Yvantilleuil, tu écris :
DC Comics a refusé le projet et je leur dis bravo.
Oui et non.
Dans la forme primitive de Holy Terror, Miller avait envisagé de mettre en scène Batman et Catwoman à Gotham City.
Si le Dark Knight Returns avait pu passer, ce livre-ci posait des problèmes évident pour la ligne éditoriale traditionnelle de la DC qui évite de parler politique et actualité (elle n’y fait qu’allusion cf. Hellblazer Pandemonium) et à cause de la figure même de Batman qui ne tue ni ne torture ses ennemis aussi cruels soient-ils.
Miller a donc modifié son scénario (en fait uniquement le nom et l’aspect des personnages et le nom de la ville) et l’ouvrage fut publié par Legendary Comics qui est également le coproducteur des films, avec la Warner, mettant en scène des héros DC au cinéma…
Reconnaissons-le, le changement des noms et des looks des héros (qui restent reconnaissables), le recours à un éditeur "ami" pour la publication constituent quand même une belle hypocrisie de la part de la DC. Miller est bankable, il serait inepte économiquement de ne pas le publie parce qu'il faitgagner de l’argent.
Flocon écrit :
Je ne vois pas pourquoi on ne publierait pas un album mauvais. Vous n'en avez jamais lu d'autres, de mauvais ? (vous faites partie du clan des "je ne lis que du bon" peut-être...) Vous n'avez jamais écouté d'albums (musicaux cette fois) mauvais pondus par des artistes talentueux qui se fourvoyaient dans des genres médiocres ?
Je suis de cet avis. Sur 100 BD éditées, combien sont-elles « lisibles » ? Dix au grand maximum et parmi ces dix, une seule, voire deux, peuvent être des lectures recommandables et parfois même des chefs d’œuvres, c'est-à-dire des oeuvre qui feront date.
Qui plus est, même un excellent auteur, profitant de sa notoriété amplement méritée, aura tendance à tout publier, y compris ses fonds de tiroirs, y compris des œuvres faites à la va-vite qui ne seraient pas éditées si le nom de l’auteur n’était pas prestigieux.
Je me souviens d’une époque où Sfar publiait un ou deux albums par mois sans que cela ne semble déranger personne, on criait même au génie. Sauf qu’en y regardant de plus près, ces livres n’étaient pas si bons que cela…Pour m’être « fait avoir » par la seule réputation de l’auteur ou par la joliesse d’une couverture, au lieu d’avoir et d’attendre l’avis d’un spécialiste (critique ou libraire) je pense parler en connaissance de cause et je ne puis que me blâmer moi-même.
Ce qui est vrai pour la BD est vrai pour le roman, le cinéma ou la musique.
« ah, il y a la teneur du discours... il fallait censurer ou ne pas porter à la connaissance du public cette "oeuvre" ? ce n'est pas mon avis. »
Les idées de Miller sont connues depuis fort longtemps, Holy Terror en est leur expression caricaturale, il m’a toujours semblé évident que Miller, comme Clint Eastwood dans les films qu’il a réalisé, appartenait à l’Amérique conservatrice par ses valeurs et sa vision du monde.
En parlant de Clint Eastwood, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire devant la vraie fausse stupéfaction de certains critiques cinéma (Inrocks en particuliers) qui semblaient découvrir que le réalisateur des excellents Impitoyable, Pale Rider, Gran Torino ou Million Dollar Baby, était de droite car il soutenait le candidat républicain à la prochaine présidentielle américaine.
Si on n’apprécie pas une telle idéologie, on est tout à fait libre de s’abstenir de lire de tels livres ou d’aller voir ce type de films.
Enfin : Personnellement, ce que je retiens, c'est que Miller descend d'une marche ou deux avec un seul bouquin.
Pour l’exposé lourdingue de sa vision du monde (Le choc des civilisations) je suis de cet avis : Miller a perdu la subtilité (relative) qu'il avait déployée dans Sin City. Mais graphiquement parlant, il n’a jamais été aussi bon.