de Catel » 05/04/2007 12:20
Ayé je l'ai lu, eh bien c'est un peu trop délayé, mais brillant !
Vehlmann a l'excellente et ultra-ludique idée d'introduire une situation de réalisme psychologique dans un monde fantastique. Idée qui s'explore en plusieurs fois tomes. Ce n'est pas une suite, plutôt une continuité.
[spoiler]Vehlmann a eu des tas de bonnes idées, en fait. D'abord celle de reserrer le temps diégétique pour ne pas avoir à montrer d'évolutions décisives mais, à l'inverse, laisser courir les situations. Tout dans l'album montre qu'il préfère jouer sur l'atmosphère que sur la narration, ce qui est logique vu le parti-pris.
Ses personnages sont formidables, d'un grand réalisme. Ni Macaulay Culkin ni mioches, ce sont de vrais êtres humains crédibles, doués d'une personnalité, d'émotions, du savoir et de l'ignorance qui correspond à leur âge. A la fois lucides et immatures, prudents et insouciants, ils existent, et ne sont pas archétypés.
Leur introduction dans un monde vidé de toute présence adulte permet à Vehlmann d'explorer comment le rêve de tout enfant peut s'avérer un cauchemar. La ville, devenue un grand terrain de jeu pour eux seuls, avec un zoo ambulant, autant de jouets que souhaités, le droit de boire de l'alcool, de s'amuser avec de vraies armes, est très différente selon qu'elle est fantasmée ou réelle. Il faut en effet manger, faire la vaisselle, entretenir certaines choses, pour le côté matérialiste: et aussi faire sans la présence et l'affection des adultes, qui peuvent être violents ou aimants, en tout cas structurants. Comment être adulte quand on a 12 ans ? Vehlmann a-t-il lu Freud et Lacan ?
L'introduction de l'homme aux couteaux ressort de la même logique fantastique-réalisme, et la dernière image de l'album ouvre d'autres pistes de réflexion sur cette métaphore de l'enfance/adolescence qu'est le superhéros.[/spoiler]
Enfin bref faudrait faire quelque chose de plus poussé, demander son opinion à un psychanalyste amateur de BD, mais ça me semble être un véritable OVNI dans le paysage de la BD actuel; dommage qu'il passe inaperçu.
"La BD de demain ? Il y aura des feuilletons dessinés sur Internet que les mômes regarderont comme on lisait un hebdomadaire. Mais comme métier, c'est devenu très difficilement rentable." Michel Greg, 1996.