logan1973 a écrit:Brian Addav a écrit:Hein quoi comment ?
Vu que t'es le seul du forum qui habite en Asie on a décidé que c'était de ta faute.
Je m'insurge !!!!!
Atchoum... Sniff...Tt... tt...
logan1973 a écrit:Brian Addav a écrit:Hein quoi comment ?
Vu que t'es le seul du forum qui habite en Asie on a décidé que c'était de ta faute.
Anianka a écrit:Mirdhynn a écrit:Sinon, messieurs dames, sur le sujet Raoult, c'est si compliqué de se dire qu'on en sait absolument rien (pour ou contre) ?
Parce que moi, je suis pas infectiologue alors j'avoue que sur le sujet... ben j'ai pas d'opinion
ba justement, Raoult dit en gros "prouvez moi que j'ai tort" alors que c'est à lui de prouver que son truc marche, il inverse totalement al logique de preuve sur son produit.
Brian Addav a écrit:logan1973 a écrit:Brian Addav a écrit:Hein quoi comment ?
Vu que t'es le seul du forum qui habite en Asie on a décidé que c'était de ta faute.
Je m'insurge !!!!!
Atchoum... Sniff...Tt... tt...
nexus4 a écrit:De l’intérêt du masque.
LeJoker a écrit:Je ne sais pas ce qu'en pense Nexus, mais je trouve que l'empire des rillettes sur la population du forum est de plus en plus forte.
Croaa a écrit:Mais puisque Macron maintenant te dit qu'il faut l'attraper en fait. alors c'est pas grave.
edgarmint a écrit:Juste pour le plaisir de la lecture, je vous conseille cet article du journal La Croix par Jean-Claude Raspiengeas (qui sévit également dans l'émission Le masque et la plume) réalisé à partir d'un entretien avec l'écrivain Dany Laferrière :
https://www.la-croix.com/Culture/Dany-L ... 1201088014
xof 24 a écrit:edgarmint a écrit:Juste pour le plaisir de la lecture, je vous conseille cet article du journal La Croix par Jean-Claude Raspiengeas (qui sévit également dans l'émission Le masque et la plume) réalisé à partir d'un entretien avec l'écrivain Dany Laferrière :
https://www.la-croix.com/Culture/Dany-L ... 1201088014
Je ne peux lire la totale...pas abonné
Mais le début me semble prometteur .
Aujourd’hui, Dany Laferrière, écrivain d’origine haïtienne, vivant à Montréal, confiné à Paris, récuse la vision nationaliste des réponses à cette pandémie et développe une sagesse pragmatique. Chaque jour, un grand témoin évoque pour « La Croix » ce temps singulier du confinement.
Une épidémie est l’un de ces moments dans l’Histoire qui nous imposent de regarder le monde sans nationalisme, d’échapper à la tentation nationaliste. C’est effrayant d’entendre que nous sommes face à une épidémie planétaire et de voir chaque nation défendre sa spécificité pour l’appréhender et la combattre.
Je suis effaré par la rapidité avec laquelle on a « nationalisé » la pandémie du coronavirus. On a tout de suite montré du doigt les Chinois. Mais tout ce qu’on peut dire, c’est que ça s’est passé en Chine. Si on avait dès le départ identifié les foyers, tous ceux qui se déplacent sauraient qu’ils passent d’un foyer à un autre, et non d’un pays à un autre.
Le désespoir n’a pas de source. Quand il nous atteint, il nous atteint. C’est le canari du fond de la mine qui meurt et nous prévient de l’imminence de la catastrophe. Le plus grave est de ne pas parvenir à cerner cette situation. Tout ce qui reste, ce sont les rumeurs. Ceux qui les ont entretenues viennent ensuite s’excuser. Et encore, pas toujours.
On vit dans cette ambiance parce qu’on ne sait pas où elle nous entraîne, ni ce qui nous attend. Ce qui provoque l’inquiétude n’est pas la situation présente mais l’inconnu de l’avenir, mais la situation dont nous n’avons pas idée. Personne, au milieu du gué, ne peut savoir comment il va traverser la rivière.
Le calme au milieu de la tempête aide beaucoup
Quand on prend une société qui a beaucoup de biens et dispose de la capacité de consommer, en jouissant d’une espérance de vie très longue, il est normal qu’elle se révèle plus fragile. Et qu’elle ait envie de ne pas perdre ce confort, ces acquis, d’en jouir et de les exploiter le plus longtemps possible.
Dans un pays comme Haïti, toujours si proche de la misère et de la mort, où l’on ne cesse de frôler le gouffre et les extrêmes, on est moins sujet à cette panique. On est trop pauvre pour être malade, et la mort vous fauche vite. Quand 70 % de la population a moins de 25 ans, on vit très vite, avec une grande intensité, confrontés à une succession de situations dramatiques. Quels enseignements tirer des drames d’Haïti ? Le calme au milieu de la tempête aide beaucoup.
C’est ce qui s’était passé pendant le tremblement de terre de Port-au-Prince, le 12 janvier 2010. On ne peut pas l’apprendre. C’est une condition de vie. Il faut avoir payé le prix pendant deux siècles de tremblements de terre, de cyclones, d’épidémies à répétition, de régimes dictatoriaux, de crises politiques.
