sirjeje a écrit:Moore à écrit et imaginé les scénarios en couleurs , donc , certain effet scénaristique tombe complément a l'eau avec les versions noir et blanc ...
Par exemple? Ca m'etonne un peu...
Perso je vais me le prendre c'est sur et certain... Du Moore
Tiens , critique provenant de bdtheque , expliquant pourquoi le N/B , tu perd des effets scénaristique :
Culte ? Sans problème ! De tous les travaux d’ Alan Moore, Swamp Thing est ce que je préfère le plus après les Watchmen en terme d’émotions procurées.
Culte, mais achat non conseillé ? Je m’explique :
Delcourt appuie sa publication sur la réédition américaine de Swamp Thing en N&B. Et je trouve ce choix très discutable. Si Swamp thing est paru à l’origine en couleur (coloriste Tajana Wood) à une période ou la qualité de papier et d’impression des comics laissait franchement à désirer, la réédition de qualité en paperback couleur du run de Moore en 6 tomes aurait pu servir de base à la parution française. Sachant que la mise en couleur a été pensée par les auteurs, on perd une bonne partie de leurs intentions et surtout une bonne partie de l’ambiance.
Je vais donner quelques exemples pour bien illustrer mon propos :
- prenons la page d’ouverture du tome 2 de Delcourt : Woodrue y imagine un personnage martelant une vitre, en évoquant une quantité extraordinaire de sang. C’est une page qui à l’origine, en couleur, utilise des teintes bleutées dans toutes les cases, mettant en évidence le rouge du sang qui s’étale sur les vitres (et celui du vin dans le verre que tient Woodrue). Ce contraste clairement voulu par les auteurs, a quasiment disparu de la version N&B.
- la page 73 de ce même tome, illustre le contraste permanent qu’il y a entre la couleur verte de Swamp Thing (et de son environnement naturel) et le fait que ses yeux soient rouges ainsi que le fond de ses onomatopées. Swamp Thing parle peu, mais lorsqu’il parle, ce fond rouge accentue systématiquement la puissance que dégage le personnage.
- page 96 et 258 : on assiste à 2 couchers d’un Soleil rouge primaire, avec à nouveau dans la version d’origine, un contraste vert/rouge saisissant. Sans compter que page 258, ce Soleil, son reflet ainsi que les dégradés du ciel ont complètement disparus dans la version N&B.
- pour finir d’enfoncer le coup avec cet aspect, il y a un numéro entier de Swamp Thing (« My Blue Heaven ») où ce dernier se retrouve sur une planète bleue, au sens littéral du terme (le sol, la végétation, lui-même, tout est bleu). Que va-t-il rester de cette idée dans la version Delcourt ?
J’ai aussi détecté par hasard un soucis dans la pagination : les planches des pages 237 et 238 de la version Delcourt ont été conçues à l’origine pour se faire face (c’est une seule et même planche). Un saut de page aurait été le bienvenu (ce qui est fait dans les paperback américains) Les anglophones avertis savent ce qui leur reste à faire …
Je débuterais (enfin) mon avis, en rectifiant l’avis précédent par rapport aux dessinateurs. En fait, les aventures de la créature du marais ne sont pas alternativement dessinées par Totleben et Bissette : Stephen Bissette est le dessinateur, John Totleben est l’encreur. Le remplacement de Bissette est souvent assuré par Rick Veitch (plus rarement par Shawn Mac Manus), et celui de Totleben par Alfredo Alcala, et c’est cela qui explique les changements de style pendant le run de Moore. En tout cas, Swamp Thing n’est jamais aussi beau que lorsqu’il est pris en charge par le duo principal, et ce, principalement du fait d’un encrage d’une grande finesse dans les détails.
Swamp Thing constitue le premier travail (et le plus long de sa carrière) de Moore pour un éditeur de comics américain. C’est avec cette œuvre, et bien avant Watchmen, qu’il va d’ailleurs se faire un nom dans le domaine, et montrer qu’il est un auteur « bankable » (au moment où il reprend la série, les ventes sont moribondes, il va en faire un best seller, couronnés d’Awards en tout genre).
Pour correctement appréhender cette BD, il faut quand même avoir à l’esprit que Swamp Thing est avant tout un comics « d’horreur », pas de Super Héros (même s’il vit dans le même monde que Batman ou Superman) et que c’est sous cet angle que Moore va aborder le personnage. Ce qui fait la grande réussite de l’approche de Moore, ce sera surtout de mélanger horreur et poésie, pour produire des images qui imprègneront la mémoire du lecteur pour de longues années. En ce qui me concerne, la planche de la page 298 du tome 2 (qui fait écho à celle de la page 258 ), me hante depuis la première fois où je l’ai lu, et me met quasiment à chaque fois dans le même état émotionnel que le héros (il pleure).
De plus, c’est avec ce personnage que Moore va commencer à expérimenter au niveau des techniques narratives. C'est donc très souvent innovant et surprenant (comme d’habitude jamais au détriment de l’histoire qu’il raconte) mais toujours dans le but de mieux transmettre des sensations aux lecteurs (« Rite de printemps » et son orgasme végétal, « Loving the Alien » qui nous unie à la psyché d’une entité extraterrestre). Quand au coté « horreur », il est très réussi, et quand c’est glauque, c’est vraiment glauque (et dérangeant ! J’ai à l’esprit un duel éternel entre 2 pistoleros fantomatiques, dont les chairs sont arrachées petit à petit par chaque balle tirée).
En résumé, que du bonheur de lecture, et ce, sur près de 1000 pages quand même !
Ps : c’est aussi dans cette BD que sera créé le personnage de John Constantine avant qu’il ait sa propre série.
http://bdtheque.com/main.php?bdid=1446&action=6Avec la version couleur , on pourra profiter pleinement de ce chef d'œuvre !