Nirm a écrit:Je serais bien moins utopiste que toi.
Là où tu vois de la démocratisation (dans le sens universalité) du bio, de la culture, de l'information, je ne vois que marché et donc argent.
Si le bio se démocratise c'est parce que certains le monétise, comme la culture ou l'écologie.
Le changement aujourd'hui, n'est pas dicté par une prise de conscience mais par l'argent que l'industrie peut y faire.
Si on centralise le débat sur le bio on va être HS mais bon je réponds quand même. [EDIT] : désolé pour le pavé ! J'ai tenté d'aérer par les paragraphes mais quand même... ^^
Si tu es consommateur de bio et si tu vas dans une Biocoop (c'est pas pour faire de la pub c'est l'enseigne qui a monopolisé ma ville) tu verras clairement que la clientèle est très différente de celle d'un supermarché lambda. Tu le vois dans les vêtements, tu le vois dans l'attitude des gens, tu le vois dans les conversations. L'ambiance est vraiment très différente. Évidemment si la référence c'est le bio dans les supermarchés lambda ce n'est plus la même chose.
Quand tu vas acheter bio tu sais globalement que tu payes 25 % de plus mais tu sais que tu manges plus sain et que ça pollue moins/pas. Sinon ce serait vraiment maso de dépenser plus. Car effet de mode je n'y crois pas une seconde. Ce n'est pas un vêtement que tu arbores. Tu peux manger 100% bio sans que personne ne le sache. Tu n'arbores pas les couleurs du bio (y'en a pas) comme tu arbores un logo. Pas de signe extérieur. Plutôt que de parler "mode", ce qui est complètement inapproprié selon moi, c'est bien plus une philosophie et du bon sens : choisir ce que tu mets dans ton corps, vouloir la santé et celle de ta famille, participer à une économie plus juste (les producteurs sont généralement mieux payés car locaux et en direct avec l'enseigne) et à une agriculture et industrie beaucoup moins polluantes. Je serais sincèrement très étonné que ces réponses ne soient pas citées par les clients qu'on interrogerait à la sortie de ces magasins bio.
Idem pour l'écologie : tu ne vas pas t'embêter à faire du tri, à aller à la déchèterie alors que tu peux mettre tout dans ton sac poubelle noir, voire même décharger en pleine nature (ça se fait malheureusement encore, même si là aussi ça devient beaucoup plus rare qu'il y a 30-40 ans. Je rappelle quand même qu'à l'époque ça ne posait aucun cas de conscience de faire la vidange de sa voiture sur le parking en gravier devant son immeuble ou dans le caniveau... Bref, quand la solution de facilité est abandonnée pour un acte demandant un effort et un investissement, ce n'est pas une mode, c'est un changement.
En plus ta formulation n'est pas correcte je pense : c'est la demande qui crée l'offre ici, pas l'inverse. Les magasins répondent à une demande croissante. Les grandes enseignes l'ont très bien compris et je tiens de source sûre qu'une très grande marque va anticiper un grand revirement dans les années à venir pour ne pas couler. Bien que j'ai des infos précises sur le sujet, je ne peux dire qui ni comment, mais je peux t'assurer que si l'initiative est concrétisée ça montre clairement un changement profond de la demande et d'après ma source ils sont obligés de suivre s'ils veulent encore exister dans 20 ans. On en est là. On voit bien que c'est pas l'inverse, les grandes enseignes sont à la traine pour le moment malgré quelques initiatives : produits bio mélangés dans le rayonnage, une gondole ou deux de fruits et légumes bio et souvent une zone dédiée mais pas forcément encore toujours mise en valeur (j'ai 2 exemples inverses pour 2 enseignes). Mais le mouvement est lancé, il y a un changement et les grandes enseignes vont le suivre (au moins une en tout cas, mais je suis sûr que les autres feront de même rapidement, si elles n'ont pas déjà d'autres solutions en gestation...)
