bone a écrit:Les 2 HS (Parisien et Beaux Arts) sont-ils vraiment différents ?
Ou un des 2 suffit ?
Difficile de te répondre avant de les avoir lus.
Mais j'ai pu les feuilleter et les parcourir rapidement, cependant.
Au vu de ce rapide survol, le HS du Parisien me semble un poil mieux fichu, en matière de contenu et de rédactionnel. Mais ça demande tout de même vérification.
Je puis simplement affirmer pour l'heure, après avoir pris en photo (échantillon) un court extrait du HS Beaux Arts pour me faire une petite idée, que ce mag contient son lot de conneries. De celles qui sont inévitables hélas, quand la rédaction en est confiée à des non-spécialistes (j'entends par spécialistes, des gens comme Henri Filippini, les Pissavy-Ivernault, Patrick Gaumer, Gilles Ratier, François Rivière, J.P. Dionnet, Louis Cance, etc... et autrefois les Lecigne, Moliterni, Lebedel, Lacassin...).
Qu'il me soit permis de reproduire littéralement quelques lignes de Pauline Mari (page 21 du HS Beaux Arts) pour illustrer mon propos :
"Pilote, qui connaît quelques problèmes de trésorerie, est racheté par l'éditeur Georges Dargaud en 1963 et, grâce à Goscinny qui en prend la direction la même année, la revue donne ses lettres de noblesse à la bande dessinée, avec entre autres la série Achille Talon de Michel Greg, personnage balourd et attachant "qui n'hésite jamais à se jeter à corps perdu dans les situations les plus difficiles, avec une remarquable inefficacité " (dixit Goscinny). Pilote avance vers son âge d'or, récupérant des dessinateurs contestataires tels que Cabu et Marcel Gotlib juste après 1968. La revue est un véritable phénomène sociologique pour avoir ouvert la BD au monde des adultes."Je me bornerai à relever trois affirmations, éminemment discutables :
la revue donne ses lettres de noblesse à la bande dessinée : Ah bon, Spirou (avec Lucky Luke de Morris et Goscinny, Spirou de Franquin, Johan de Peyo ou Gil Jourdan de TIllieux, les bandes de Jijé et les séries réalistes de Charlier), le Journal Tintin (Hergé, Jacobs, Cuvelier, Macherot, sans omettre Goscinny et Uderzo) , Vaillant puis Pif Gadget (d'où viennent entre autres Forest, Gotlib, Mandryka... Quant à Corto Maltese, en 1969, dans Pif, c'est en noir et blanc, donc non pris en considération
) et même Cœurs Vaillants, Coq Hardi ou encore le Journal de Mickey, pour faire court, ça ne comptait pas ? Ces revues (par la qualité des auteurs qui y ont publié) n'ont-elles pas elles aussi un peu contribué à donner ses lettres de noblesse au 9e art ?
La revue est un véritable phénomène sociologique pour avoir ouvert la BD au monde des adultes.Et les éditions du Square (Cavanna/Choron), du Terrain Vague -Losfeld, ça compte pour des prunes ?
Hara-Kiri mensuel, alors (où sont déjà présents Fred et Cabu en 1960 ? Ce n'était pas un peu déjà de la BD adulte avant Pilote ?
Ou encore V Magasine (Barbarella en 1962) ? Puis Chouchou (revue éphémère dirigée par Forest et d'où viendra Georges Pichard, un des professeurs de Gotlib...) en 1964 ?
L'auteure a-t-elle entendu parler du Club des Bandes dessinées (CBD), de la SOCERLID (Société civile d'études et de recherches des littératures dessinées), de la SERG (structure éditoriale apparentée à la Socerlid), et de leur revue Phénix ?
Pourtant, je n'ai pas envie de minimiser le rôle très important joué par Pilote dans les années 60.
J'ai découvert l'hebdomadaire Pilote (dont je suis un nostalgique) vers l'âge de huit ans (sans doute un peu avant), soit trois bonnes années environ avant d'avoir l'occasion de tenir en mains un fascicule du journal Spirou
(pour moi, Spirou, c'était uniquement de chouettes albums de Franquin. La pub pour le journal annoncée en fin d'album, comme dans mes Lucky Luke brochés, juste avant le catalogue des séries en page suivante, avait quelque chose d'abstrait, de chimérique).
Mais il faut rendre à César ce qui lui appartient. Non ?
S'il est vrai qu'Achille Talon fait son entrée en 1963 dans les pages de Pilote, en revanche :
- Greg, en 1963 compte déjà à son actif quelques scénarios de Spirou pour Franquin (Prisonnier du Bouddha, Zorglub, QRN) et il bosse aussi pour Vaillant à la même époque...
Donc, pour les lettres de noblesse, il n'a pas fallu attendu que l'excellente série Achille Talon débarque dans les pages de Pilote.
La BD était déjà noble, pour qui se donnait la peine de faire le tri entre le bon grain et l'ivraie.
Pilote avance vers son âge d'or,
récupérant des dessinateurs contestataires tels que Cabu et Marcel Gotlib juste après 1968.
- Cabu est présent dans les pages de Pilote depuis bien avant 1968 !... Il illustrait déjà la Potachologie de Goscinny dès 1962.
- Gotlib, idem. Il publie régulièrement des Dingodossiers sur texte de Goscinny dès 1965. Et à partir de 1966, le Marcel commence à se fader quelques couvertures qui resteront mémorables !
Voilà, histoire de remettre un peu les choses à leur place. Donc, l'habitué et le passionné, dans ces quelques lignes, n'apprend rien. Quant au néophyte, il se fait une idée fausse. Sur la base de quelques inexactitudes, comme celles qu'on pouvait recopier à douze ans dans un magazine pour étoffer une mauvaise dissertation et faire croire au prof qu'on avait potassé un sujet.