Je viens de lire ce livre et c'est le big choc.
Ce n'est pas comme quelqu'un l'a dit plus haut l'histoire personnelle du scénariste c'est l'histoire de 90% des ouvriers des grandes usines. L'ouvrier fière de son boulot et de son entreprise ça n'existe plus..
Travaillant dans une grande usine de fabrication automobile, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi. J'ai dans mon équipe d'opérateurs des gens qui sont fiers de leur boulot, dans le sens qu'ils apprécient de bien faire leur travail ; c'est moins vrai sur le côté fier de son entreprise, je te l'accorde.
Sur la perception générale de la "machine" un peu infernale, du vécu, j'y ai trouvé aussi une très grande vérité. Tout particulièrement la double page titrée 04h00, mais également l'histoire du vieux ETAM remplacé par le jeune cadre qui lui prend son boulot... Ca me touche d'autant plus que je suis moi-même une jeune cadre !!!
Maintenant j'aimerai beaucoup lire la même description de l'usine mais faite par un cadre lambda avec tout autant de justesse que l'a fait Levaray.
Je ne pense pas que la perception des cadres soit fondamentalement différente de celle des ouvriers, la réalité du terrain ce sont bien les ouvriers qui la font et elle est perceptible même chez les cadres.
Le point du vue du cadre serait certainement moins intéressant : moins démonstratif d'un mode de vie, et les aspects de difficulté / lassitude face au travail, essentiellement cognitifs, sont plus difficiles à rendre, et très personnels : chacun réagit assez différemment au stress et aux surcharges de boulot, on aurait donc du mal à faire un livre qui interpelle les gens comme le fait "putain d'usine"