Pour ma part, je serais plus enclin à rapprocher le style graphique de Blain à celui de Blutch, et ce à bien des égards (travail sur le mouvement, jeu sur les proportions, traitement de la lumière...). D'ailleurs, la fiancée d'Arthur dans
Quai d'Orsay m'a furieusement fait penser à l'héroïne de
Vitesse Moderne.
S'agissant du livre, on peut déjà souligner la qualité esthétique de l'objet au format généreux.
Quant au contenu, il me tardait d'en prendre connaissance pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce que je suis un observateur assidu du spectacle politique, même si à vrai dire il m'inspire autant de répulsion que d'attraction. Et je suis d'autre part assez friand du style de Christophe Blain dont les séries
Isaac et
Gus, ainsi que la participation à
Donjon m'ont régalé. Je craignais en revanche que le portrait ne soit dressé sur le mode hagiographique, un crainte qui s'est vite dissipée à la lecture. En effet, si le personnage de De Villepin apparaît comme plutôt sympathique au lecteur, Lanzac n'hésite pas à asséner quelques coups de griffes (pas bien méchants, il est vrai) destinés aux hauts-fonctionnaires qui peuplent les cabinets ministériels. A l'inverse, il ne s'agit en aucun cas d'un brulôt qui dénoncerait les arcanes du pouvoirs. Le ton est en fait assez léger.
La succession des saynètes confère par ailleurs un bon rythme au récit, même si l'on peut regretter l'absence d'un solide fil conducteur.
Une bonne partie du sel de l'album réside en fait dans les apparitions (au sens théâtral du terme) du personnage de De Villepin. Son côté truculent et emphatique permet à Blain d'insuffler de l'ampleur et de l'outrance à son dessin. C'est beau, parfois surprenant et souvent drôle.
Bref, je ne peux que recommander ce livre. Certains souligneront sans doute l'inconsistance de la narration et du contenu. Pour ce qui me concerne,
Quai d'Orsay est un excellent album qui, à défaut de m'avoir mis une gifle, m'a fait passer un excellent moment et n'a fait que confirmer tout le bien que je pense de Blain.