han_solo a écrit:Est ce qu'on rectifie l'angle d'inclinaison de la tour de Pise ?!
Oui, en 1993
Bonne remarque. Mais c'était parce qu'il y avait un risque sanitaire.
Si on pousse l'analogie, la colorisation actuelle du Lotus Bleu répond a un risque financier, et n'obéit a aucun impératif artistique
Pour rebondir sur ce qu'écrivait Danielsansespace, Hergé utilisait la trame (si je me souviens bien, il hachurait les endroits où l'imprimeur devait ensuite ajouter une trame) à défaut d'autre chose. Dès le moment où on colorise, il faut enlever cette trame.
En ce qui concerne la colorisation, on ne peut pas reprocher à une entreprise commerciale d'essayer de gagner de l'argent. J'ai acheté les Soviets en couleurs alors que je possède les albums Archives Hergé. Pour celui-ci, on verra plus tard ...
danielsansespace a écrit:Pour moi ces versions colorisées sont une redécouverte, un nouvel éclairage, qui me permet de me replonger dans l’album noir et blanc, la colorisation, et le reformatage en album et de comparer les 3 versions, case à case. Par exemple, cette nouvelle version retire les trames (qui sont les seules à avoir été restaurées sur les fac simile noir et blanc) donc donne une nouvelle lisibilité du trait originel, et lui ajoute une mise en lumières colorées qui parfois corrige des ombres portées qui n’étaient pas toujours justes mais faisaient bien la blague. Évidemment, quand le fac simile des planches originales sortira, je rachèterai une nouvelle fois, pour retrouver l’émotion de toutes ses planches exposées en 2006 à Beaubourg. Pour les autres albums noir et blanc mis en couleurs, cela permet quand même d’avoir un trait nettoyé et débarrassé des scories de ces trames jamais nettoyées depuis la première photogravure faite pour le petit vingtième, malgré les multiples rééditions et qui présentent toujours les mêmes défauts aux mêmes endroits. Ce nouveau travail a le mérite d’être le premier réalisé sur les originaux depuis 90 ans…
Merci de ta réponse bien complète et intéressante. Ces versions profitent d'un nettoyage salutaire sans doute, avant même de parler couleurs, ça c'est très bien. Et j''achèterais très certainement un fac simile des planches originales en effet. Pour la colorisation je reste assez gêné par un travail qui n'a pas été fait sous la houpette ( ) de Hergé. Même si en effet ça permet de voir les planches différemment, évidemment. Et je rejoins han-solo sur les ombres portées, elles etaient ainsi voulues par Hergé.
"De tous ceux qui n'ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent." A.Allais
L’histoire des ombres, ça me rappelle une discussion d’Hermann je crois à propos de Jijé qui posait des ombres un peu au hasard, en dépit des sources de lumières. On n’y prête pas forcément attention mais c’est parfois assez irréaliste comme les plis de vêtements pour d’autres auteurs. Le fait de poser les ombres de manière plus juste par rapport aux sources lumineuses apporte une profondeur différente aux images, mais il faut comparer case à case pour s’en apercevoir et interroger la meilleure approche. Les lavis bleus posés par Hergé pour modeler les images nocturnes du Lotus bleu sont pour beaucoup dans l’émotion transmise par ce tome en noir et blanc. La transposition en couleurs prend des libertés par rapport à ces ombres du fac simile,mais quand on observe ces différences, on devine une attention assez louable qui ne me paraît pas être une trahison. Au contraire, la case reproduite page 9 de la préface quand Tinin demande son chemin (case 4 planche 24) montre que les ombres portées au lavis sont cohérentes avec la mise en couleurs alors que le fac simile nb en donnait une autre interprétation inversée et donc pas correcte. Donc le fac simile pour aussi beau qu’il soit ne respectait pas les lavis des originaux. Il faudrait comparer avec les éditions noir et blanc d’avant le fac simile de 1985 pour le coup. Edit: je viens de retrouver un visuel de cette page sur une édition ancienne, et effectivement les tramés ne respectaient pas les lavis bleus de Hergé sur cette case, les inversant sur cette image mal interprétée depuis l’EO. Donc on a avec cette nouvelle version une édition finalement plus respectueuse du placement des ombres voulu par Hergé et plus conforme aux sources de lumière. https://ibb.co/7jkhXhs
Très intéressantes toutes ces remarques, merci. J'aime assez ces versions colorisées (j'hésite encore à acheter le premier coffret dont j'ai les albums individuels, sauf le Congo évidemment) et je trouve que cette dernière est réussie, avec des couleurs heureusement très différentes de ce qui a présenté dans ces pages auparavant.
Question sincère sans aucune ironie, pour voir comment chacun gère sa tintinomania : Tu adores le Lotus N&B, qui est pour toi un sommet dans sa V. O, tu le préfères aux autres. Et tu as envie d'avoir cette version colorisée de cet album. Qu'est-ce qui motiverait ton achat ?
