Ces jours derniers, à la suite de nos premières discussions concernant l'orthographe retenue pour le titre du livre très attendu à paraître chez Paquet, j'ai eu l'occasion de me replonger (enfin, plutôt, de parcourir rapidement) dans deux ouvrages que j'avais à portée de main sur une étagère (à la différence des Cahiers de la revue Icare, très vraisemblablement enfouis dans un carton) : il s'agissait du magnifique album Saint-Exupéry (Pléiade 1994) que les libraires offraient à leurs clients pour l'achat de trois volumes de ladite collection ; et du "Au revoir Saint-Ex" [*] (paru aussi en 1994, rien d'étonnant, c'était une année commémorative de la disparition de l'écrivain-aviateur), livre hommage dû au talent du photographe américain John Phillips qui prit sur le vif un certain nombre de clichés quand il se trouvait à Alghero en Sardaigne, avec l'escadron de reconnaissance au sein duquel pilotait Saint-Exupéry.
Attention ! Sautez ce paragraphe si les pinailles orthographiques vous gonflent ou vous passent par dessus la tête.
Je reviens sur le choix des auteurs de "zapper" le trait d'union reliant les deux mots de l'illustre patronyme, choix délibéré qui s'est fait après mure réflexion, comme nous l'apprend la seconde vidéo proposée par
pol. En parcourant l'album de la Pléiade, j'ai pu constater que des documents manuscrits de Saint-Exupéry ou dactylographiés (sans doute par une secrétaire à laquelle il avait dicté le texte ou remis un manuscrit) ne comportaient pas le trait d'union. Et que les éditions originales de ses livres chez Gallimard, y compris le posthume Citadelle, paru en 1948, sont exemptes du trait d'union. Alors que celui-ci était depuis plusieurs décennies la plupart du temps employé par la presse, que ce soit dans des textes écrits par des journalistes de la rédaction ou des billets signés par Saint-Exupéry lui-même.
Puis Gallimard, je ne saurais dire quand, s'est conformé un jour à cet usage et les rééditions dans la "Collection Blanche" de Courrier Sud, Vol de nuit, etc..., dépourvues à l'origine du trait d'union, ont relié les deux membres du nom de famille de l'écrivain. Ce sera le cas également pour les très nombreuses éditions du Livre de Poche puis de Folio (Gallimard toujours).
Sans doute, au début, les secrétaires de l'éditeur et les correcteurs ont-ils fait le choix, comme aujourd'hui Bernard Chabbert et Romain Hugault, de respecter la forme choisie par Saint-Exupéry pour signer ses manuscrits ou sa correspondance ? Puis, avec le temps, après sans doute aussi maintes discussions et concertations, ont-ils opté pour la solution préconisée par les grammairiens ? Qui est devenue la graphie commune et la plus répandue, dans le monde entier. Celle avec trait d'union.
A noter que la forme sans le trait d'union se retrouve aussi jusque dans les années 60, en France, dans quelques ouvrages de collections destinées à la jeunesse (Collection Rouge et Or, etc...).
[*]Au passage, je salue le travail de Romain pour son illustration de couverture dont je crois avoir deviné (ce n'est pas bien difficile quand on a le bouquin de John Phillips sous la main, avec moins de cent pages à feuilleter. On pourrait presque s'en dispenser, mais on n'aurait alors qu'une partie de la solution.
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) de quelles photos il s'est servi pour réaliser sa peinture ornant le premier plat, que je trouve très réussie.[/spoiler]