Lorsqu’on dit que la charge de la preuve revient à celui qui affirme l’existence de quelque chose, c’est précisément parce qu’une théorie qui ne s’appuie pas sur des preuves ne peut pas être reliée à des éléments perceptibles, donc on ne peut ni la valider, ni la réfuter, c’est pour cela qu’on la dit “arbitraire” (ce qui n’est pas la même chose que faux, c’est pire). Pour qu’une théorie puisse avoir une quelconque validité, il faut qu’elle se rapporte à des éléments perceptibles. Elle doit donc être “réfutable” au sens où si quelqu’un trouve des éléments perceptibles qui réfutent la théorie, elle sera réfutée. Mais ce n’est pas parce qu’une théorie est réfutable en ce sens (ce qui est le cas de toute théorie valide) qu’elle est réfutée.L'Ombre Jaune a écrit:Alors oui pour l'absence de capacité à prouver l'inexistence de quelque chose.
Par contre, et pour emprunter peu ou prou à l'épistémologie de Karl Popper, s'il est vrai qu'en disant "tous les cygnes sont blancs", je ne peux pas prouver qu'il n'existe aucun cygne noir; mais pour autant, la théorie de ce qu'ils seraient tous blancs est réfutable du simple fait que je pourrais trouver un cygne noir (et en prouver son existence) .
(À toutes fins utiles, je précise aussi, concernant l’exemple des cygnes, qu’en fait, une nouvelle observation qui ne cadre pas avec une théorie ne constitue pas toujours une réfutation de celle-ci : la plupart du temps il ne s’agit que d’une précision du contexte dans lequel s’applique la théorie. La découverte du cygne noir nous apprend en fait que tous les cygnes sont blancs, dans un certain contexte uniquement, cela ne réfute “tous les cygnes sont blancs" que si on prend cet énoncé comme un absolu hors contexte. Si on le contextualise correctement, cela peut rester vrai.)
Tu me donnes l’impression de ne pas comprendre du tout la signification du fait qu’on ne peut pas prouver ce qui n’existe pas. Cela n’est pas une manière d’“imposer” un point de vue, c’est une manière d’être logique et rationnel. Lorsque je dis “on ne peut pas prouver ce qui n’existe pas” je ne suis pas du tout en train de dire “on ne peut pas prouver le point de vue opposé au mien”, je suis en train de dire : “c’est à celui qui affirme l’existence de quelque chose de prouver son existence”. C’est, encore une fois, le principe bien connu de la charge de la preuve, c’est à dire que si tu soutiens que les BD de Vivès sont pédopornographiques, il t’appartient d’en fournir la preuve, tu ne peux pas faire comme si c’était acquis. Ceux en revanche qui soutiennent (comme moi) que Bastien Vivès est totalement innocent n’ont pas à fournir la preuve de l’inexistence du caractère pédopornographique de ses BD, précisément parce qu’on ne peut pas prouver ce qui n’existe pas, ce serait un renversement de la charge de la preuve (C’est cela que veux dire le fait qu’on ne peut pas prouver ce qui n’existe pas.) Ce qu’on peut faire en revanche, et c’est ce que j’ai fait, c’est indiquer ce qui constituerait (par opposition à ce qui ne constituerait pas) une preuve de sa culpabilité (à savoir des procédés identifiables servant à stimuler sexuellement le lecteur), et souligner son absence dans les BD de Vivès.L'Ombre Jaune a écrit:Et donc pour reprendre ton affirmation indexée en gras : "il n'existe pas, jusqu'à preuve du contraire..." , tu me donnes l'impression de vouloir imposer ton opinion qu'il "n'existe pas d'élément identifiable servant à susciter l'excitation sexuelle du lecteur". Tu ne peux pas prouver "qu'il n'existe pas..."
(Je rappelle en préambule qu'il ne faut pas confondre réfutable et réfuté.)L'Ombre Jaune a écrit:Et ta théorie pour autant valable qu'elle puisse être, est pourtant très facilement réfutable pour bon nombre de BD/passages de BD de Vivès.
Eh bien tout le débat est là. Je ne vois aucun passage de ses BD incriminées qui servirait à exciter sexuellement le lecteur, puisqu’aucun procédé qui sert à cela dans la pornographie n’est employé. Mais si tu penses pouvoir démontrer le contraire, je suis curieux d’entendre tes arguments.
L'Ombre Jaune a écrit:Prenons l'exemple de la BD "Une soeur" : penses-tu vraiment que parmi les lecteurs, il n'y en n'a pas l'un ou l'autre, avec un possible enclin à être attiré par les adolescents, qui ne se serait pas pignolé sur l'une ou l'autre des scènes de l'album, par exemple celle ou l'adolescente prodigue sa première fellation au petit bonhomme de 13 ans ?
Sérieusement ?
1° J’ai déjà répondu à cette objection page 30 :
gio a écrit:Enfin, pour répondre d’avance à un argument qui pourrait m’être opposé : bien entendu, nous ne sommes pas dans la tête de tous les lecteurs et nous ne pouvons pas présumer que personne ne pourrait s’exciter sexuellement sur les BD de Bastien Vivès (quoique cela me semble improbable). Mais partir d'un tel principe ne peut constituer une objection. Pourquoi ? Parce que si on s’appuie sur une supposition arbitraire de ce qui pourrait peut-être se passer dans la tête de certains plutôt que sur des codes et procédés pornographiques identifiables, on dépasserait alors largement le cadre de la pornographie et cela fonctionnerait pour à peu près tout. Car des gens peuvent potentiellement s’exciter sur tout et n’importe quoi, même ce qui n’est aucunement destiné à cela. Les pieds, par exemple, sont un exemple typique : ils constituent pour beaucoup un fétiche sexuel, tandis que d’autres y sont indifférents. Pourtant, il ne vient à l’esprit de personne, et à juste titre, de traiter la fixation et la diffusion de l’image de pieds nus comme s’il s’agissait d’une image pornographique, sous prétexte que certains pourraient s’exciter dessus.
2° Cet album ne fait pas partie des BD incriminées.
3° Je doute qu'il y ait la moindre preuve que cela se soit effectivement produit dans la réalité. C’est une affirmation arbitraire. Et quand bien même tu prouverais que cela s’est produit, ma réponse 1 que j'ai cité plus haut s’appliquerait toujours.