Envie , j'attends de voir ! Danielsansespace a dit beaucoup de choses intéressantes. C'est peut-être une autre façon d'appréhender le trait.
danielsansespace a écrit:L’histoire des ombres, ça me rappelle une discussion d’Hermann je crois à propos de Jijé qui posait des ombres un peu au hasard, en dépit des sources de lumières. On n’y prête pas forcément attention mais c’est parfois assez irréaliste comme les plis de vêtements pour d’autres auteurs. Le fait de poser les ombres de manière plus juste par rapport aux sources lumineuses apporte une profondeur différente aux images, mais il faut comparer case à case pour s’en apercevoir et interroger la meilleure approche. Les lavis bleus posés par Hergé pour modeler les images nocturnes du Lotus bleu sont pour beaucoup dans l’émotion transmise par ce tome en noir et blanc. La transposition en couleurs prend des libertés par rapport à ces ombres du fac simile,mais quand on observe ces différences, on devine une attention assez louable qui ne me paraît pas être une trahison. Au contraire, la case reproduite page 9 de la préface quand Tinin demande son chemin (case 4 planche 24) montre que les ombres portées au lavis sont cohérentes avec la mise en couleurs alors que le fac simile nb en donnait une autre interprétation inversée et donc pas correcte. Donc le fac simile pour aussi beau qu’il soit ne respectait pas les lavis des originaux. Il faudrait comparer avec les éditions noir et blanc d’avant le fac simile de 1985 pour le coup. Edit: je viens de retrouver un visuel de cette page sur une édition ancienne, et effectivement les tramés ne respectaient pas les lavis bleus de Hergé sur cette case, les inversant sur cette image mal interprétée depuis l’EO. Donc on a avec cette nouvelle version une édition finalement plus respectueuse du placement des ombres voulu par Hergé et plus conforme aux sources de lumière.
Merci Daniel pour toutes tes infos, c'est passionnant. J'avais aussi remarqué que le fac-similé du Lotus Bleu était le plus réussi des 9 albums noir et blanc grâce à ses trames nettoyées en 1985, mais j'étais loin d'imaginer qu'il ne respectait pas les lavis bleus des originaux (tout comme l'EO). Moi aussi je serais très intéressé par de nouveaux "fac-similés" noir et blanc réalisés à partir des planches originales récemment nettoyées pour les éditions couleurs. A suivre...
Quelques aberrations de colorisation - le disque rouge (Hinomaru) du drapeau japonais reste noir - les marques nationales au soleil rayonnant des automitrailleuses Osaka type 92 : rouge et noir au lieu de rouge et blanc
FrancoisG a écrit:Je ne suis pas Tintinophile, j'ai la version classique du Lotus Bleu achetée lorsque j'étais gamin, j'ai également la version des éditions Atlas et aucun fac similé quel qu'il soit. Je pense que cette nouvelle édition aura donc toute sa place dans ma bibliothèque et que je la relirais avec un nouvel œil. Le plaisir devrait être au rendez-vous !
je n'ai jamais été intéressé par les Tintin première version en N&B (d'alors ou fac-similé), ayant eu toutes les versions (dites "classiques") couleurs - y compris la version non-Demoorisée de l'Ile Noire.
Mais c'est clair que ces premières version colorisées sont intéressantes, mais ne me pousseront pas pour autant à les acheter.
Pour être franc, à part les Tintin de ma mère (parfois des EO en piteux état) au fond d'une caisse à vin (en bois), je n'ai pas de place pour Tintin ou Spirou dans ma bib ajd. Même Astérix, je n'ai pas racheté - j'ai considéré la grande collec pendant un temps.
L'Ombre Jaune a écrit:Benoit Peeters qui le vend pas trop mal, ça donne envie :
Hergé = RG = Roman Graphique.
Mais bon sang, mais c'est bien sûr... Comment on y a pas pensé plus tôt?
bonne défense de BP, même si pour moi, le véritable premier Tintin, cela reste Les Cigares.
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)
L'Ombre Jaune a écrit:Benoit Peeters qui le vend pas trop mal, ça donne envie :
Faut pas le lancer sur Tintin le Peeters, il en parle avec tellement de passion qu'il te donnerait envie de le relire alors que tu as terminé pour la 20e fois de lire l'album 10mn plus tôt.
BDbilos a écrit:Tellement ça ! Mais il ne m'a toujours pas convaincu d'acheter cette nouveauté.
Tu as raison, on voit bien que le gars ne maîtrise pas du tout son sujet puisqu'il évoque dans la vidéo 64 pages pour les albums classiques que nous avons tous chez nous alors que tout le monde sait bien ici qu'ils n'en comportent que 62 ... !
Blague à part, il faut te précipiter sur les 124 pages / planches de cette version colorisée parue le 8 janvier 2025 ...
Notamment, même mon libraire m'a confié hier qu'il l'avait lue en comparant case par case - quand cela est possible - avec la version colorisée en 62 pages !
P.S. : Il y a aussi un dossier de 16 pages en début d'ouvrage, mais là n'est pas l'essentiel.