Paul Gillon

[Clovis Sangrail]

Message précédent :

comme tout amateur de beaux dessins, de noir et blanc somptueux, Gillon m'intéresse mais s'il tombe dans l'oubli, peut-être que la forme manquait de fond ?

Et il ne serait pas le seul dans ce cas.
On pourrait faire toute une liste des dessinateurs de grand talent n'ayant finalement pas pu exprimer celui-ci sur des œuvres ou des séries sortant vraiment du lot (quelles qu'en soient les raisons) et n'ayant pas, par là, pu accéder à une notoriété qui dépasse les amateurs.

[Olivier_D]

C'est très juste. J'ai dans ma bibliothèque des tas d'albums dépareillés que je n'ai achetés que pour le dessinateur. Quelquefois, l'histoire était tellement peu intéressante que je n'ai fait que feuilleter l'album, m'attardant sur de très belles pages.
Il y a eu de très grands noms qui sombrent dans l'oubli en partie à cause de la vacuité de l'intrigue, ou parce qu'ils sont complètement passés de mode.
C'est curieux et difficilement prévisible, il y a des auteurs ou des albums qui ne passent pas le temps, et c'est difficile à prévoir au moment de leur pleine gloire.
Techniquement, j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour Gillon. Mais même ses personnages des Naufragés du temps me laissent un peu indifférents. J'ai un peu le même sentiment avec un De La Fuente, dont j'admire la virtuosité, mais qui ne m'embarque pas dans ses histoires.

[Cooltrane]

Techniquement, j'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour Gillon. Mais même ses personnages des Naufragés du temps me laissent un peu indifférents. J'ai un peu le même sentiment avec un De La Fuente, dont j'admire la virtuosité, mais qui ne m'embarque pas dans ses histoires.

Tiens, VDLF en est un dont j'ai croisé une seule fois ses œuvres (à ma connaissance) et j'ai eu du mal a retrouver Haggarth (prépublié durant les débuts de (AS)) dans la BEL. Elle ne m'avait pas trop frappé/transporté, et apparemment jamais publié en album sauf une Intégrale en 2013.

[danielsansespace]

Dites donc vous êtes en train de nous le rhabiller pour l’hiver… Ca partait comme un hommage et ça ne donne plus vraiment envie de le lire, ce que vous racontez.
Moi j’ai découvert Gillon avec la bd Jeremie qu’un copain m’avait offerte pour mes 13 ans, en 1982.
J’avais trouvé le dessin superbe mais la narration un peu datée avec ses cartouches de texte déporté et aucune bulle de dialogue. C’était le même principe que Prince Vaillant de Foster, duquel Gillon cherchait à se rapprocher. Pour moi, ça avait valeur de classique.
Bien des années plus tard, collectionneur de planches, j’ai été stupéfait par la taille de ses originaux et j’ai voulu en ajouter un dans ma collection. J’ai porté mon dévolu sur une planche passée aux enchères et qui était tirée de Jeremie. Plus tard je me suis rendu compte que c’est celle qui est reprise dans un album de Duc sur l’art de la bd évoqué plus haut dans cette discussion…
Encore plus tard, un galeriste a mis en vente quelques planches de Gillon, dont la toute première du tout premier tome, celui qu’on m’avait offert pour mes 13 ans. J’ai pu négocier un achat couplé à la reprise de ma planche par Gillon, qui a dédicacé la première planche de Jeremie.
Cette planche est depuis des années dans ma salle à manger, c’est un morceau d’histoire de la bd, elle a été reprise dans des livres sur l’historie de Pif, et de se narration déportée, j’ai tiré une chanson (comme je l’ai fait aussi sur une planche de Prince Vaillant d’ailleurs).
Qui lit encore ces choses-là, je ne sais pas mais j’y tiens comme à une partie de moi. Voici la video de la chanson avec des plans de chaque case, le texte correspond à ce qui est chanté.
https://youtu.be/UiU1K7ZjZG0?si=oc-2VQZmLT-qbSIT

[Genug]

13 rue de l'espoir était un travail purement alimentaire que Gillon réalisait avec professionnalisme, mais entre le format strip et les délais, c'était aussi souvent expédié.

Pas d'accord avec toi : certes les strips sont pleins de gros plans ou de plans rapprochés sur les personnages, mais j'ai toujours été frappé par le fait que, pour un travail alimentaire, chaque fois qu'il y a du décor, des scènes de rue par exemple, Gillon ne bâclait pas, ne trichait pas. Je t'invite à rouvrir ces deux volumes...

