LA PREVIEW:
Fidel Castro est complètement furioso ! Car tout autour de lui, ça papote et ça complote, afin de l'éliminer du jeu politique. Même ses propres hommes, infiltrés par la CIA, lui offrent des cigares piégés ! En voyage à New York pour un discours historique à l'ONU, le leader cubain est sur ses gardes, totalement paranoïaque. Tout l'inverse de Spirou, venu en tant que simple reporter pour couvrir l'événement. Mais notre groom ignore encore qu'il va se retrouver accusé d'attentat contre Castro puis emmené de force à Cuba ! Ses seuls espoirs : Fantasio, qui s'envole aussitôt vers l'Amérique du Sud, ainsi que Seccotine, déjà à Cuba pour un reportage. À moins que cette dernière ne se laisse séduire par les idéaux communistes du charismatique Che Guevara...
Quand les aventures de Spirou se la jouent crossover avec les péripéties de l'Histoire, cela donne un album forcément explosif : La Baie des Cochons !
Suite à la sympathique intervention du dessinateur Elric (à retrouver à partir d'ici :
le-spirou-verse-les-miscellanees-de-spirou-t102238-400.html#p5139969) je crée ce fil pour regrouper les infos et discuter spécifiquement de ce futur "Spirou classique"
Elric Dufau :
L’histoire sera en prépublication début mai, à partir du numéro 4491. Elle sera découpée en 7 parties. Je crois qu’il y aura 3 ou 4 parties en prépublication et l’album sortira. La suite sera dans le journal en post-publication.
Le projet a été créé spontanément il y a des années avec mes amis Clément Lemoine et Michaël Baril. Je vais souvent à Paris (alors que j’habite à Angoulême) pour y donner des cours et le soir, au restau nous nous amusions à inventer des histoires à des personnages franco-belge classiques. A un moment on en est arrivé à Spirou et là j’ai dit « ce serait chouette de le mettre au cœur d’un événement historique qu’il n’a pas vécu, comme Chaland avec Vacances à Budapest (aucun auteur franco-belge n’avait traité de la révolution hongroise à l’époque.) Et puis Clément ou Michaël a dit qu’il avait vu un documentaire sur le débarquement de la baie des cochons. On en a parlé plusieurs fois au cours de l’année pour finir avec pas mal de notes. Le confinement est arrivé et j’ai monté un dossier pour l’envoyer à Dupuis.
Donc on a tout écrit à trois, je dessine seul et on se partage le travail sur les couleurs avec Michaël.
On a bien sûr été accompagné par l'éditeur, mais il nous a laissé une grande liberté. Par exemple il n'est pas intervenu sur des choix, juste sur des détails techniques. Après il y a eu une relecture en interne et d'autres personnes, comme le rédacteur en chef de Spirou ont pu donner leur avis et ça nous a permis de corriger de petites erreurs ou des détails dans les dialogues.
L’histoire se passe donc au moment de la baie des cochons, en 1961. On retrouve les personnages dans leur contexte de l’époque, donc avec le Marsupilami. Le fait que cet événement tombe à ce moment nous a fait concevoir l'album comme une suite (indirecte) au Prisonnier du Bouddha. Il y a donc Longplaying et le GAG.
Merci Vainsy, j’ai pensé à ça, affronter le lectorat ! Je préfère le faire, déjà parce que je suis sur les réseaux depuis les blogs au début des années 2000, donc je maîtrise un peu la communication avec les autres. Et je trouve aussi que ça adoucit les rapports. En plus ça permet de mieux décrire notre démarche.
Je me suis posé beaucoup de questions à propos de Seccotine. Elle change de proportions selon les époques (elle n'apparaît que 3 fois il me semble) et elle change aussi de proportions selon les habits qu'elle porte. Donc j'ai tenté une Seccotine qui serait un peu la synthèse de plusieurs apparitions. Il est évident que ça ne répondra pas au goût de tout le monde.
Le choix des habits est celui de la logique de l'histoire. C'est une journaliste de terrain, d'autant plus que très souvent Franquin changeait les habits de ses personnages selon le lieu de l'action.
Quand on s’expose comme ça on doit faire la part des choses. Il y a des critiques qui sont objectives, dont on doit tenir compte (tant que ce n’est pas trop tard, en gros avant le passage à l’imprimerie) et les avis qui viennent d’une sensibilité et qui peut varier. Par exemple les habits et les hanches de Seccotine.
Les critiques sont sur ce que je montre, mais pour moi la bande dessinée est un ensemble comprenant aussi la mise en scène et le scénario. Tant que tout ne sera pas à disposition les critiques sont relatives.
Au niveau du dessin j’ai essayé de m’approcher au mieux de Franquin pour les visages des personnages principaux, mais pour le reste des éléments graphiques et de la mise en scène j’ai essayé d’être dans un esprit général de l’identité graphique Dupuis des années 60, avec mon style naturel qui ressurgit forcément un peu derrière.
On a porté une attention particulière au scénario. On l’a écrit à 3 donc chaque scène à été particulièrement réfléchie et parfois réécrite plusieurs fois pour obtenir le résultat le plus satisfaisant possible.
Au niveau des couleurs, l’introduction se passe à New-York sous un temps pluvieux. Les couleurs sont donc plus ternes pour contraster avec la suite qui se passe à Cuba. La ligne directrice était d’avoir des personnages et des éléments / objets importants contrastés (plutôt pop) et des fonds plus clairs. C’est une question de valeurs des couleurs pour que les éléments importants se détachent et rendent l’ensemble le plus lisible possible.
Pour la couleur il y a la question des choix, comme je disais l'introduction est sous un ciel pluvieux (même en 1960 les ciels étaient gris
) pour contraster avec le soleil cubain qui arrive planche 11 et créer ainsi deux ambiances distinctes.
Ensuite il y a les limites techniques. Les procédés d'impressions ont changé depuis les années 60 et se sont standardisés sur du CMJN, c'est à dire des cartouches de cyan, magenta, jaune pour un premier passage et noir avec un passage par dessus les couleurs (on peut aussi passer les 4 d'un coup, mais chez Dupuis c'est un passage séparé du noir qui est commandé et c'est le mieux pour la qualité.) Si on veut des couleurs intenses il faut passer par des cartouches de couleurs pantones (chaque couleur à un numéro et on commande le numéro) pour donner un exemple extrême on pourrait remplacer le rouge par du rose fluo et ça changerait jusqu'aux mélanges du rouge avec les autres couleurs et donnerait une intensité différente. Les éditions 2024 font ça régulièrement. C'est aussi courant dans l'impression en risographie, notamment les publications de Baptiste Virot ou les éditions Colorama. L'inconvénient c'est que ça coûte cher et ce n'est pas utilisé pour les livres diffusés massivement.
En tout cas, par rapport à l'usage de Photoshop, je fais bien attention à ne pas choisir les couleurs au hasard dans le nuancier et pour qu'elles soient le plus lumineuses possible je mets toujours le pourcentage de noir à 0 (ce qui n'empêche pas d'avoir des couleurs foncées, mais ça évite le plus possible le côté terne.)
Pour les informations liées à la création il s'agissait surtout de ne pas dévoiler le projet trop tôt. Donc l'éditeur (qui est Stéphane Beaujean) a temporisé mon enthousiasme à communiquer
Ensuite l'idée c'est de ne pas trop en montrer, mais je suis assez libre. Je montre une case de temps en temps et en général sans le texte. Sur les 62 pages j'ai montré 6 pages sans textes et 3 cases.