stephane_ a écrit: La page 1, c'est l'un de ces paramètres mais cela ne suffit jamais en soi, surtout si la planche n'a pas d'autre qualité. Pour cette Buck, imaginez que ce soit la planche 12 avec les mêmes têtes moches, elle aurait fait bien moins.
tzynn a écrit:stephane_ a écrit: La page 1, c'est l'un de ces paramètres mais cela ne suffit jamais en soi, surtout si la planche n'a pas d'autre qualité. Pour cette Buck, imaginez que ce soit la planche 12 avec les mêmes têtes moches, elle aurait fait bien moins.
Donc tu dis que la page 1 est un paramètre qui ne suffit jamais à lui seul, surtout si la page est moche. Et tu l'illustres par la Buck qui s'est vendue 2x son estimation alors qu'elle n'a pas d'autre qualité qu'être la page 1 et qu'elle est moche. J'ai parfois du mal à te suivre...
tzynn a écrit:Auriez-vous donc payé 2x l'estimation pour celle-ci, soit 15.5k tous frais compris, juste parce que c'est la première Buck Danny?
stephane_ a écrit:L'estimation je m'en cague. Les estimations, tout collectionneur expérimenté sait que c'est bidon.
Le fait qu'elle soit planche 1 fait qu'elle se vend plus que page 12 car "planche 1" donne un intérêt.
Désolé si c'est dur à suivre
tzynn a écrit:Auriez-vous donc payé 2x l'estimation pour celle-ci, soit 15.5k tous frais compris, juste parce que c'est la première Buck Danny?
francois d a écrit:tzynn a écrit:Auriez-vous donc payé 2x l'estimation pour celle-ci, soit 15.5k tous frais compris, juste parce que c'est la première Buck Danny?
Cette toute première planche des Japs attaquent évoque en moi un souvenir cocasse.
Durant l’hiver 2003-2004, j’envisage de monter une belle exposition consacrée à la série Buck Danny, période Hubinon-Charlier. Je prends contact avec la fille du dessinateur qui accepte de me prêter suffisamment de pièces pour faire une très belle exposition. Peu de temps après, je lui soumets une liste de pas moins de 160 planches que j’ai sélectionnées en parcourant tous les albums de la série. J’apprends ensuite que cela va prendre un certain temps pour me les montrer car elles sont toutes entreposées dans la chambre forte du Centre belge de la bande dessinée. Donc, deux mois plus tard, je reçois un message que je peux venir voir le lot de planches sélectionnées. Quel bonheur et plaisir de pouvoir contempler toutes ces merveilles dessinées par un grand monsieur de la bd !
Il y en a bien sûr de trop pour mettre aux murs de la salle d’exposition temporaire (300 m2) du Musée Jijé, donc je procède à un nouveau choix. Pour l’anecdote, il lui manque quelques albums complets (Dans les griffes du dragon noir, Le pilote au masque de cuir, Ghost Queen) et ne possède aucune couverture publiée. Une autre anecdote ou légende raconte que quasi toutes les couvertures ont été données par Hubinon à un collectionneur hôtelier-restaurateur de Comblain-la-Tour (Hôtel Saint-Roch). Finalement, mon choix se porte sur 82 planches de grande qualité graphique, sachant que Hubinon fait partie de ses artistes qui ont toujours eu des planches très propres, à l’encrage impeccable, sans taches ni repentirs, derrière lesquelles on perçoit un travail méticuleux et minutieux, servi aussi par un scénariste qui était au top de sa forme.
Cela étant fait, je m’enquiers auprès de madame Hubinon, sur l’absence de la première planche des Japs attaquent. Elle m’explique alors qu’elle avait donné cette planche, quelques années auparavant, à son parrain, Georges Troisfontaines, qui non seulement est le co-créateur de la série, mais est également représenté sur cette même planche puisqu’il a servi de modèle pour le héros principal.