[brunob26]

Je confirme ce que dit Genug.

Le dessin de 13 rue de l'Espoir est très soigné et témoigne de l'extraordinaire talent de Gillon.

Certes, l'histoire est un roman à l'eau de rose pour midinettes des années 60, sans grand intérêt même s'il n'est pas déplaisant, mais ces 1 000 pages méritent d'être lues pour la seule mise en images par Gillon. Pour un amateur de BD, c'est un régal.

[Olivier_D]

Toute ma science sur Gillon provient de ce numéro collector de Schtroumpf. Je l'ai relu hier soir suite aux discussions sur ce fil. C'est là qu'on voit que le monde de la BD, de l'édition, et le monde tout court a bougrement changé

[the frog]

Je confirme ce que dit Genug.

Le dessin de 13 rue de l'Espoir est très soigné et témoigne de l'extraordinaire talent de Gillon.

Certes, l'histoire est un roman à l'eau de rose pour midinettes des années 60, sans grand intérêt même s'il n'est pas déplaisant, mais ces 1 000 pages méritent d'être lues pour la seule mise en images par Gillon. Pour un amateur de BD, c'est un régal.

Il faut prendre 13, rue de l'espoir strictement pour ce que c'est, un roman-photo en dessins et rien d'autres. C'est un strip qui paraissait quotidiennement dans France-Soir alors dirige par Pierre Lazareff et c'etait le premier journal de Paris en terme de tirage, cela assurait aux auteurs un lectorat encore plus gros que celui d'Asterix et ce, des 1959 quand la bande a commence. Il n'avait jamais ete question d'en faire un album, c'est lorsque Gillon est venu aux Humanoides Associes alors diriges par Philippe Manoeuvre et Jean-Piere Dionnet que ceux-ci ont decide d'en faire un un album, deux en fait a cause de la quantite du matieriel existant. Ils etaient vendus tres chers a leur parutions, 99FF chacun. Je me souviens encore du prix et je n'avais pas du tout les moyens de me les offrir. Par chance, quelques annees plus tard, il en fut retrouve un gros stock d'invendus, et les 2 albums etaient vendus ensemble pour 30FF seulement, j'ai evidemment saute sur l'occasion.

J'ai adore lire cette BD grace au talent de Gillon. Ce n'est que de l'eau de rose, je le repete, on aime ou n'aime pas, Il est tres interessant de voir l'evolution de son dessin au fil des annees, la BD est parue dans le quotidien de 1959 a 1972 et de constater aussi l'evolution des moeurs en France durant la decennie des annees 60. sociologiquement c'est extremement interessant. Gillon s'est amuse a mettre des vedettes de cinema dans certains personnages, je me souviens de Jeanne Moreau et de Charles Bronson et meme la participation de Jean-Pierre Cassel dans son propre role. Lire 13, rue de l'espoir, c'est comme mettre la main dans un paquet de chips, une fois commence, on ne peut plus s'arreter.

[Olivier_D]

Dites donc vous êtes en train de nous le rhabiller pour l’hiver… Ca partait comme un hommage et ça ne donne plus vraiment envie de le lire, ce que vous racontez.

Si j'ai pu participer à donner cette impression, je m'en excuse, ce n'est pas mon intention. J'ai une vraie admiration pour ce dessinateur, et son talent semble pour moi assez incontestable. Cela tient surtout à l'extrême élégance de son trait et de sa maîtrise du noir et blanc. Juste un exemple de planche tirée du numéro de Schtroumpf cité plus haut :

Il y a un truc fascinant dans la BD, c'est la gestuelle des personnages, la façon dont l'auteur fait "jouer" ses héros. Je suis tombé sur cette image qui m'a semblé un peu emblématique de ce dont nous parlons : un personnage en pleine détresse, et pourtant tout en retenue.

Un autre dessinateur (et là, à chacun de se rappeler d'autres auteurs montrant des héroïnes en détresse, ce n'est pas ce qui manque en BD) aurait sans doute surjoué la scène, joué le pathos, accentué l'expression du visage, là où Gillon choisit volontairement presque de la sous-jouer. Ces choix sont dictés par des tas de raisons qui seraient passionnantes à discuter, mais l'effet est là, l'héroïne de Gillon n'est pas au dernier degré de la panique.

[ServalReturns]

Lu les quatre albums de La Survivante. Belle surprise, malgré un T.3 un peu plus faible. Joli cocktail de SF/post-apo/porno.