de Plein Popossum » 21/05/2008 18:17
Bonsoir à toutes et tous.
Si le temps me le permet, je vais faire une histoire courte consacrée à M. René Follet. J'y reprendrai certaines des choses que je vais écrire tout de suite. A savoir que pour moi chaque lecture (et relecture) d'un album (et au départ d'un simple dessin) de M. René Follet reste une grosse claque dans ma gueule. Et quand je dis M. René Follet, c'est parce que c'est à mon sens un grand monsieur de la bande dessinée et un grand monsieur tout court. Son humilité est aussi incroyable que son talent.
J'ai longtemps caressé l'espoir (puisque je suis scénariste à la recherche de dessinateurs) de travailler avec lui, mais cela me semble si "énorme" que je crains de ne jamais avoir le courage. Ni la chance de quelqu'un comme Fabien Vehlmann, qui a écrit pour lui une courte histoire pour le journal de Spirou.
Comment quelqu'un comme lui n'a jamais pu être reconnu par ses pairs. Il mérite amplement et depuis des années un prix au moins comme l'Alph-art pour l'ensemble de son oeuvre. Ah ? On me dit que ce sont surtout des auteurs qui vendent qu'on récompense à Angoulême. Oui, et bien c'est injuste et sacndaleux (et je reste poli).
M. René Follet a raté des occasions en or (travailler avec Charlier notamment) et a été en effet le nègre de gens comme Vance (il aurait fait les décors des 2 premiers "XIII") qui eux se remplissent les poches. Et malgré ça, il continue son bonhomme de chemin et nous livre en toute discrétion et régulièrement son lot de leçons de mise en images.
Car je viens de rester pantois (et je reste encore poli) à la vue de la dernière case de la planche 22 d'Ivan Zourine Tome 3. C'est incroyable ! Avez-vous remarqué à quel point les cadrages sont généralement d'une précision et d'une profondeur absolue ? A quel point un personnage immobile est pourtant constamment en mouvement ? S'i m. René Follet avait été un cinéaste, je n'imagine même pas ce que ça aurait donné !!
Le seul ennui (et ça n'est en aucun cas un reproche) c'est que le trait de M. René Follet est figé dans son époque, celle de l'après guerre. Et c'est peut-être pour ça qu'on peut avoir du mal à se faire à son style. Mais passer à côté serait bien dommage.
Quand j'ai découvert "Ivan Zourine" il y a quelques mois, l'impression que ça m'a donné était "Nom d'une cachuète ! J'adore la neige, mais je n'aimerais pas vivre dans ces coins reculés !". C'est qu'inconsciemment le réalisme qui se dégageait des pages m'avait frappé direct, bam !
En tout cas, dès que je le peux, je vais m'offrir ce 3ème volet de "Ivan Zourine".
Je remercie immensément M. René Follet pour sa grandeur d'âme et pour son talent unique. Même si ça ne se voit pas, Je lui fais à l'instant la plus belle et la plus appliquée des révérences.