Je passe les détails du temps qu’il m’a fallu pour obtenir un rendez-vous avec Monsieur Georges qui, à l’époque, séjournait à Bruxelles, à Londres, à Paris et Monaco, lorsqu’il n’était pas en voyage dans une autre partie du monde ! Finalement, par un beau jour du mois de mai 2004, je vais lui rendre visite dans son fabuleux appartement dans un quartier huppé de la Ville lumière et dans lequel je reconnais immédiatement quelques toiles de maîtres sur les murs. Mais absolument rien n’évoque la bande dessinée que, il me l’avouera plus tard, est une page qu’il avait définitivement tournée depuis des lustres. Après m’être présenté à son épouse avec qui nous avons partagé une collation, le maître des lieux m’invite dans son bureau où il me montre avec fierté (ou vantardise ?) la grande photo d’une vue aérienne de l’île des Caraïbes dont il fut un temps le propriétaire.
Tout de suite, nous en venons au fait : il me montre « sa » planche des Japs et me raconte les circonstances de sa création. De par son caractère historique, je lui exprime mon désir de pouvoir l’inclure dans l’exposition qui débutera deux mois plus tard. Il accepte bien volontiers de la prêter et me demande de consulter les documents que j’avais préparés pour finaliser le prêt de cette pièce. J’avais laissé en blanc un espace où l’on indique la valeur d’assurance de l’œuvre en question. Il me demande pour quelle valeur la planche sera assurée, je lui réponds que c’est à lui à déterminer ce montant. Il me répond : « Cinquante mille euros ». En moi-même je fais un « gloups » qu’il n’a pas pu percevoir, mais je lui réponds : « Vous savez, la valeur marchande de ce genre de pièce tourne autour de cinq mille euros » [à cette époque, Petits Papiers, avait sorti de chez la fille Hubinon, une vingtaine de planches qu’ils vendaient entre 150 et 180 mille francs belges, soit +/- quatre mille euros].
Dans ma splendide candeur, je ne savais point à quel genre d’homme d’affaires je faisais face, mais j’ai directement encaissé un uppercut qui allait me mettre K.O. En effet, Monsieur Georges s’est levé, non pas pour me donner un coup de poing, mais m’a tendu la main en me disant : « J’ai été ravi de vous rencontrer, notre conversation s’arrête ici. » et il m’indique la porte de sortie… Il m’a fallu quelques secondes pour me ressaisir et pour l’inviter à ne pas encore actionner le siège éjectable. Je lui ai ensuite expliqué que le prêteur reste bien entendu seul maître à bord, mais que compte tenu du montant exceptionnel qu’il me demandait de faire assurer, je devais au préalable obtenir l’accord de ma compagnie d’assurances. J’ai donc téléphoné à mon courtier en sa présence, je lui ai demandé si la compagnie accepterait de couvrir cette œuvre pour le montant indiqué par le prêteur, ce que le courtier a confirmé (après quelques explications sur l’aspect historique de la pièce) et j’ai pu, enfin, conclure le contrat avec le redoutable homme d’affaires liégeois.
Je serai amené à le rencontrer encore à deux reprises dans son appartement bruxellois où nous avons évoqué sa relation avec Joseph Gillain et nous devions nous revoir au printemps 2007, mais il est décédé quelques mois avant que cela ne puisse se concrétiser.
Plus tard, avec l’expérience de toutes les expositions que j’ai montées, j’ai compris que ce qui est important pour le collectionneur-prêteur n’est pas le montant auquel l’œuvre est couverte par une police d’assurance (vol, incendie, dégradation,…) mais c’est de récupérer la pièce (dans le même état) après l’exposition. Une somme d’argent, quelle qu’elle soit, ne peut remplacer le caractère unique d’une œuvre d’art, surtout si on y ajoute un vécu historique ou émotionnel.
Enfin, pour rebondir sur la récente discussion sur les premières planches d’un album, je rejoins Tzynn dans son analyse quant à la distinction primordiale à faire entre la première planche d’un auteur de bande dessinée (dans ce cas-ci, Japs attaquent, c’était le tout début de la carrière BD d’Hubinon, donc hormis le caractère historique, il faut reconnaître que cette planche n’a aucun attrait graphique) et une première planche d’un album bd. Et la comparaison avec la planche premium de jfmal (Chihuahua) n’a pas lieu d’être puisqu’à l’époque, Giraud avait déjà quinze de métier dans les mains.
