allez, deux pavés dans la mare:
hop, Ping pong tome 4
alors pour la poignée qui lisent mais qui ne suivent pas
, Ping Pon, c'est l'histoire de deux amis, Tsukimoto, dit Smile, et Hoshino, dit Peko, qui jouent au ping pong. Vu comme ca, ca a pas l'air glamour, c'est sûr, mais attendez, attendez...
Depuis le début de son manga, Matsumoto se focalise avant tout sur la relation entre les deux héros de l'histoire, et leurs intéractions avec leur entourage (en soulignant la grande différence de caractère des deux persos: peko est expansif et sociable, smile, lui, est taciturne et solitaire), tout en construisant en toile de fond une critique subtile et pertinente du monde sportif japonais et du système educatif. Ce tome 4 franchit une étape supplémentaire, tout en renouant avec l'action, délaisée depuis la fin du tome deux.
Pourquoi une étape supplémentaire? Parce que nous sommes à un tournant: nous nous retrouvons exactement dans la même situation que dans le tome deux, c'est à dire juste avant le tournoi départemental des lycées, mais avec des cartes complètement bouleversées: tsukimoto s'est revelé un monstre du ping pong, mais ne sait toujours pas gérer sa vie, il est toujours aussi solitaire (et même plus qu'avant, complètement coupé du monde par la pratique intensive du ping pong). Peko, lui, a connu une traversée du désert, avant de trouver une réelle motivation pour jouer au ping pong (autre que celle d'écraser l'autre). Le rapport de forces qui sous-tendait l'amitié des deux enfants a été chamboulé, et cette amitié s'en est ressentie. Nous nous retrouvons avec un Peko qui a tout a prouver et un smile sur qui repose une énorme pression, celle de ne pas decevoir.
un tournant dans la relation profonde et complexe qui unissent les deux heros donc, mais aussi une nouvelle étape pour ce qui est du propos de Matsumoto, représentée par le personnage de Kazama. Kazama, c'est une bête à concours, une machine à gagner, et la représentation parfaite de la mentalité des sportifs japonais. il représente la discipline, la persevérance, la rigueur, le sérieux, l'abnégation totale au club... toutes sortes de valeurs particulièrement prisées par le système éducatif japonais, qui formate ses jeunes pour en faire des salarymen parfaits plus tard. Ces valeurs sont traditionnellement montrées comme positives dans les mangas sportifs (le héros manquant en général de discipline, par contre, mais il y a toujours un sidekick quelconque pour lui faire voir la beauté et l'utilité de cette valeur). Ici, Kazama, l'incarnation de toutes ces valeurs, apparaît complètement seul, coupé des autres. Matsumoto n'aborde pas son sujet par l'équipe mais par l'individu, nous montre tous les doutes d'un adolescents sur qui les entraîneurs ont mis une pression énorme. Il ne fait pas partie de l'équipe, il EST l'equipe a lui tout seul, a la fois étendard et "arme ultime". on ne voit les autres de kaio (le lycee de Kazama) que tres rarement, a part le numero deux de l'equipe, qui confirme le propos de l'auteur: l'idee d'equipe et tout ce que cela sous tend ici est une illusion. l'entraineur, en faisant tout reposer sur la tete de kazama, l'isole completement. des lors, la solidarité affichée par cette "equipe" semble completement artificielle, demontée par ce systeme ou gagner est le plus important.
Matsumoto n'attaque pas de front (comme il a pu le faire dans printemps bleu), Kazama accepte son sort stoiquement, mais le portrait de cet adolescent tout seul dans ses toilettes revet plus de force qu'une critique virulente et claire. Kazama et sa solitude marquent les esprits.
et a côté de cela, Matsumoto se paye le luxe de nous faire un manga de sport palpitant et d'un dynamisme impressionnant dans les matches. Ceux qui aiment les bonnes histoires bien racontées courront acheter. ceux qui aiment les histoires subtiles et un propos fort derriere une oeuvre au scénario somme toutes simple se precipiteront et se l'arracheront. ceux qui aiment les deux le portent deja aux nues
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