Dans tous les cas on ne peut pas reprocher au bio de s'inscrire dans le système. Nous sommes dans un système économique. Ce qui serait utopiste, en tout cas pour l'instant, c'est de croire que tout le système va changer et pire, de prétendre que le bio c'est pipé parce que si c'était vraiment idéologique ça devrait être gratuit ou ils ne devraient pas gagner d'argent. Ça devrait être associatif. C'est sûr que si on attend ce modèle on en serait pas là où on en est. Il n'y aurait même aucune chance que ça se développe.
Si c'est pas une mode, qu'est-ce qui explique le changement alors ?
Ce qui a changé c'est que l'information est de plus en plus présente. Il y a 30 ans les gens se faisaient enfumer par les lobbies, ce n'est pas vrai aujourd'hui. On sait tous que le modèle agro-industriel est une hérésie, que l'apologie de l'industrie carnée et laitière depuis 70 ans nous conduit dans le mur à tout point de vue (santé et environnemental). Là par contre tu peux tout à fait parler de campagne massive, de matraquage marketing, voire de lavage de cerveau car on a éduqué des générations de personnes avec de fausses idéologies dans le but de consommer leurs produits. On sait tous aussi que la chimie fait des ravages et qu'elle est responsable de la pollution de tout le biotope, des sols aux rivières, des rivières aux mers et en passant par tous les êtres se trouvant dans ces environnements, hommes et animaux. On peut savoir aujourd'hui que la culture du quinoa au Péru à grand renforts d'OGM et de chimie est une catastrophe. Jamais on ne l'aurait su il y a 30 ans.
Combien de livres et de reportages choc sur le sujet du style "du poison dans nos assiettes" ou "nos enfants nous accuseront" ? On ne les compte plus. Et je ne parle même pas des actions horizontales. Aujourd'hui internet a révolutionner l'expression. Là encore combien de reportage sur la permaculture, la revitalisation des sols détruits et morts, etc. Et des actions locales idem : tel maire qui embauche de la main d'œuvre pour le désherbage plutôt que de payer des produits (et pour un coût identique, à Versailles il me semble), tel autre (en ce moment à Langouët) qui se bat pour créer une zone limite sans épandage autour de son école (près d'un million de signatures dans la pétition lancée par la mairie sur son site). Le nombre de pétitions locales sur des sites comme MesOpinions.com, Change.org... Le menu végétarien hebdomadaire qui vient d'être adopté dans toutes les cantines. Le nombre de restos bio et/ou végétariens qui s'ouvrent ou dont un menu s'inscrit dans leurs cartes désormais. J'ai fait beaucoup de déplacements il y a 20 ans, la donne était très différente et on te regardait avec des yeux ronds si tu demandais un repas végétarien, aujourd'hui c'est répandu mais encore bien loin de certains pays...
Nan franchement parler de mode c'est complètement rater l'approche du changement profond qui a lieu aujourd'hui à tous les niveaux que ce soit.
En dernier lieu, je dirais que nous sommes acteur et contributeur de la société que nous souhaitons voir émerger. Nous construisons réellement le futur. L'impact de la pensée modifie la réalité, induit la réalité (ça a été démontré scientifiquement). Et si on parle aussi de la théorie du centième singe, on peut supposer que cette réalité émerge et s'impose aussi quand un certain seuil est atteint. Quand un nombre critique de pensées vont dans le même sens.
Ceci en réponse au pessimisme. Penser que le monde et l'humanité vont dans le chaos peut aussi l'induire. Comme de participer au changement positif à son niveau en souhaitant un monde plus juste et positif.
Et pour finir (bis repetita ! ^^) l'argent a ça de bien qu'on peut aussi directement influer le marché par ses achats. Tu veux une énergie 100 % renouvelable tu peux décider de te fournir chez Enercoop sitôt après avoir lu ce message, tu veux soutenir une agriculture plus propre et saine pour toi et ta famille, au lieu de faire ses courses au supermarché habituel on peut aller dans une enseigne bio, etc. Tout cela demande un effort mais l'argent étant le nerf de la guerre la société suivra la direction des flux monétaires.
On peut aller vers un monde plus juste et épanouissant.
Il faut avant le vouloir pour l'avoir.
Et agir pour.