Sinon, personne n’a cité Hermann, qui a toujours été un excellent « débuteur » d’histoires. Ses premières planches (souvent avec grande case sur la demi-planche supérieure) de Comanche et Bernard Prince, entre autres, sont très souvent des petits bijoux graphiques.
fd
https://www.jije.org/expositions/passee ... uck-danny/
tzynn a écrit:Aligne tes arguments dans le bon sens
stephane_ a écrit:tzynn a écrit:Aligne tes arguments dans le bon sens
Rien de neuf ici donc ...
danielsansespace a écrit:Pour moi, c’est l’exemple d’une planche plus intéressante que les autres, si certaines parties sont utilisées pour des couvertures. C’est le propre des planches d’être publiées, donc 3 fois plus en vue, c’est logiquement plus cher. Le destin éditorial d’une planche fait aussi son intérêt selon moi...
francois d a écrit:... Plus tard, avec l’expérience de toutes les expositions que j’ai montées, j’ai compris que ce qui est important pour le collectionneur-prêteur n’est pas le montant auquel l’œuvre est couverte par une police d’assurance (vol, incendie, dégradation,…) mais c’est de récupérer la pièce (dans le même état) après l’exposition. Une somme d’argent, quelle qu’elle soit, ne peut remplacer le caractère unique d’une œuvre d’art, surtout si on y ajoute un vécu historique ou émotionnel...
Tarkey a écrit:francois d a écrit:... Plus tard, avec l’expérience de toutes les expositions que j’ai montées, j’ai compris que ce qui est important pour le collectionneur-prêteur n’est pas le montant auquel l’œuvre est couverte par une police d’assurance (vol, incendie, dégradation,…) mais c’est de récupérer la pièce (dans le même état) après l’exposition. Une somme d’argent, quelle qu’elle soit, ne peut remplacer le caractère unique d’une œuvre d’art, surtout si on y ajoute un vécu historique ou émotionnel...
Très vrai
Tarkey a écrit:danielsansespace a écrit:Pour moi, c’est l’exemple d’une planche plus intéressante que les autres, si certaines parties sont utilisées pour des couvertures. C’est le propre des planches d’être publiées, donc 3 fois plus en vue, c’est logiquement plus cher. Le destin éditorial d’une planche fait aussi son intérêt selon moi...
Dans l'absolue je partage ton avis. Toute petite histoire qui enrichit une œuvre ajoute de la valeur à cette œuvre. Mais la petite histoire ne fait que rarement l'essentiel de la valeur de l'œuvre.
Dans le cas de la Manara ci-dessous la petite histoire multiplie le prix payé par 3 (par rapport au deux suivantes)
http://www.cornettedesaintcyr.fr/html/f ... =&aff=1&r=
Comic Art Factory a écrit:Tarkey a écrit:danielsansespace a écrit:Pour moi, c’est l’exemple d’une planche plus intéressante que les autres, si certaines parties sont utilisées pour des couvertures. C’est le propre des planches d’être publiées, donc 3 fois plus en vue, c’est logiquement plus cher. Le destin éditorial d’une planche fait aussi son intérêt selon moi...
Dans l'absolue je partage ton avis. Toute petite histoire qui enrichit une œuvre ajoute de la valeur à cette œuvre. Mais la petite histoire ne fait que rarement l'essentiel de la valeur de l'œuvre.
Dans le cas de la Manara ci-dessous la petite histoire multiplie le prix payé par 3 (par rapport au deux suivantes)
http://www.cornettedesaintcyr.fr/html/f ... =&aff=1&r=
I est quand même évident au premier coup d'oeil qu'outre les deux cases utilisées en couverture, cette page de Manara est infiniment supérieure en qualité aux deux autres.
Bandamoebius a écrit:Un bémol plus sérieux, concernant cette vente Millon, quant au dessin d'Enki Bilal, présenté comme un pur original, lors même qu'il semble plutôt s'agir de la version "repérage couleur" de sa première sérigraphie, publiée en noir et blanc puis en couleur.
Le dessin original est à l'encre de chine, en noir et blanc.
Cela ne rend pas la pièce présentée inintéressante, mais la précision devrait être apportée (d'autant qu'il s'agit de la couverture du catalogue!) et le prix, sans doute ajusté...
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