On ne peut pas décréter le calme à des populations qui n’ont jamais, ou si peu, eu à l’être. On ne peut pas imiter une société qui n’a pas de filet. Cette absence de surprises a l’avantage de rendre les gens moins candides face au malheur quotidien. La vie, dans ce cas, dépend totalement de l’individu.
Comprendre que nous sommes les acteurs de notre vie demande un effort de conscience
En Haïti, chacun met sur pied ses propres stratégies de survie. La France est un pays qui n’est pas toujours au bord du précipice. En Haïti, la population n’a jamais connu une journée de vacances dans sa tête. On n’y peut rien. À la grâce de Dieu. Par contre, le sentiment de vivre en permanence sous le grand thème de la mort et ne pas tout attendre de l’État crée chez l’individu une force incroyable.
D’où cette joie permanente, si surprenante. Après le tremblement de terre, beaucoup de peintres, de musiciens, de poètes ont surgi. Nous avons transformé le désastre en fleurs que nous avons offertes au monde. C’est tout ce que nous avons. Ici, on attend tout de l’État. L’indiscipline, fustigée et sanctionnée, qui consiste à sortir se promener au mépris de toutes les règles sanitaires, s’explique par ce recours permanent à la puissance tutélaire de l’État.
Quand une situation dramatique se produit, on en reporte les causes et les effets sur l’État. Si je meurs, c’est la faute de l’État qui n’a pas fait son travail. « Ça fait des semaines qu’il pleut, que fait le maire ? » Ce n’est jamais de notre faute s’il nous arrive des malheurs.
Dans une société qui a basé toute sa structure, sa force, sur cette dépendance à l’État au centre de tout, comprendre que nous sommes les acteurs de notre vie demande un effort de conscience et de réaction. C’est une forme d’infantilisation. C’est à notre maman, ou à notre papa, d’être sévères avec nous, de nous dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Même si nous sommes très éduqués, civilisés, il nous faut une amende pour comprendre. On est des « mineurs ».
Les images montent très vite à la tête
Pourquoi perdrions-nous le plaisir de nous plaindre ? Devenir majeur, c’est accepter que le destin dépend aussi de soi. Cette leçon, les Haïtiens l’appliquent en permanence. Le proverbe haïtien dit : « Ce que le chat a dit à son chaton, le rat l’avait appris depuis longtemps à son raton. » C’est fondamental. Il faut avoir une longueur d’avance. Dans la culture européenne, on est fier d’avoir une longueur de retard. On l’appelle la résistance. Après ? L’expérience haïtienne montre, hélas, que le coronavirus sera oublié.
Au début, on va croire qu’il n’y a que cela. On va répéter que l’humanité n’avait pas subi une telle catastrophe depuis la Seconde Guerre mondiale. On va dire toutes sortes de choses dans l’ordre de l’inouï. Mais l’anecdote et le superficiel reprendront le pouvoir. Quand une société a un rapport très fort avec la consommation et le goût de vivre, elle surfe sur la vaguelette des anecdotes. Elle ne dispose d’aucune possibilité de s’en affranchir vraiment, faute de profondeur de champ. Tout, indistinctement, se retrouve au premier plan et bouche la vue.
La nature humaine attend impatiemment, en piaffant, de recommencer, de repartir de plus belle. Dès que l’État dira « c’est ouvert », tout repartira comme avant. Normalement, ça ne dure pas trois mois. Tout le monde va sortir. Il va y avoir un débordement d’énergie. Ce sera la Libération. Le mot s’impose. Beaucoup ont confondu le coronavirus avec l’occupation allemande. Les rues sont désertes. J’attendais de voir le drapeau allemand hissé sur la gare de l’Est.
Les images montent très vite à la tête. Six mois après le tremblement de terre en Haïti (300 000 morts, en 80 secondes…), on parlait déjà d’autre chose. On s’enflammait pour la Coupe du monde de football. Port-au-Prince était recouvert de drapeaux brésiliens. Quand on n’est pas mort, on vit.
Recueilli par Jean-Claude Raspiengeas le 06/04/2020.
Un académicien cosmopolite
♦ Dany Laferrière est né à Port-au-Prince le 13 avril 1953.
♦ 2 juin 1976. Jeune journaliste, il s’exile précipitamment à Montréal après l’assassinat de l’un de ses confrères.
♦ Novembre 1985. Ouvrier en usine, il publie Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer.
Écrivain, scénariste, chroniqueur à Radio Canada, auteur d’une trentaine de livres dont L’Art presque perdu de ne rien faire, L’Odeur du café, Tout bouge autour de moi, Un art de vivre par temps de catastrophe.
♦ 2009. Il reçoit le prix Médicis pour L’Énigme du retour.
♦ Décembre 2013. Il est élu à l’Académie française.
Vient de paraître : L’exil vaut le voyage, roman dessiné (Grasset).
Devait paraître le 2 avril : Tout ce qu’on ne te dira pas, Mongo (Mémoire d’encrier, première édition en 2015 au Canada).
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