis très peu connaisseur du cinéma français de l'époque (j'ai du mal avec le cinéma français antérieur à la nouvelle vague) mais je n'ai pas l'impression qu'il y avait beaucoup de films à l'époque qui évoquaient la jeunesse sans adopter un ton condescendant plutôt désagréable.
Les films de Becker comme ce Rendez-vous de juillet font plutôt office d'exceptions, non ?
Sinon, même si j'aime beaucoup le genre de la comédie musicale, je n'ai pas un souvenir très positif de Funny face.
Faudrait que je le revoie. ;)

Moi non plus je ne connais pas très bien le cinéma français à part les grands classiques que j'aime beaucoup comme Jean Vigo, Renoir ou Grémillon (mais pas trop Carné) et ceux que je trouve franchement ch** comme Bresson.
Par contre je suis un inconditionnel de la comédie musicale américaine des années 30, 40, 50, disons jusqu'à West Side Story. Et il ne faut pas me dire qu'une comédie musicale n'est pas bonne, ça me désole profondément :cry2: ... Ou alors en prenant des précautions. :hug:
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