Eh bien je viens de finir ma lecture et je ne serai pas aussi négatif que toi.
Certes on peut grandement trouver à redire à la mention "UN récit complet et inédit" en couverture. Il s'agit plutôt d'un patchwork d'histoires majoritairement indépendantes, issues des quatre publications mensuelles consacrées à l'époque à l'Homme d'Acier, reliées entre elles par quelques fils rouges. Pour autant, je n'ai pas ressenti la déception que m'avait procuré le volume
President Lex, reposant sur le même principe. Dans ce dernier cas j'ai trouvé qu'on pâtissait de la différence de traitement d'une même trame (la montée au pouvoir de Luthor), d'un "chapitre" à l'autre on passait d'une intrigue politique "réaliste" à la Greg Rucka au traitement cartoon farcesque d'un Joe Kelly, c'était un peu dur de savoir sur quel pied danser
(je me rends tout de même compte qu'il faudrait que je relise ça un de ces jours à la lueur de la trajectoire actuelle de Donald Trump ). Le problème ne m'a pas semblé se poser dans ce
Superman Univers HS car l'ensemble est beaucoup plus homogène, on reste tout du long dans une certaine légèreté empreinte d'esprit positif.
Seule la mort d'Obsession vient faire tâche -- presque l'impression d'une faute de goût.
Par ailleurs je ne pense pas qu'il y ait lieu de se plaindre de ce que ça "prépare"
Our Worlds At War (avec
President Lex entre les deux, tout de même). Oui, l'épilogue est un (petit) cliffhanger, mais on sait bien que dans les séries régulières de comics c'est la règle dans 9 cas sur 10, ce n'est pas pour autant que le récit est "incomplet". Et réciproquement je ne pense pas que les lecteurs qui découvriront
OWAW dans un (hypothétique) futur volume en librairie, sans avoir lu ce
HS, ressentiront le moindre manque d'information cruciale. (Alors que chez Panini on a déjà vu des runs commencés dans un format et poursuivis dans un autre.) L'introduction d'Imperiex n'est guère que cela, justement : une introduction, une première apparition le temps de balancer une phrase grandiloquente de villain.
En revanche je pense que ces numéros "épars" (séries différentes, auteurs et artistes différents, pas unité d'action) auraient été beaucoup plus difficiles à "vendre" en format librairie. J'émettrai d'ailleurs l'hypothèse (qu'on me corrige au besoin...) qu'on voit là qu'au tournant les années 2000 la republication en TPB était encore loin d'être la norme qu'elle est devenue aujourd'hui, où la publication en
issues menace de devenir presque une prépublication d'une histoire prévue pour le volume en librairie. Donc, encore une fois, oui, on peut trouver à redire au bandeau "Un récit complet...", mais publier ça en kiosque, c'est pas absurde. Et le fait de pouvoir avoir ça pour un prix mini
(surtout la semaine de la sortie de Crisis Compagnon et de Planetary T.1....) (on disait quoi à propos de la tentation, Artemus ? ), c'est pas mal.
Et puis, et puis, surtout, tout ça est plutôt plein de bonnes idées et de moments sympas. Alors tout n'est pas toujours au top : sans tomber dans le mauvais, on peut quand même dire que Schutz, c'est un peu inutilement brouillon (surtout la 2e histoire : je n'ai toujours pas compris à quel moment Sup' était censé s'entraîner avec Steel dans la chronologie du truc), ou qu'Immonen passe sans doute légèrement en-dessous des potentialités de l'histoire de la bague de fiançailles ; mais Loeb et Kelly font tous les deux de l'excellent job -- peut-être surtout ce dernier (le volume comporte d'ailleurs, de lui, une seule histoire que j'avais déjà lue, mais que j'ai retrouvée avec plaisir : le très très bon "Pendant mille ans..."). On retrouve le Sup' cher à Jim Lainé (ou est-ce à Nikolavitch ?) qui va rendre visite à ses parents et prendre une part de tarte aux myrtilles à Smallville entre deux sauvetages du monde. Et plus encore, le Sup' / Clark Kent marié à Lois Lane : un cocktail rafraîchissant et détonnant entre humour complice et ressorts dramatiques -- les "démarier" pour les "New 52" c'était vraiment une idée de c**.
Bref : sans doute pas un "indispensable", mais un bien chouette petit volume que les fans du Grand Bleu ne devraient pas manquer, levant le voile sur une période assez méconnue du personnage et ma foi plutôt sympathique.